La Révolution silencieuse (2018) : le test complet du DVD

Schweigende Klassenzimmer, Das

Réalisé par Lars Kraume
Avec Leonard Scheicher, Tom Gramenz et Lena Klenke

Édité par Pyramide Vidéo

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Le 03/10/2018
Critique

La Révolution silencieuse

Lors d’une virée à Berlin Ouest en octobre 1956, Theo et Kurt, en terminale dans le lycée de Stalinstadt, en Allemagne de l’Est, voient aux actualités le soulèvement populaire de Budapest contre le régime communiste hongrois et sa sévère répression par les troupes soviétiques. Leur idée de deux minutes de silence, adoptée par la majorité de la classe, entraîne une vive réaction des autorités de la RDA. Elles dépêchent dans le lycée le ministre de l’Éducation qui menace tous les élèves de la classe d’une interdiction définitive de passer le bac s’ils ne dénoncent pas le meneur…

La Révolution silencieuse (Das schweigende Klassenzimmer, littéralement « la salle de classe qui se tait »), réalisé et écrit par Lars Kraume, est sorti trois ans après Fritz Bauer, un héros allemand (Der Staat gegen Fritz Bauer), un autre regard du cinéaste sur le passé de l’Allemagne, cette fois sur les crimes du nazisme.

La Révolution silencieuse est l’adaptation du livre, publié en 2006, de Dietrich Garstka (décédé le 18 avril 2018, peu après la sortie du film en Allemagne), un des lycéens qui a vécu les événements qui se sont en réalité déroulés dans le lycée de Storkow, une ville située à mi-chemin entre l’ex-Stalinstadt (devenue Eisenhüttenstadt en 1961) et Berlin.

La Révolution silencieuse

Certains critiques ont reproché au film de ne rien dire d’autre que chacun connaisse déjà. Pas sûr, pourtant, que les conditions de vie dans la RDA soient aujourd’hui connues de tous, encore moins la paranoïa déclenchée par l’anodine initiative de deux potaches, surtout si l’on ignore que le gouvernent avait été sérieusement ébranlé par le soulèvement ouvrier du 17 juin 1953 (auquel a participé le père de Theo) qui sera sévèrement réprimé par l’armée est-allemande et les troupes d’occupation soviétiques.

La Révolution silencieuse vaut déjà pour le rappel de l’impact international qu’eut la répression du sursaut d’indépendance de Budapest, à l’origine de l’éveil de la conscience politique de nombreux lycéens d’alors. Bien interprété, bien filmé, avec d’élégants mouvements de caméra, le film tire profit d’un scénario et d’un montage qui réussit à soutenir la tension dramatique et de dialogues qui sonnent juste. On apprécie également le soin apporté aux décors, costumes et accessoires dans la reconstitution des années 50.

La Révolution silencieuse

Présentation - 5,0 / 5

La Révolution silencieuse (107 minutes) et son supplément (15 minutes) tiennent sur un DVD-9 logé dans un digipack non remis pour le test.

Le menu animé et musical propose le film dans sa version originale, au format Dolby Digital 5.1 ou 2.0 stéréo, avec sous-titres optionnels qui auraient pu être placés plus bas, sur la bande noire, et dans un doublage en français au format DD 2.0 stéréo.

Une édition Blu-ray par StudioCanal est sortie en Allemagne en septembre.

À l’intérieur du digipack, un livret de 24 pages avec un article de Pierre Gras, journaliste et auteur de plusieurs ouvrages, dont Good bye Fassbinder ! : Le cinéma allemand depuis la réunification (Actes Sud, 2011). Lars Kraume a fidèlement relaté les faits réels, mais imaginé l’environnement familial des élèves, notamment le père de Kurt et celui de Théo, deux profils opposés, le premier communiste orthodoxe, le second un ouvrier résigné après l’échec et la répression du soulèvement de 1953. Pierre Gras cite deux films emblématiques de la vie en RDA, Good Bye Lenin ! (Wolfgang Becker, 2003) et La Vie des autres (Das Leben der Anderen, Florian Henckel von Donnersmarck, 2006). Il souligne le thème majeur du film, la dénonciation du totalitarisme, autant celui du communiste que celui du nazisme, et loue le travail de reconstitution de la RDA des années 50 qu’il compare à celle réalisée par La Vie des autres, les deux films se rejoignant, comme Barbara (Christian Petzold, 2012), par leur exposition « des formes diverses de résistance à la dictature imposée à sa population par le parti communiste est-allemand. » Suit un entretien avec Lars Kraume. Il dit s’être documenté sur la RDA, mais avoir tenu à se concentrer sur le récit de Dietrich Garstka parce que « à trop multiplier les points de vue, il devient difficile de développer une intrigue qui tienne la route. » Il évoque ensuite Stalinstadt, une « ville modèle pensée entièrement pour les ouvriers de la sidérurgie », choisie comme lieu de tournage pour son aspect visuel, mais aussi parce qu’elle « symbolise l’optimisme et les espoirs de la jeune Allemagne de l’Est. » Pour lui, l’impact qu’eut l’insurrection hongroise de 1956 fut plus fort dans les pays de l’Est que dans ceux de l’Ouest, tous engagés dans une guerre de la communisation à coups de « fake news ». Le livret se referme sur la préparation des jeunes acteurs à leur rôle, sur un bref rappel historique de l’insurrection de Budapest, sur l’histoire de la classe de Dietrich Garstka, sur une brève biographie de Lars Kraume et sur les fiches technique et artistique su film.

La Révolution silencieuse

Bonus - 2,0 / 5

Les coulisses du film (15’), « L’habit fait le moine » (« Kleider machen Leute » dans la langue de Goethe) : 500 costumes furent fabriqués et les jeunes acteurs furent entraînés à danser le boogie-woogie. Dietrich Gartska dit être encore marqué par l’arrivée impromptue du ministre de l’éducation qui a gardé les élèves enfermés dans la classe quatre heures durant. Faisant partie des suspects, il est passé le soir-même à l’Ouest. Le réalisateur, attaché au thème de la liberté d’opinion, souhaite que le film attire l’attention sur la résistance de nombreux citoyens de la RDA à l’oppression.

Pour finir, trois bandes-annonces, celle de La Révolution silencieuse et celle de deux autres films allemands, Paula (Christian Schwochow, 2016) et Barbara (Christian Petzold, 2012).

La Révolution silencieuse

Image - 4,0 / 5

L’image (2.35:1) avec une assez bonne résolution, des contrastes fermes, propose une fine palette de couleurs bien étalonnées, légèrement désaturées. Un petit manque de piqué dans certains plans, mais rien qui gêne leur lisibilité.

Son - 4,0 / 5

Le son Dolby Digital 5.1 de la version originale, par une utilisation cohérente des cinq voies, réussit à générer une convaincante sensation d’immersion dans l’action et à donner plus d’ampleur à l’agréable accompagnement musical. Les dialogues sont clairement restitués, y compris dans le doublage en français (DD 2.0 stéréo) qui leur donne toutefois un timbre trop mat.

La Révolution silencieuse

Crédits images : © Julia Terjung

Configuration de test
  • Vidéo projecteur JVC DLA-X70BRE
  • OPPO BDP-93EU
  • Denon AVR-4520
  • Kit enceintes/caisson Focal Profile 918, CC908, SR908 et Chorus V (configuration 7.1)
  • TEST EN RÉSOLUTION 1080p - Diagonale image 275 cm
Note du disque
Avis

Moyenne

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Philippe Gautreau
Le 3 octobre 2018
Ce film vaut déjà pour le rappel de l’impact international qu’eut la répression du sursaut d’indépendance de Budapest, à l’origine de l’éveil de la conscience politique de nombreux lycéens d’alors. Bien interprété, bien filmé, il tire profit d’un scénario et d’un montage qui réussissent à soutenir la tension dramatique, de dialogues qui sonnent juste et du soin apporté aux décors, costumes et accessoires dans la reconstitution des années 50.

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