Réalisé par Gustavo Rondón Córdova
Avec
Giovanni García et Reggie Reyes
Édité par Tamasa Diffusion
Dans la banlieue de Caracas, Pedro, 12 ans, vit seul avec son père Andrés, pris par des petits boulots, peu souvent à la maison. Alors que Pedro joue dans la rue avec ses amis, un garçon de son âge le force à lui donner son téléphone sous la menace d’un pistolet. En se défendant, Pedro blesse mortellement son assaillant. Andrés et Pedro doivent quitter précipitamment le quartier pour échapper à la vengeance de la famille de la victime…
La Familia est le premier long métrage du réalisateur vénézuélien Gustavo Rondón Córdova, précédemment auteur de courts métrages projetés dans plusieurs festivals. Un premier film réussi, présenté à Cannes dans le cadre de la Semaine de la critique, il a remporté plusieurs prix dont celui du meilleur film à Miami en 2018.
On sent l’influence, avouée par le réalisateur, du néoréalisme italien, donnant au film une dimension quasi-documentaire dans des décors bruts, avec des mouvements de caméra limités à leur tâche essentielle, suivre les deux personnages de près, nous faire entrer dans leur intimité, nous laisser deviner leurs états d’âme.
La Familia, sans didactisme, laisse s’imposer l’image de la pauvreté d’un pays gangréné par la corruption, conduit à la faillite par les deux porte-drapeaux de la « Révolution bolivarienne », Hugo Chávez et Nicolás Maduro. L’inflation (1 370 000% en 2018 selon le FMI qui prévoit une multiplication par 7 de ce taux en 2019 !) qui a enlevé toute valeur à la monnaie nationale et la pénurie de denrées alimentaires ont poussé à l’exil plus de quatre millions de personnes.
La Familia, sur cette toile de fond, a pour thème l’évolution des relations entre père et fils. Le mépris que Pedro affichait pour son père va, à la suite de l’accident qui les contraint de vivre ensemble du matin au soir, peu à peu se transformer en respect. L’annonce de la mort du jeune qui l’avait agressé va aussi amener Pedro à mûrir, à sortir de l’enfance. De son côté, Andrés se rapproche de son fils qu’il apprend à mieux connaître. L’image se substitue le plus souvent aux dialogues pour nous faire ressentir cette évolution.
Une oeuvre d’auteur qui peut rappeler, sur le thème de la relation père-fils, Mon père (Retablo), un autre premier film réalisé en 2017 par le cinéaste péruvien Álvaro Delgado-Aparicio.
La Familia (82 minutes), et son supplément (24 minutes) tiennent sur un DVD-9, logé dans un fin digipack de 7 mm.
Le menu fixe et sonorisé propose le film dans sa version originale, avec sous-titres optionnels, au format audio Dolby Digital 5.1.
À l’intérieur du digipack, un livret de 16 pages contient des commentaires de Gustavo Rondón Córdova et son interview. Il reconnaît « une forte influence du néoréalisme italien », à l’origine du désir de réalisme qui a commandé, non seulement les options de tournage dans l’ordre chronologique, avec une caméra à l’épaule suivant les personnages en plans serrés, le choix de faire répéter les scènes au jour le jour par les acteurs, sans leur avoir fait lire le scénario. Le « troisième personnage » est Caracas, un environnement dur, « filmé tel qu’il est », où tout manque, y compris la nourriture, marqué par la violence, notamment celle des enfants, contre laquelle la famille peut être un rempart. Une ville qui fait peser son emprise sur ses habitants, y compris sur les très jeunes dans « cette courte période entre l’enfance et l’adolescence », une période difficile où on leur demande de devenir des hommes.
Derrière la caméra de Gustavo Rondón Córdova (24’). « C’est l’histoire d’un père et d’un fils, éloignés sans raison apparente et, à partir d’une circonstance violente, forcés de se retrouver… » C’est ainsi que Gustavo Rondón Córdova résume son film. Le directeur du casting, le directeur artistique, le chef opérateur et l’ingénieur du son évoquent la sélection de Reggie Reyes, l’interprète de Pedro et de ses jeunes amis parmi 500 enfants, le choix d’une photo et d’un son pas trop propres et de décors naturels pour plus d’authenticité. Un temps un peu trop long est dédié au casting des enfants dans ce supplément, mais les séquences de tournage permettent de vérifier la légèreté des moyens mis en oeuvre.
Bande-annonce.
L’image (1.85:1), en dépit des choix naturalistes du réalisateur, est précise, bien contrastée, avec des noirs denses et, sans recours apparent à des éclairages artificiels, des couleurs naturelles, délicatement désaturées.
Le son Dolby Digital 5.1 assure la clarté des dialogues, toujours suffisamment priorisés sur l’ambiance dans laquelle une utilisation appropriée des canaux latéraux crée une discrète, mais cohérente, sensation d’immersion.
Crédits images : © Tamasa Diffusion