Au nom du père - Saison 2 (2018) : le test complet du DVD

Herrens veje

Réalisé par Louise Friedberg
Avec Lars Mikkelsen, Simon Sears et Ann Eleonora Jørgensen

Édité par ARTE ÉDITIONS

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Le 21/11/2019
Critique

Suite et fin d’une remarquable série danoise. Sur le thème de la culpabilité et du pardon, elle propose une réflexion sur la religion.

Au nom du père - Saison 2

August est mort il y a 18 mois. Emilie, sa jeune veuve, a mis au monde leur fils, le petit Anton. À Lingedard, Johannes et Elisabeth vivent sous le même toit comme deux étrangers avant de se séparer. À la mort de son fils, Elisabeth a accepté de revenir mais ne parvient pas à communiquer avec son mari. Elle met en Anton, ce petit fils quasi-miraculeux, tout son amour et voit en lui son fils August. Christian, de son côté, a emménagé dans un bel appartement avec Amira et sa fille Safiyah, née d’une précédente liaison avec un musulman.

Au nom du père (Herrens veje, « Les voies du Seigneur » ; titre international : Ride Upon the Storm) est une création du scénariste Adam Price, auteur d’un succès international, Borgen (2010-2013, 30 x 58 minutes), l’histoire d’une femme devenue premier ministre du Danemark.

Au nom du père - Saison 2

Partageant avec son frère un goût pour faire bonne chère, il a créé avec lui Spise med Price (la cuisine avec les Price), un documentaire lancé en 2008, arrivé aujourd’hui à son 88ème épisode. Outre Borgen, largement diffusée sur la planète, on le connaît aussi pour la minisérie The Heavy Water War (Kampen om tungtvannet, 2015, 6 épisodes).

Alors que Borgen plaçait au premier plan un personnage féminin, Au nom du père met en avant le pasteur luthérien Johannes Krogh descendant d’une famille patriarcale qui, génération après génération, a produit une lignée de pasteurs dont les sévères portraits surveillent la cage d’escalier du presbytère.

Johannes est un personnage complexe, un despote enclin à des accès de colère dès qu’on lui résiste, mais aussi un homme torturé, taraudé par la culpabilité depuis le suicide de son fils August, dont il se sent responsable. Un mal-être qu’il tente vainement de noyer dans l’alcool.

Toute la famille est hantée par le souvenir d’August, principalement sa mère, qui ne peut résister à communiquer avec son esprit par le truchement d’un medium. La culpabilité qui obséda August pendant la saison précédente jusqu’à le pousser au suicide, pèse de tout son poids sur les personnages de la saison 2. La question est plusieurs fois posée : le pardon peut-il effacer la faute ?

Au nom du père - Saison 2

Au nom du père, un drame psychologique sur fond de religion, peut rappeler deux oeuvres essentielles du cinéma nordique, le Jour de colère de Carl Theodor Dreyer (Vredens dag, 1943) et Fanny et Alexandre (Fanny och Alexander, Ingmar Bergman, 1982), une série de 322 minutes et un montage de 189 minutes pour la distribution en salles.

Au nom du père continue de questionner la religion, facteur de division entre communautés ou à l’intérieur des familles, ce qu’illustrent l’agitation soulevée par la vente d’une église, celle dans laquelle officiait August, destinée à devenir une mosquée ou, encore, le conflit entre Amira et son ex-époux sur l’éducation de leur fille Safiyah.

Dans le rôle de Johannes, Lars Mikkelsen confirme un talent maintes fois démontré, notamment, en compagnie d’Ann Eleonora Jørgensen (l’interprète de son épouse Elisabeth) dans la saison 1 de The Killing (Forbrydelsen). On remarque aussi Simon Sears dans le rôle de Christian et Fanny Louise Bernth, lumineuse dans celui d’Emilie.

Au nom du père, pour la qualité de son scénario et de ses dialogues, l’épaisseur qu’ils donnent aux personnages et la réflexion qu’ils suscitent sur la religion, est une série chaudement recommandée. Un coffret de l’intégrale sur 8 DVD doit sortir le 27 novembre.

Au nom du père - Saison 2

Présentation - 3,0 / 5

Au nom du père et son supplément tiennent sur quatre DVD-9 logés dans un digipack, glissé dans un étui.

Le menu animé et musical offre le choix entre la version originale, en danois, au format Dolby Digital 2.0 stéréo, avec sous-titres optionnels, et un doublage en français (DD 5.1) et en allemand (DD 2.0 stéréo).

On peut discuter le choix d’avoir réservé le format le plus performant au doublage plutôt qu’à la version originale.

Sous-titres pour malentendants.

Une régression en comparaison de la saison 1, sortie sur Blu-ray et avec une piste d’audiodescription.

Bonus - 3,0 / 5

Entretien avec Adam Price (24’). Alors qu’il écrivait la dernière saison de Borgen, c’est en écoutant la campagne électorale d’un évêque danois, dans laquelle se mêlaient religion et politique, que lui vint l’idée de la série. Athée, il estime que la religion, à l’origine de nombreux conflits, est un sujet important. La série explore les tensions entre les éléments masculins d’une famille que tente de régir Johannes, un personnage aux multiples facettes, occupant une fonction censée le placer sur un piédestal. Les deux frères, August et Christian, le premier soumis, le second en perpétuelle opposition au père, sont une représentation d’Abel et Caïn. Au Danemark, la Folkekirken, l’église d’état luthérienne, regroupe 77% des citoyens, alors que ceux qui avouent croire en Dieu sont une minorité, peut-être autour de 15%. Derrière les signes religieux officiels, le Danemark est un état laïque. La complexité des personnages et l’observation de la religion à partir de différents points de vue ont engendré un gros travail d’écriture. À la fin de cet entretien (un bonus exclusif enregistré par Arte en 2018 à la sortie de la saison 1), Adam Price évoque rapidement le thème de la saison 2, la souffrance éprouvée par la perte d’une être cher et la joie apportée par l’arrivée d’un enfant.

Au nom du père - Saison 2

Image - 4,0 / 5

L’image (au ratio 1.95:1) d’une texture agréable, propose de solides contrastes et des couleurs soigneusement étalonnées, dans une palette plutôt froide.

La définition n’est pas celle qu’offrait le Blu-ray de la saison 1, mais est très correcte pour un DVD.

Son - 4,0 / 5

Le son Dolby Digital 2.0 stéréo de la version originale place inévitablement l’image sonore sur le plan frontal.

Le doublage en français DD 5.1, très légèrement immersif, manque de naturel et place les dialogues trop en avant.

Crédits images : © Tine Harden

Configuration de test
  • Vidéo projecteur JVC DLA-X70BRE
  • OPPO BDP-93EU
  • Denon AVR-4520
  • Kit enceintes/caisson Focal Profile 918, CC908, SR908 et Chorus V (configuration 7.1)
  • TEST EN RÉSOLUTION 1080p - Diagonale image 275 cm
Note du disque
Avis

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Philippe Gautreau
Le 21 novembre 2019
Une série danoise chaudement recommandée, pour la qualité de son scénario et de ses dialogues, l’épaisseur qu’elle donne aux personnages et la réflexion qu’elle suscite sur la religion.

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