Winter Brothers (2017) : le test complet du DVD

Vinterbrodre

Réalisé par Hlynur Palmason
Avec Elliott Crosset Hove, Simon Sears et Victoria Carmen Sonne

Édité par Epicentre Films

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Le 20/11/2019
Critique

Emil, mineur de fond, souffre de n’être pas aimé par ses collègues. L’alcool frelaté qu’il leur vend ne suffit pas à gagner leur sympathie.

Winter Brothers

Emil travaille avec son frère dans une carrière de calcaire et vend aux mineurs l’alcool frelaté qu’il fabrique. C’est un plaisantin qui, sur le chantier, imite les gestes de ses collègues, comme dans un film muet.

Winter Brothers (Vinterbrødre) tourné au Danemark en 16 millimètres avec un budget limité à 800 000 euros, est le premier long métrage de Hlynur Pálmason, d’origine islandaise, venu au cinéma par les arts visuels.

Le film s’ouvre sur un écran noir percé de quelques taches de lumière et un lointain grondement ponctué de bruits métalliques. Impossible de comprendre ce qui est montré jusqu’à ce qu’on finisse par découvrir, révélés par les fins pinceaux des lampes frontales, que nous sommes au fond d’une mine où des ouvriers détachent des blocs de roche à coups de pioches produisant des étincelles. Ce que confirme l’ambiance sonore, allant crescendo jusqu’à devenir assourdissante. En suivant dans un long plan séquence les mineurs à la fin de leur journée de travail, on sort du noir presque absolu pour être ébloui par la blancheur de la surface, celle d’un paysage nu, recouvert d’une fine couche de neige. Un fond sur lequel se détachent à peine les visages et les combinaisons des hommes, recouverts de poussière de calcaire.

Winter Brothers répond à ce contraste visuel, pas celui, psychologique, d’Emil avec les autres mineurs. Introverti, taiseux, il sait qu’il n’est toléré que parce qu’il distribue un alcool de sa fabrication dans la composition duquel entrent des produits chimiques dérobés dans le magasin de la carrière avec la complicité de son frère Johan.

Un de ses talents n’ajoute pas à la popularité d’Emil : tel un Pierrot aux yeux écarquillés, sans prononcer un mot, il se plaît à copier les gestes de ses collègues. L’idée de cette pantomime a été inspirée, nous dit le réalisateur dans l’entretien joint en bonus, de son admiration pour Buster Keaton dans [PROGRAM(mecano_de_la_general_mk2)] (The General, 1927).

Winter Brothers

Le personnage est, lui-même, contrasté : s’oppose en lui une indiscutable innocence à une certaine nocivité. Il ne peut pas ignorer la dangerosité de ses mixtures et paraît insensible à l’annonce de l’hospitalisation dans un état critique d’un de ses clients. Par ailleurs, il s’emploie méthodiquement au maniement d’un fusil de guerre acheté un jour où il cherchait un cadeau pour Anna, sa petite amie. Il est animé de pulsions meurtrières quand il apprend que Johan a couché avec Anna.

Le rôle d’Emil est tenu par Elliott Crosset Hove, un des acteurs récurrents de la saison de la série The Bridge dont la distribution en France semble avoir été abandonnée. C’est Simon Sears qui interprète Johan, son frère, et Lars Mikkelsen, son patron, deux acteurs en tête de la distribution de la remarquable série Au nom du père : Ride Upon The Storm (Herrens veje), dont la saison 2 vient de sortir.

Winter Brothers, à partir d’un récit plutôt mince, avec une grande avarice de dialogues, tire sa force et son originalité d’une combinaison étonnamment efficace de l’image et du son. Les premiers plans, pourtant extrêmement dépouillés, ne montrant presque rien, réussissent à donner une surprenante vision impressionniste de l’univers de la mine, que renforce l’accompagnement d’une musique concrète où dominent les percussions aux sonorités métalliques, industrielles.

L’Islande, avec ses quelques 300 000 habitants est devenue depuis quelques années une pépinière de cinéastes, avec Baltasar Kormákur (101 Reykjavik, en 2000, et The Deep - Survivre, en 2012), avec Dagur Kári (Nói albinói, en 2003, Dark Horse, en 2005, L’Histoire du géant timide - Fúsi, en 2015), avec Grímur Hákonarson (Béliers - Hrútar, en 2015), avec Óskar Jónasson (Illegal Traffic (Reykjavik Rotterdam), en 2012), avec Guðmundur Arnar Guðmundsson (Heartstone : Un été islandais / Hjartastein, en 2016)… sans oublier Sólveig Anspach qui était devenue notre compatriote.

On attend avec impatience la sortie en salles, puis sur disque optique de A White, White Day (Hvítur, Hvítur Dagur), le second long métrage de Hlynur Pálmason, présenté à Cannes en mai 2019 à la Semaine de la Critique.

Winter Brothers

Présentation - 3,0 / 5

Winter Brothers (89 minutes) tient sur un DVD-9 logé dans un digipack.

Le menu animé et musical propose la version originale, avec sous-titres optionnels en français et en anglais, au format audio Dolby Digital 5.1.

Bonus - 2,5 / 5

Entretien avec le réalisateur (2019, Épicentre, 10’, en anglais, sous-titré). Le lieu, ici une carrière à 1h30 de Copenhague, joue un rôle important, celui d’un environnement froid dans lequel le personnage principal tente d’être considéré. Le scénario s’écrit parallèlement à la réalisation pour donner au récit l’allure d’une expérience. Le manque d’amour est le thème essentiel de Winter Brothers. L’amour paternel, simple, l’amour des deux membres d’un couple, plus complexe, est le thème du film suivant, A White, White Day.

Ce court document, assez superficiel, est suivi d’une galerie de 10 photos du film, d’une biographie et filmographie du réalisateur sur une page et de la bande-annonce.

Winter Brothers

Image - 4,5 / 5

L’image (1.66:1), précise, propose des couleurs délibérément désaturées, donnant à certains cadres un aspect proche du noir et blanc, comme dans ce long travelling latéral en pleine forêt, une trentaine de minutes après le début du film. Un léger grain, jamais gênant, lui donne une texture agréable.

Un résultat étonnant pour un film tourné en 16 mm.

Son - 4,5 / 5

Le son Dolby Digital 5.1, très propre, priorise correctement les quelques dialogues. Dynamique, ouverture du spectre et utilisation généreuse des voies latérales donnent à la bande-son l’ample présence convenant à la place importante qu’elle tient dans le film.

Crédits images :

Configuration de test
  • Vidéo projecteur JVC DLA-X70BRE
  • OPPO BDP-93EU
  • Denon AVR-4520
  • Kit enceintes/caisson Focal Profile 918, CC908, SR908 et Chorus V (configuration 7.1)
  • TEST EN RÉSOLUTION 1080p - Diagonale image 275 cm
Note du disque
Avis

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Philippe Gautreau
Le 20 novembre 2019
Une invitation à partager la vie de deux mineurs pas comme les autres, en plein hiver, dans un coin désolé de Norvège. Ce premier film, avec une grande avarice de dialogues, tire sa force et son originalité d’une combinaison étonnamment efficace de l’image et du son. Recommandé aux amateurs d’un cinéma différent !
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Benjamin
Le 19 novembre 2019
Un premier film plein de promesses, on a hâte de découvrir la suite !

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Winter Brothers
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