Réalisé par Werner Boote
Avec
Werner Boote, Kathrin Hartmann et Christina Weidinger
Édité par L'Atelier d'Images
Aujourd’hui, les industriels investissent beaucoup de temps et d’argent à « verdir » leur image : voitures électriques, huile de palme labellisée bio, ou encore produits issus du commerce équitable… Tout est fait pour nous déculpabiliser et expliquer que nous pourrions sauver le monde en consommant ces produits. Une pratique dangereusement populaire nommée greenwashing ou éco-blanchiment. Mais si à défaut de sauver le monde, ces achats responsables ne faisaient qu’enrichir les multinationales ? Werner Boote et Kathrin Hartmann parcourent le monde pour révéler l’envers du décor.
LE MENSONGE VERT
C’est à se demander combien de ces documentaires seront nécessaires avant que les consommateurs comprennent combien leur pouvoir est grand dans la balance écologique et avant que les industriels soient à ce point pris en flagrant délit pour commencer à rougir de leur lâcheté et de leurs mensonges.
Dans le sixième numéro de son émission Cash Investigation, en juin 2012, Elise Lucet et son équipe dénonçait le « maquillage vert » auquel procèdent certaines entreprises. Au même moment, Werner Boote oeuvrait déjà sur son documentaire L’Illusion verte. L’objectif de ces deux enquêtes est précis : ouvrir les yeux des consommateurs sur les pratiques trompeuses des géants de l’industrie technologique, agroalimentaire et autres qui tentent par tous les moyens (même les plus vils) de faire croire que leurs actions sont respectueuses de la nature et des droits de l’homme. Pour ce faire, il suffit d’apposer un logo, un label (souvent inventé et financé par les industriels eux-mêmes) qui assure de la neutralité des opérations. Le consommateur, rassuré, se tourne vers ces produits, apaise sa conscience, tandis que l’industriel continue impunément de polluer, brûler, voire tuer…
La structure de L’Illusion verte a d’ailleurs ça de malin que Werner Boote se met directement en scène, dans la peau de ce consommateur aux limites de la mauvaise foi, et qui va se faire redresser les bretelles par Kathrin Hartmann, spécialiste de la question du « Green Washing » (« lavage vert »).
Empreint d’un humour grinçant et surtout chargé d’exemples concrets de mensonges et autres terrorismes écologiques, L’Illusion verte n’a pas d’autre but que d’informer et de mettre en lumière les dessous d’un business qui voudrait faire oublier combien il se moque de la nature et de l’homme, et combien l’appât grandissant du gain reste le seul et unique moteur derrière toutes les décisions qu’il engendre.
À voir, méditer et faire connaître de toute urgence.
L’Atelier d’Images propose une édition « écolo » dans un packaging composé de carton recyclé et fabriqué en France. Un geste honorable, mais sans doute dérisoire face aux millions de boîtiers plastiques générés par l’industrie vidéo chaque année. Un menu simple et clair donne accès au film, à ses versions française et originale et également à deux suppléments.
Il s’agit d’une interview du réalisateur Werner Boote
qui témoigne de sa carrière de documentariste, du danger que
cela représente parfois en fonction des sujets abordés et
il aborde surtout la genèse de L’Illusion verte, un
projet qui l’aura occupé presque 10 ans.
Le second bonus donne la parole à Manu Payet, doubleur principal
de la version française du film, pour qui le documentaire fit
office de claque.
La partie suppléments est complétée par 4 bandes-annonce de
documentaires édités par L’Atelier d’Images : SugarLand,
RBG : Ruth Bader Ginsburg, Voyage en pleine conscience : Dans les pas de Thich Nhat Hanh,
Le Cercle des petits philosophes.
De sources variées, mais majoritairement HD, les images de L’Illusion verte sont précises, lumineuses et ne manquent aucun détail des décors parfois navrant générés par la main de l’homme (forêts calcinées, carrières gigantesques, bassins de production à perte de vue…).
Côté son, c’est très net également. En VO, les interventions des deux principaux protagonistes sont toujours claires, et quelques effets sonores permettent d’appuyer l’énormité de certains plans. En VF, même si la voix de Manu Payet est très agréable, le système du voice over (voix françaises par dessus les voix originales) peu vite devenir fatiguant.
Crédits images : © L’Atelier d’Images