Réalisé par Joe Wright
Avec
Rufus Sewell, Helen McCrory et Martin Turner
Édité par Koba Films
Au terme de la Seconde guerre civile, terminée par la victoire des troupes menées par Oliver Cromwell, Charles I, roi d’Angleterre, d’Écosse et d’Irlande, jugé coupable de trahison, fut décapité le 30 janvier 1649. Cromwell proclama l’établissement d’une république, le Commonwealth of England. Exilé à l’étranger, le fils du roi, une fois que le parlement eût, le 8 mai 1660, restauré la royauté, neuf mois après la mort de Cromwell, revient en Angleterre, où il va se faire couronner le 23 avril 1661, résolu à gouverner sans avoir de comptes à rendre au parlement.
Charles II : Le pouvoir et la passion (Charles II: The Power and the Passion), est une minisérie réalisée en 2003 par Joe Wright, surtout connu pour Reviens-moi (Atonement), sorti en 2007. Le scénario d’Adrian Hodges, cocréateur de la série Nick Cutter, les portes du temps (Primeval), fidèle à l’histoire, accorde une très large place à la vie amoureuse, très active, du souverain (les historiens s’accordent pour lui attribuer seize maîtresses, sans compter celles qui n’ont pas laissé leur nom dans l’Histoire). Cette vue par le petit bout de la lorgnette n’a pas empêché la minisérie d’être saluée par un BAFTA Award en 2004.
Parmi ces maîtresses, ont surtout compté Barbara Villiers, magnifiquement interprétée par Helen McCrory, la tante Polly de Peaky Blinders, et Louise de Kérouaille, le lien entre les couronnes d’Angleterre et de France, interprétée par Mélanie Thierry.
Charles II : Le pouvoir et la passion ne néglige pas, pour autant, l’essentiel, la partie de bras de fer entre le roi et le parlement, dont l’acte le plus connu est le prétendu complot papiste monté de toutes pièces par Titus Oates (interprété par Eddie Marsan) : une fake news (plus de trois siècles avant la création de l’Internet) qui valut à son auteur trois ans de prison, des coups de fouet et une exposition répétée au pilori.
L’environnement historique est également rappelé : la seconde guerre contre les Pays-Bas, l’épidémie de peste (The Great Plague) qui fit en 1865, à Londres et dans le reste de l’Angleterre, entre 75 000 et 100 000 morts, et l’incendie de Londres (Great Fire of London) qui, du 2 au 6 septembre 1666, détruisit plus de 13 000 maisons du centre médiéval, sur l’emplacement actuel de la City, rappelé par le Fire Monument, érigé en 1677.
La minisérie expose clairement les deux questions qui ont marqué le règne de Charles II, celle du partage du pouvoir entre la couronne et le parlement et celle de la tolérance envers les autres religions, notamment la religion catholique.
Charles II : Le pouvoir et la passion, tournée à Prague par économie, tient son rang parmi les bonnes séries coproduites par la BBC, pour ses décors, ses costumes et ses figurants. Elle doit beaucoup à la qualité de ses dialogues et de sa distribution, avec Rufus Sewell, ici dans une de ses meilleures performances. On remarque également, dans le rôle de Catharine of Braganza, l’épouse portugaise du roi, Shirley Henderson, l’une des actrices récurrentes de la très sombre série Southcliffe (Sean Durkin, 2013).
Charles II : Le pouvoir et la passion ouvre une page importante de l’histoire du Royaume Uni, celle du dernier roi qui s’efforça de gouverner en toute autonomie, sans avoir de compte à rendre, à l’aube de la monarchie parlementaire. À ce titre et pour ses qualités artistiques, cette minisérie méritait largement d’être enfin éditée en France.
Charles II : Le pouvoir et la passion (en quatre parties d’une heure chacune) tient, avec son supplément de 28 minutes, sur deux DVD-9 logés dans un boîtier de 19 mm.
Le menu animé et musical propose la minisérie dans sa version originale, au format audio Dolby Digital 2.0 stéréo, avec sous-titres imposés qui auraient pu être placés plus bas sur l’image.
Making of Charles II (28’, format vidéo 4/3, en anglais, sous-titré). Rufus Sewell, nous montre le Banqueting Hall du palais de Whitehall, où fut exécuté en 1649 Charles I. Rupert Graves, l’interprète de George Villiers, Duke of Buckingham, souligne l’amitié qui unissait son personnage au roi, mais aussi le sentiment d’infériorité dont il souffrait. Helen McCrory esquisse le personnage de Barbara Villiers dont l’influence et la soif de pouvoir lui valurent le surnom de Uncrowned queen. D’autres acteurs évoquent leur personnage, Emma Pierson (Nell Gwynn, l’actrice devenue maîtresse du roi), Shirley Henderson, Christian Coulson (Duke of Monmouth, fils illégitime de Charles II). Kate Harwood, productrice, Adrian Hodges, scénariste et Joe Wright, réalisateur, ont cherché à imaginer le regard porté sur la société de son temps par Charles II un homme hanté par sa soif d’un pouvoir absolu, dont l’ambiguïté a divisé les historiens.
L’image (1.78:1), finement définie, lumineuse, bien contrastée avec des noirs denses, dans une palette de couleurs chaudes et une texture délicate, est, tout bonnement, parfaite !
Le son Dolby Digital 2.0 stéréo assure une claire restitution des dialogues, en bon équilibre avec l’ambiance et l’accompagnement musical. Une séparation moins discrète des canaux latéraux aurait amélioré l’impression d’immersion dans l’ambiance.
Crédits images : © 2003 BBC / Liam Daniel