Cas de conscience (2017) : le test complet du DVD

Bedoone Tarikh, Bedoone Emza

Réalisé par Vahid Jalilvand
Avec Amir Aghaee, Zakieh Behbahani et Saeed Dakh

Édité par Damned Films

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Le 16/11/2018
Critique

Cas de conscience

Kaveh Nariman, comme son épouse, est médecin légiste. Un soir, doublé par une voiture qui lui fait une queue de poisson, il heurte une moto transportant un couple et deux enfants. Bien qu’Amir, 8 ans, ne semble que très légèrement blessé, le médecin conseille à ses parents de le faire examiner à l’hôpital, ce qu’ils refusent. Deux jours plus tard, il les revoit à la morgue, venus veiller le corps d’Amir. L’autopsie attribue le décès à une intoxication alimentaire, par l’ingestion de viande avariée. Cela n’empêche pas Kaveh Nariman de continuer à culpabiliser : il rouvre le dossier d’autopsie et croit déceler sur une radiographie le déplacement d’une vertèbre cervicale…

Cas de conscience (No Date, No Sign ou, en Iran, Bedoone Tarikh, Bedoone Emza), le deuxième film du cinéaste et scénariste iranien Vahid Jalilband, a été honoré à la Mostra de Venise par le Prix Orizzonti du meilleur film. Son premier film, encore inédit en France, Chaharshanbeh, 19 Ordibehesht (Mercredi, 9 mai) avait, toujours à Venise, remporté le Prix FIPRESCI du meilleur film (section Orizzonti).

Sans accompagnement musical, avec une mise en scène épurée, des couleurs très peu saturées, Cas de conscience, parallèlement à l’enquête qui lui donne les allures d’un film policier, invite à réfléchir sur la notion de responsabilité. Doit-on assumer les conséquences d’actes commis sans comportement fautif ? Moussa, le père d’Amir, était-il vraiment responsable de l’intoxication de son fils par le botulisme en achetant un poulet à vil prix pour nourrir sa famille s’il n’avait pas les moyens de payer plus ?

De même, Kaveh doit-il se sentir coupable de la mort d’Amir alors qu’il a été poussé par un chauffard à renverser la moto ? La réponse à cette question est d’autant plus délicate qu’après avoir constaté par un premier examen que l’enfant ne paraissait pas sérieusement blessé, il a conseillé à ses parents de le conduire dans un hôpital voisin. Le doute sur le lien de cause à effet entre l’accident et la mort de l’enfant ne sera d’ailleurs jamais dissipé, même après la seconde autopsie qu’il aura suscitée.

Cas de conscience, en arrière-plan de ce débat moral, de cette quête obsessive de la vérité, est une photographie de la société iranienne confrontée à une grave crise économique résultant d’erreurs de gouvernance du pays et aggravée par l’embargo des pays occidentaux. Sans didactisme, simplement en montrant des images, le film en dit long sur le clivage social du pays, sur la condition de la femme…

La fin ouverte laisse au spectateur le soin d’imaginer le dénouement du drame et le sort qui sera réservé aux deux hommes, Moussa et Kaveh. Et aussi de se demander combien de temps encore les Iraniens seront contraints de supporter les conditions de vie qui leur sont imposées…

Cas de conscience

Présentation - 3,5 / 5

Cas de conscience (99 minutes) et son supplément (12 minutes) tiennent sur un DVD-9 logé dans un fin digipack. À l’intérieur de la couverture, comme pour toutes les éditions Damned, une réflexion du réalisateur.

Le menu fixe et muet propose le film dans sa seule version originale, avec sous-titres optionnels.

Bonus - 3,0 / 5

Présentation du film (12’) par Bamchade Pourvali, critique de cinéma et auteur d’ouvrages sur Chris Marker, Jean-Luc Godard, Wong Kar-wai… Avec un scénario rigoureusement construit dans lequel s’emboîtent plusieurs intrigues, Cas de conscience est une représentation très actuelle de la société iranienne confrontée à une grave crise économique. Il souligne que la perception par le médecin de la misère de la famille que le destin a mise sur sa route a généré en lui un sentiment de culpabilité. Le film met aussi en avant la force des deux épouses, leur détermination à faire sortir la vérité, en dépit de leur statut d’infériorité dans une société très patriarcale. Le critique compare Cas de conscience à Une séparation, réalisé en 2011 par Asghar Farhadi, un autre regard sur l’Iran, juste après les manifestations déclenchées par la réélection, suspectée de fraudes, de Mahmoud Ahmadinejad à la présidence de la nation.

Cas de conscience

Image - 5,0 / 5

L’image (1.85:1), précise (le film occupe toute la capacité utile du disque), agréablement contrastée, avec des noirs denses, propose une palette de couleurs délibérément très désaturées, tendant presque vers le noir et blanc dans certaines séquences filmées dans les couloirs de l’hôpital ou celles de l’accident, prises en pleine nuit.

Son - 4,5 / 5

Le son Dolby Digital 2.0 stéréo, propre, à la forte dynamique, restitue les dialogues avec clarté. Une nette séparation des deux voies crée une impression d’immersion dans l’ambiance, spectaculairement renforcée par l’activation des voies latérales avec un décodeur Dolby Pro Logic II.

Crédits images : © Damned Films

Configuration de test
  • Vidéo projecteur JVC DLA-X70BRE
  • OPPO BDP-93EU
  • Denon AVR-4520
  • Kit enceintes/caisson Focal Profile 918, CC908, SR908 et Chorus V (configuration 7.1)
  • TEST EN RÉSOLUTION 1080p - Diagonale image 275 cm
Note du disque
Avis

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Philippe Gautreau
Le 16 novembre 2018
Sans accompagnement musical, avec une mise en scène épurée, des couleurs très peu saturées, Cas de conscience invite à réfléchir sur la notion de responsabilité. En arrière-plan, une photographie de la société iranienne confrontée à une grave crise économique résultant d’erreurs de gouvernance du pays et aggravée par l’embargo des pays occidentaux.

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