Coffret Claude Zidi - La Totale ! + Association de malfaiteurs : le test complet du DVD

Pack

Réalisé par Claude Zidi
Avec Thierry Lhermitte, Miou-Miou et Christophe Malavoy

Édité par Opening

Voir la fiche technique

Avatar Par
Le 26/11/2003
Critique

La sortie du 3ème (et dernier ???) volet des Ripoux est très certainement à l’origine de la réédition express de ces 2 comédies signées Claude Zidi. Film après film, l’ex cameraman de Claude Chabrol aura su se bâtir une solide réputation de faiseurs de comédies à succès. Parmi les plus célèbres (voire cultes) de ces 30 dernières années, on retrouve L’Aile ou la cuisse, La Zizanie, Banzaï, Les Sous-doués, « Promotion Canapé » et bien évidemment le champion du Box Office français de 1998, Astérix & Obélix contre César. Zidi aura réalisé 24 films au total et la très grande majorité d’entre eux ont reçu un excellent accueil de la part du public français.

La première force de Claude Zidi est d’avoir su s’entourer. D’abord d’un scénariste (Simon Michael) spécialiste du film noir et du polar en particulier. Ensuite d’un dialoguiste (Didier Kaminka parfois crédité sous le nom de Marcel Dieu) formé à l’école de la comédie. La rencontre de ces deux univers (apparemment antinomiques) donne tout son sens (et son sel) au cinéma de Claude Zidi. Un cinéma populaire, décomplexé qui manie avec autant dextérité la parodie que la satire. Dès les années 80, le trio Zidi / Michael / Kaminka enchaîne films sur films et s’impose très rapidement comme l’un des artisans majeurs de la comédie policière, succédant ainsi à un autre trio légendaire du cinéma français, Lautner / Audiard / Poiré.

La deuxième force de Claude Zidi est d’avoir su détecter les attentes du public. C’est tout le brio de sa méthode Zidi ; une narration qui s’appuie sur l’intrigue policière irriguée par une avalanche de gags qui assurent le spectacle. Impossible alors de s’ennuyer ou d’être lassé et si un gag ne marche pas, un autre vient prendre instantanément le relais puis un 3ème et ainsi de suite jusqu’à la toute fin du film. Zidi traque la morosité en chassant le vide, en refusant le temps mort. Comme il le décrit lui-même dans les Rois du Gag, il ne garde que ce qui fonctionne tout en l’adaptant au hasard d’une performance d’acteur. A l’aise dans son casting (toujours prestigieux), il multiplie les situations truculentes (les comiques de situations, les quiproquos…) et invite ses comédiens en fonction de leur personnalité, de leur diction et de leur gestuelle à se les approprier.

Oui, Claude Zidi est un des meilleurs techniciens français ! La comédie policière lui sied à merveille. « Association de Malfaiteurs » et « La Totale » sont là pour nous le prouver :

« Association de Malfaiteurs »

A un rythme effréné, Claude Zidi nous plonge au coeur d’une rocambolesque histoire d’escroquerie dans le milieu des affaires. Le tandem Christophe Malavoy / François Cluzet fait ici des miracles. Peu crédibles l’un comme l’autre dans leur rôle de chef d’entreprise bon chic bon genre, ils jouent pleinement la carte du décalage et de l’espièglerie en livrant ici une parodie d’Arsène Lupin et des Fugitifs réunis. La succession rapide de situations comiques donne immédiatement l’impression d’un engrenage qu’il est réjouissant (petits pervers que nous sommes) de voir se refermer sur nos bouillonnants personnages. Avec « Associations de Malfaiteurs », Zidi prend un malin plaisir a caricaturer ce monde hypocrite et prétentieux de la haute finance et enrubanne habilement la satire de tendresse, d’amitié et de romance.


« La Totale »

La Totale est à la base une excellente idée. Faire passer un super espion des services secrets français pour un bien naïf père de famille, inconscient de ce qui peut se passer dans son propre foyer. Lorsque la base est solide, le reste coule de source (méthode Zidi oblige !). La mécanique d’un scénario bien huilé soutient les compositions de Thierry Lhermitte, de Miou-Miou et de Michel Boujenah, étonnants de naturel et irrésistibles de drôlerie. Mais la mention spéciale revient à Eddy « La dernière Séance » Mitchell, espion lèche-botte cocufié par sa femme et pas mécontent de l’être. Sentant qu’il tenait un film bien supérieur à tout ce qu’il avait pu réaliser jusqu’alors, Claude Zidi s’est surpassé côté réalisation.

D’ordinaire adepte du classicisme le plus parfait, il se met à soudain risquer une contre-plongée, un ralenti (cf scène du braquage des deux voleurs de sacs) puis multiplie les plans pour rendre le montage plus nerveux, dynamique et rythmé. Les répliques fusent, les poursuites s’enchaînent. Pas le temps de dire ouf que nous voilà rendus au générique de fin. Certes, il reste bien quelques (gros ? énormes ?? gigantesques ???) progrès à faire du côté des effets spéciaux mais qu’importe, les 3 bouts de ficelle utilisés pour mener à bien « La Totale » a permis la présence de scènes brillamment orchestrées truffées de gags toujours astucieux (cf. la séquence en plein Barbès).

Vous connaissez la suite et fin de cette si belle histoire. Les américains en feront un remake. D’abord pressenti pour reprendre le rôle du super agent, Dustin Hoffman cèdera la place à Arnold Schwarzenegger. C’est James Cameron qui sera en charge de la réalisation et ils en feront un film grand spectacle, connu à travers le monde sous le nom de True Lies. Regardez encore une fois « La Totale » et vous verrez que le scénario a été entièrement repiqué plans après plans. Le duo Schwarzenegger / Cameron s’est contenté de prolonger les scènes et de donner de l’amplitude au film grâce à une avalanche d’effets spéciaux.

Quelle meilleure preuve apporter pour démontrer le talent et l’efficacité du trio de choc français ?

Présentation - 2,5 / 5

Si la note est sévère, elle sanctionne à dessein le concept osé que nous livre le coffret. Un coffret Claude Zidi sans Claude Zidi…fallait y penser ou plutôt ne penser à rien pour imaginer que les dévédénautes peuvent encore se satisfaire de la vision d’un film sans les commentaires (même parcimonieux) de son réalisateur. Pourquoi l’avoir appelé coffret Claude Zidi si on ne peut même pas avoir accès à la moindre interview du maître ?

C’est franchement dommage car beaucoup d’efforts louables ont été consentis par l’éditeur pour que cette réédition de  » Association de Malfaiteurs » et de « La Totale » soit de qualité. Nouveau transfert haute définition, piste-son DTS 5.1, présence d’une bande-annonce et par-dessus tout de bonus vidéo.

Alors que s’est-il passé ? Il n’a pas voulu venir ? Il n’a pas daigné se déranger ? Les droits étaient trop chers ? C’en est à un point ridicule qu’on parle de trio et qu’on est incapable de vous en montrer au moins 2 sur 3. Ils sont pourtant tous en vie et bien vie puisqu’à nouveau réunis pour cosigner l’écriture et le tournage de « La Boîte » (dernier long-métrage de Claude Zidi avant « Les Ripoux 3 ».

Même Francis Veber apparaît sur l’édition de La Chèvre et Dieu sait qu’il est sollicité. Alors un coffret comme celui-ci, dans lequel on a la chance de redécouvrir « La Totale » avec cette qualité de son et d’image. Vous ne croyez pas que cela aurait mérité un traitement un peu plus personnalisé ?

Bonus - 1,0 / 5

La promotion reste encore taboue parmi les acteurs français. Pourquoi ???? Parce qu’ils croient tout simplement que vendre un film (que ce soit en salles ou sur un DVD) est sale voire dégradant. Pourquoi ??? Parce que c’est apparenté à l’argent…à la partie commerciale et non à la partie création de l’oeuvre. Si bon nombre d’acteurs et auteurs (parmi lesquels Vincent Cassel, Benoît Poelvoorde, Monica Belucci, Christopher Gance, Josiane Balasko, Francis Veber…) ont depuis bien longtemps compris qu’il fallait accompagner le film avant, pendant et après la diffusion en salles, d’autres persistent et signent dans leur erreur. Car c’est une erreur très grave que de prendre les spectateurs pour de simples consommateurs. Certaines maisons de distribution (à force de formater leur production et d’opacifier les informations relatives à leur sortie) le découvrent à leurs dépend. Le spectateur s’informe, se renseigne et à près de 10 euros la place fait de plus en plus attention à ce qu’il va voir au cinéma.

Qu’en est-il des auteurs et acteurs du coffret Claude Zidi ? Ils risquent également de se sanctionner eux-mêmes en mesurant l’impact que l’absence ou la quasi absence de bonus pourrait avoir sur les acheteurs de DVD. Aujourd’hui, nous savons (grâce à bon nombre d’études émanant du SEV, de GFK…) que l’achat de DVD est fortement stimulé par la présence de suppléments solides et nombreux. A bon entendeur…

Le bonus de « Association de Malfaiteurs » (10’46)

A défaut de proposer une réflexion intéressante sur le film, cette section a eu le bon goût d’être lucide en se titrant  » le bonus ». Effectivement, c’est le seul supplément que vous aurez à vous glisser sous la dent. Mais ne vous faites aucune illusion, vous n’apprendrez rien que vous ne sachiez déjà sur le film. 10’46 avec les extraits. Pas plus de 7 à 8’ sans les extraits. Ca laisse véritablement peu de temps pour s’exprimer. Toutefois Simon Michael se prête volontiers au jeu. Il nous explique l’idée, nous souligne le moteur de l’intrigue et nous déclare que d’ordinaire, il lui faut grosso modo 1 an pour livrer un scénario abouti à Claude Zidi mais que « Association de Malfaiteurs » lui aura bien pris 1 ans et demi. Pourquoi ??? Mystère !!! Ou alors à découvrir peut-être lors d’un prochain épisode…Puis c’est au tour de Christophe Malavoy de s’y coller. Il a influencé la création, évité de surjouer et s’est appuyé sur la complicité qu’il avait avec tous les comédiens. « Nous nous connaissions tous déjà » ajoutera-t-il ! Bien…ben si tout le monde a dit ce qu’il avait à dire, on ne va peut-être pas faire perdre plus de temps à ceux qui nous regardent…rideau et c’est une belle déception !

L’interrogatoire de « La Totale » (8’37)

Si vous pensiez avoir touché le fond avec le bonus de  » Association de Malfaiteurs », c’est sans compter l’interrogatoire de « La Totale ». Oui ! Vous lisez bien 8’47. Ha ben…c’est qu’ils n’ont pas que ça à faire…vous êtes marrants !!! Je vous épargne le minutage sans les extraits sinon on entrerait dans des performances dignes du Guiness des Records. Attention c’est parti et revoilà Simon Michael (le pauvre, c’est à croire qu’il a été puni !.. pour la peine tu feras les bonus du DVD). De nouveau l’idée, ha cette fois-ci il nous épargne le moteur mais explique qu’ils avaient pour projet de réaliser un film noir (pas possible ?) musclé (non sans rire ?). Et comme il voulaient s’en donner les moyens ils ont tout naturellement choisi Thierry Lhermitte pour le rôle. Heureusement qu’ils n’ont pas eu à caster quelqu’un pour Piège de cristal car vous vous seriez très certainement retrouvé avec Sim (autre choix logique) pour tenir le rôle de Bruce Willis. Pourquoi ces choix ont-ils évolué ? Attention bonnes gens, on veut bien vous en dire quelques mots de ce film mais faudrait voir à ne pas trop pousser quand même. Puis viennent mes préférés ; l’interview de Thierry Lhermitte réalisée à l’époque du tournage. Grande, immense leçon de professionnalisme ! Le tournage s’est bien passé (on l’en félicite) et le garçon s’est laissé dirigé sans trop influencer le film. Hé ben voilà…tu m’emballes le tout et ça fait un bonus. Heureusement que le film a été un succès et qu’il a engendré un remake internationalement connu. Simon et Thierry vous en diront 2 mots que je vous laisse le soin de découvrir par vous-même. Que vous ayez au moins cette (bonne ???) surprise !!!

Les bandes-annonces ont été fort heureusement remasterisées et constituent l’autre point fort (avec l’image et le son) de ce coffret DVD. Il y a bien également des filmographies sélectives mais bon…en parler serait enfoncer un peu plus cette section des suppléments qui n’a vraiment pas besoin de ça !

Une question…je peux ??? Y aurait-il une édition Ultimate en préparation avec de vrais bonus dignes de ce nom ???

Image - 4,5 / 5

C’est presque un sans faute ! Le nouveau transfert haute définition fait merveille et redonne de l’éclat à un film terni par le poids des années. Les couleurs sont plus que correctes, les contrastes appuyés et le piqué de l’image a retrouvé de sa précision. Quelques tâches viennent émailler la projection mais elles ne vous causeront aucun désagrément.

La présence de grain, notamment lors de scènes extrêmement sombres, a été là aussi considérablement réduite. Il ne reste que le plaisir de redécouvrir et de savourer ces deux films avec une qualité d’image qui vous ferait presque oublier leur âge. 15 ans déjà !

Dernière remarque ; Tous deux sont livrés en 1:66. C’est habituellement un format télé mais c’est également leur format d’origine. Il n’y a pas eu de recadrage ou autres manipulations en termes de ratios. Un bon point pour l’éditeur qui n’a pas cédé à la tentation de nous livrer ces deux films en pan & scan. Côté image, c’est de très grande qualité !!!

Son - 4,0 / 5

Côté son, c’est également très bien joué car outre la présence d’un mono quasi inaudible et d’un Dolby Digital 5.1 déjà très pêchu, l’éditeur s’est offert le luxe d’ajouter une piste DTS 5.1. On vous l’avez dit que vous le regretteriez bien amèrement de n’avoir pas un amplificateur qui lise le DTS.

Pour l’heure, c’est véritablement indispensable !!! Non seulement, ladite piste est mixée un ton au-dessus mais elle fait preuve d’un véritable dynamisme et d’une réelle amplitude (cf passages musicaux de « Association de Malfaiteurs » ou bien encore les canardages et l’interrogatoire de « La Totale »). Elle n’est pas un argument commercial mais bien un avantage tangible pour une écoute de grande qualité.

Le choix du DTS réduira également le léger souffle présent sur les voix. Ce n’est pas avec ces deux films que vous testerez à fond votre système son mais les surrounds sont assez souvent sollicitées (notamment dans « La Totale ») pour que vous puissiez goûter aux joie du Home Cinema.


Excellente séance de « 2 DVD sinon rien » à toutes et tous !

Configuration de test
  • Téléviseur 16/9 Rétroprojecteur Toshiba 43PH14P
  • Toshiba SD-330ES
  • Onkyo TX-DS797
  • système d'enceinte 5.1 Triangle