Pool of London (Les trafiquants du Dumbar) (1951) : le test complet du DVD

Réalisé par Basil Dearden
Avec Bonar Colleano, Susan Shaw et Renée Asherson

Édité par Tamasa Diffusion

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Le 16/10/2018
Critique

Pool of London (Les Trafiquants du Dunbar)

Dan, marin à bord du Dunbar en escale à Londres, et son ami Johnny débarquent pour passer le weekend à Londres. Dan est abordé à par un homme qui lui offre 100 livres pour remettre un petit paquet à Rotterdam, prochaine destination du cargo. En acceptant, il ne sait pas que le paquet contient des diamants de grande valeur dérobés dans un cambriolage meurtrier…

Pool of London (Les Trafiquants du Dunbar), sorti en 1951, est l’une des meilleures réalisations de l’Anglais Basil Dearden, réalisateur de deux des sketches de Au coeur de la nuit (Dead of Night, 1945), de The Blue Lamp (Police sans arme), en 1951, de La Victime, en 1961, de Khartoum, nommé aux Oscars en 1966, et de deux autres films toujours dans l’attente d’une sortie vidéo en France ) : Opération Scotland Yard (Sapphire, 1959) et Hold-up à Londres (The League of Gentlemen, 1960).

Pool of London (Les Trafiquants du Dunbar) fut tourné dans la foulée de The Blue Lamp (Police sans arme). Les deux films, en dépit de scénarios bien différents, présentent de nombreuses similitudes, notamment avec les courses-poursuites dans les rues de Londres bordées de façades noircies dans la nuit noire dont le calme est déchiré par la sonnerie stridente des voitures de police. Beaucoup en commun entre les deux films jusqu’à la morale de leur histoire : bien mal acquis ne profite jamais !

Les deux films portent aussi un regard réaliste sur des personnages ordinaires, ici emportés par hasard dans une histoire de vol qui tourne mal, dans l’environnement bien réel des quartiers des deux rives de la Tamise entourant Tower Bridge, le lieu géométrique de toute l’action, où l’on voit vivre les Londoniens, où subsistent encore les vestiges des bombardements, particulièrement dans un plan saisissant pris du haut de St. Paul’s Cathedral.

Pool of London (Les Trafiquants du Dunbar)

S’ajoute à l’intrigue de Pool of London (Les Trafiquants du Dunbar), au point de la dominer, le thème prégnant, très polémique à l’époque du tournage, du flirt entre Johnny et Pat et du racisme ambiant, traité avec une grande délicatesse.

Le film, bien mis en scène et efficacement monté, tire aussi profit de sa distribution, avec Bonar Colleano dans le rôle de Dan, un Yankee plus vrai que nature bien qu’il ait quitté New York à l’âge de 12 ans pour s’installer à Londres, et avec, dans le rôle de Pat, une jeune femme, Susan Shaw, starlet de la Rank que Bonar Colleano épousera juste après le tournage. Ces deux-là n’ont pas été servis par la chance : lui s’est tué à 34 ans dans un accident de voiture ; elle a été emportée par l’alcool à 49 ans.

Le personnage central du film est Johnny, le Jamaïcain, interprété par un débutant au cinéma, Earl Cameron, aujourd’hui un jeune homme de 101 ans, interviewé en bonus. Difficile de ne pas aussi remarquer la barbe et l’imposante stature de James Robertson Justice dans son interprétation du chef mécanicien pittoresque très porté sur le whisky et qui n’a pas mis pied à terre depuis 10 ans !

Pool of London (Les Trafiquants du Dunbar), sort simultanément avec deux autres policiers britanniques des années 50, The Blue Lamp (Police sans arme) et Payroll (Les gangsters), édités par Tamasa Diffusion en association avec StudioCanal. L’amorce d’une nouvelle collection ?

Pool of London (Les Trafiquants du Dunbar)

Présentation - 4,0 / 5

Pool of London (Les Trafiquants du Dunbar) (82 minutes) et ses suppléments (26 minutes) tiennent sur un DVD-9 logé dans un digipack.

Le menu fixe et musical, reprenant, comme les deux autres titres sortis simultanément, une composition graphique signée « Betty » (qui avait déjà conçu la décoration de l’édition par Tamasa, sortie en 2017, de quatre films de Carlos Saura), propose le film dans sa version originale, au format Dolby Digital 2.0 mono, avec sous-titres optionnels, placés un peu haut sur l’image.

Une édition Blu-ray par Studiocanal est sortie au Royaume Uni en octobre 2016.

À l’intérieur de la couverture du digipack, un livret de 16 pages, illustré de photos et d’affiches du film, avec un article de Charlotte Garson, critique de cinéma. 1951 fut une année faste pour les Ealing Studios avec la sortie de L’Homme au complet blanc (The Man in the White Suit), d’Alexander Mackendrick, et De l’or en barres (The Lavender Hill Mob) de Charles Crichton, avec Alec Guinness. Imaginé à l’origine pour une comédie qui devait être tournée par Charles Crichton, le projet de Pool of London est confié à Basil Dearden, après le succès de The Blue Lamp. Charlotte Garson revient sur le réalisme du film, notamment sur celui du cadre londonien, dans lequel elle relève les premiers signes d’une américanisation. Elle souligne aussi « le resserrement sur l’individu (…) le réalisme social », l’entrée dans une « coulisse de l’underworld », l’anglicisation du film noir par Basil Dearden, « l’atomisation de la société », la vision symbolique du méridien de Greenwich, « ligne officielle, invisible et arbitraire (qui) matérialise la division entre les couleurs de peau »…

Pool of London (Les Trafiquants du Dunbar)

Bonus - 3,0 / 5

Balade avec Richard Dacre (17’), historien du cinéma. Il nous emmène, 67 ans après le tournage, sur les lieux de l’action. Le Pool of London désignait la partie du port de Londres située entre Tower Bridge et Rotherhithe, sur la rive sud de la Tamise. Le quartier s’est beaucoup transformé, les entrepôts ont été détruits, mais les bureaux de la douane existent toujours, comme, bien sûr, les monuments emblématiques de la capitale, la Tour de Londres, Tower Bridge et St. Paul’s Cathedral, l’observatoire du Greenwich Park sur l’autre rive… Ainsi que d’autres, moins connus, comme le pittoresque Leadenhall Market que les voitures traversent à tombeau ouvert… Intéressant surtout pour qui connaît Londres, en dépit d’une écoute rendue éprouvante par la superposition de la voix de Richard Dacre avec celle de la traductrice.

Rencontre avec Earl Cameron (9’). L’interprète de Johnny se souvient qu’il jouait dans une pièce médiocre quand un ami lui a dit que les Ealing Studios recherchaient des acteurs. Il fut embauché pour sa première prestation devant une caméra et se rappelle l’accueil chaleureux qui lui fut réservé le premier jour du tournage, n’avoir jamais observé de comportement raciste à son encontre et les bonnes critiques de sa prestation. Mais il a pourtant dû attendre assez longtemps avant de trouver d’autres rôles. Il apprécie encore, deux jours après avoir revu le film, la manière délicate avec laquelle a été filmée sa relation avec Susan Shaw.

Pour finir, une galerie de photos et affiches et une filmographie succincte de Basil Dearden.

Pool of London (Les Trafiquants du Dunbar)

Image - 3,5 / 5

L’image (1.37:1, noir et blanc) propose des contrastes fermes avec des blancs lumineux et des noirs profonds assurant une parfaite lisibilité des séquences de nuit. Une restauration assez poussée a toutefois oublié quelques petites taches blanches et laissé subsister un grain assez visible dans les scènes plus sombres, un prix à payer pour le respect de la texture argentique originelle.

Son - 4,0 / 5

Le son Dolby Digital 1.0 est très propre, pratiquement sans souffle, avec bande passante nécessairement étroite. Il restitue les dialogues avec une clarté acceptable malgré quelques saturations, dans un bon équilibre avec les bruits d’ambiance et l’accompagnement musical très original et efficace de John Addison, sa deuxième composition pour le cinéma, bien avant qu’il ne soit oscarisé en 1963 pour la partition de Tom Jones - Entre l’alcove et la potence.

Pool of London (Les Trafiquants du Dunbar)

Crédits images : © Tamasa Diffusion

Configuration de test
  • Vidéo projecteur JVC DLA-X70BRE
  • OPPO BDP-93EU
  • Denon AVR-4520
  • Kit enceintes/caisson Focal Profile 918, CC908, SR908 et Chorus V (configuration 7.1)
  • TEST EN RÉSOLUTION 1080p - Diagonale image 275 cm
Note du disque
Avis

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Philippe Gautreau
Le 17 octobre 2018
Pool of London (Les Trafiquants du Dunbar), une des meilleures réalisations de l’Anglais Basil Dearden, sort pour la première fois en vidéo, en même temps que The Blue Lamp (Police sans arme), qu’il avait tourné juste avant. Cet intéressant film noir nous plonge dans les milieux interlopes du Londres de l’après-guerre.

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