Réalisé par Guillem Morales
Avec
Anya Taylor-Joy, Romola Garai et Hayley Squires
Édité par Koba Films
En 1686, des petits propriétaires endettés ont arrangé le mariage de Petronella Oortman, dite Nella, leur fille de18 ans, à Johannes Brandt, un riche marchand d’Amsterdam, qui lui offre en cadeau de mariage un curieux cabinet en bois exotique renfermant une maison de poupée. Nella, intriguée par la distance de Johannes à son égard, va, peu à peu, découvrir les secrets que cachent derrière les murs de sa nouvelle demeure, celui de son mari, celui de Marin, la soeur de Johannes, et ceux des deux domestiques, Cornelia et Otto. De dangereux secrets que la miniaturiste qui a fabriqué la maison de poupée semble avoir percés…
Miniaturiste (The Miniaturist) est l’adaptation, par John Brownlow (Fleming), du roman éponyme publié par Jessie Burton en 2014, une biographie romancée de la riche propriétaire d’une maison de poupée exposée au Rijksmuseum.
Miniaturiste offre toute la qualité des costume dramas coproduits par la BBC, par le soin apporté aux décors, aux costumes, aux coiffures et au choix des accessoires. Une qualité combinant beauté et authenticité. Les nombreux clairs-obscurs à la lueur des bougies, évocateurs de l’âge d’or de la peinture hollandaise, réussissent à créer une ambiance visuelle en parfaite harmonie avec le drame, réalisé par Guillem Morales dont Les Yeux de Julia (Los Ojos de Julia) avait révélé le talent en 2010.
Cette soigneuse reconstitution du nouveau cadre de vie de la jeune et naïve Petronella forme l’étrange univers dans lequel, à travers ses yeux, nous découvrirons peu à peu ce que masquent les apparences, chaque révélation accroissant la tension dramatique du récit.
Miniaturiste est également servi par une solide distribution avec, dans le rôle de Nella, Anya Taylor-Joy, découverte en 2015 dans The VVitch (The VVitch: A New-England Folktale, Robert Eggers) et, dans celui, plus complexe, de Marin, Romola Garai (Angel, François Ozon, 2007, Emma, Jim O’Hanlon, 2009, The Hour, la série créée par Abi Morgan en 2011).
Le thème de la différence, exploité avec justesse et intensité, ne pourra laisser indifférent : il conserve tout son impact quels que soit l’époque, l’environnement socio-culturel, l’évolution des moeurs…
Miniaturiste (3 x 52 minutes) et ses suppléments (44 minutes) tiennent sur deux DVD-9 logés dans un boîtier de 14 mm.
Le menu animé et musical propose la minisérie dans sa version originale, avec sous-titres imposés, qui auraient pu être placés plus bas sur l’image, et dans un doublage en français les deux au format Dolby Digital 2.0 stéréo.
On regrettera, une fois encore, d’avoir été privés de l’édition Blu-ray sortie au Royaume Uni en janvier 2018.
Les coulisses de Miniaturiste (44’). Jessie Burton a eu l’idée du livre en voyant au Rijksmuseum une maison de poupée ayant appartenu à Petronella Oortman qui avait dépensé de grosses sommes d’argent pour la meubler. Après des débuts décevants comme actrice, elle a commencé à écrire le roman à 27 ans… sur son smartphone. La productrice et les acteurs soulignent la profondeur que donne aux personnages le scénario de John Brownlow dans l’ambiance claustrophobe générée par un puritanisme rigoureux. Taff Batley, le directeur artistique, nous explique comment il a maquillé l’extérieur du manoir dans lequel a été tournée la série, pour qu’il ressemble à une demeure hollandaise, avec des meubles d’époque ou des reproductions précises. Le document montre aussi les costumes créés par Joanna Eatwell (Dans l’ombre des Tudors / Wolf Hall, Taboo…), inspirés des tableaux de l’époque, les coiffures et maquillages, la fabrication des miniatures, des vêtements des poupées…
Bandes-annonces ou extraits des séries Poldark (BBC 2015), Victoria, The Hollow Crown et Call the Midwife.
L’image (1.78 :1) lumineuse, finement contrastée, avec des couleurs délicates et des noirs denses, garantit une parfaite lisibilité de tous les cadres, y compris dans les scènes filmées en basse lumière, parfois sous le seul éclairage de bougies.
Le son Dolby Digital 2.0 stéréo de la version originale, très aéré, avec une bonne dynamique, restitue clairement les dialogues dans un bon équilibre avec un discret accompagnement musical. Une bonne séparation des deux voies réussit à créer une sensation d’immersion dans l’ambiance.
Ce constat vaut pour le doublage en français, bien équilibré lui aussi, mais manquant de naturel.
Crédits images : © Koba Films