Réalisé par Claude Zidi
Avec
Thierry Lhermitte, Miou-Miou et Christophe Malavoy
Édité par Opening
La sortie du 3ème (et dernier ???) volet des
Ripoux est très certainement à l’origine de
la réédition express de ces 2 comédies signées Claude Zidi.
Film après film, l’ex cameraman de Claude Chabrol aura su se
bâtir une solide réputation de faiseurs de comédies à succès.
Parmi les plus célèbres (voire cultes) de ces 30 dernières
années, on retrouve L’Aile ou la cuisse,
La Zizanie, Banzaï,
Les Sous-doués, « Promotion Canapé »
et bien évidemment le champion du Box Office français de
1998, Astérix & Obélix contre César. Zidi aura réalisé 24
films au total et la très grande majorité d’entre eux ont
reçu un excellent accueil de la part du public français.
La première force de Claude Zidi est d’avoir su s’entourer.
D’abord d’un scénariste (Simon Michael) spécialiste du film
noir et du polar en particulier. Ensuite d’un dialoguiste
(Didier Kaminka parfois crédité sous le nom de Marcel Dieu)
formé à l’école de la comédie. La rencontre de ces deux
univers (apparemment antinomiques) donne tout son sens (et
son sel) au cinéma de Claude Zidi. Un cinéma populaire,
décomplexé qui manie avec autant dextérité la parodie que la
satire. Dès les années 80, le trio Zidi / Michael / Kaminka
enchaîne films sur films et s’impose très rapidement comme
l’un des artisans majeurs de la comédie policière, succédant
ainsi à un autre trio légendaire du cinéma français, Lautner
/ Audiard / Poiré.
La deuxième force de Claude Zidi est d’avoir su détecter les
attentes du public. C’est tout le brio de sa méthode
Zidi ; une narration qui s’appuie sur l’intrigue
policière irriguée par une avalanche de gags qui assurent le
spectacle. Impossible alors de s’ennuyer ou d’être lassé et
si un gag ne marche pas, un autre vient prendre
instantanément le relais puis un 3ème et ainsi de suite
jusqu’à la toute fin du film. Zidi traque la morosité en
chassant le vide, en refusant le temps mort. Comme il le
décrit lui-même dans les Rois du Gag, il ne garde que ce qui
fonctionne tout en l’adaptant au hasard d’une performance
d’acteur. A l’aise dans son casting (toujours prestigieux),
il multiplie les situations truculentes (les comiques de
situations, les quiproquos…) et invite ses comédiens en
fonction de leur personnalité, de leur diction et de leur
gestuelle à se les approprier.
Oui, Claude Zidi est un des meilleurs techniciens
français ! La comédie policière lui sied à merveille.
« Association de Malfaiteurs » et « La Totale » sont là pour
nous le prouver :
« Association de Malfaiteurs »
A un rythme effréné, Claude Zidi nous plonge au coeur d’une
rocambolesque histoire d’escroquerie dans le milieu des
affaires. Le tandem Christophe Malavoy / François Cluzet fait
ici des miracles. Peu crédibles l’un comme l’autre dans leur
rôle de chef d’entreprise bon chic bon genre, ils jouent
pleinement la carte du décalage et de l’espièglerie en
livrant ici une parodie d’Arsène Lupin et des
Fugitifs réunis. La succession rapide
de situations comiques donne immédiatement l’impression d’un
engrenage qu’il est réjouissant (petits pervers que nous
sommes) de voir se refermer sur nos bouillonnants
personnages. Avec « Associations de Malfaiteurs », Zidi prend
un malin plaisir a caricaturer ce monde hypocrite et
prétentieux de la haute finance et enrubanne habilement la
satire de tendresse, d’amitié et de romance.
« La Totale »
La Totale est à la base une excellente idée. Faire passer un
super espion des services secrets français pour un bien naïf
père de famille, inconscient de ce qui peut se passer dans
son propre foyer. Lorsque la base est solide, le reste coule
de source (méthode Zidi oblige !). La mécanique d’un
scénario bien huilé soutient les compositions de Thierry
Lhermitte, de Miou-Miou et de Michel Boujenah, étonnants de
naturel et irrésistibles de drôlerie. Mais la mention
spéciale revient à Eddy « La dernière Séance » Mitchell,
espion lèche-botte cocufié par sa femme et pas mécontent de
l’être. Sentant qu’il tenait un film bien supérieur à tout ce
qu’il avait pu réaliser jusqu’alors, Claude Zidi s’est
surpassé côté réalisation.
D’ordinaire adepte du classicisme le plus parfait, il se met
à soudain risquer une contre-plongée, un ralenti (cf scène du
braquage des deux voleurs de sacs) puis multiplie les plans
pour rendre le montage plus nerveux, dynamique et rythmé. Les
répliques fusent, les poursuites s’enchaînent. Pas le temps
de dire ouf que nous voilà rendus au générique de fin.
Certes, il reste bien quelques (gros ? énormes ??
gigantesques ???) progrès à faire du côté des effets
spéciaux mais qu’importe, les 3 bouts de ficelle utilisés
pour mener à bien « La Totale » a permis la présence de
scènes brillamment orchestrées truffées de gags toujours
astucieux (cf. la séquence en plein Barbès).
Vous connaissez la suite et fin de cette si belle histoire.
Les américains en feront un remake. D’abord pressenti pour
reprendre le rôle du super agent, Dustin Hoffman cèdera la
place à Arnold Schwarzenegger. C’est James Cameron qui sera
en charge de la réalisation et ils en feront un film grand
spectacle, connu à travers le monde sous le nom de
True Lies. Regardez encore une fois « La Totale » et
vous verrez que le scénario a été entièrement repiqué plans
après plans. Le duo Schwarzenegger / Cameron s’est contenté
de prolonger les scènes et de donner de l’amplitude au film
grâce à une avalanche d’effets spéciaux.
Quelle meilleure preuve apporter pour démontrer le talent et
l’efficacité du trio de choc français ?
Si la note est sévère, elle sanctionne à dessein le concept
osé que nous livre le coffret. Un coffret Claude Zidi sans
Claude Zidi…fallait y penser ou plutôt ne penser à rien
pour imaginer que les dévédénautes peuvent encore se
satisfaire de la vision d’un film sans les commentaires (même
parcimonieux) de son réalisateur. Pourquoi l’avoir appelé
coffret Claude Zidi si on ne peut même pas avoir accès à la
moindre interview du maître ?
C’est franchement dommage car beaucoup d’efforts louables ont
été consentis par l’éditeur pour que cette réédition de »
Association de Malfaiteurs » et de « La Totale » soit de
qualité. Nouveau transfert haute définition, piste-son DTS
5.1, présence d’une bande-annonce et par-dessus tout de bonus
vidéo.
Alors que s’est-il passé ? Il n’a pas voulu venir ?
Il n’a pas daigné se déranger ? Les droits étaient trop
chers ? C’en est à un point ridicule qu’on parle de trio
et qu’on est incapable de vous en montrer au moins 2 sur 3.
Ils sont pourtant tous en vie et bien vie puisqu’à nouveau
réunis pour cosigner l’écriture et le tournage de « La Boîte »
(dernier long-métrage de Claude Zidi avant « Les Ripoux 3 ».
Même Francis Veber apparaît sur l’édition de La Chèvre
et Dieu sait qu’il est sollicité. Alors un coffret comme
celui-ci, dans lequel on a la chance de redécouvrir « La
Totale » avec cette qualité de son et d’image. Vous ne croyez
pas que cela aurait mérité un traitement un peu plus
personnalisé ?
La promotion reste encore taboue parmi les acteurs français.
Pourquoi ???? Parce qu’ils croient tout simplement que
vendre un film (que ce soit en salles ou sur un DVD) est sale
voire dégradant. Pourquoi ??? Parce que c’est apparenté
à l’argent…à la partie commerciale et non à la partie
création de l’oeuvre. Si bon nombre d’acteurs et auteurs
(parmi lesquels Vincent Cassel, Benoît Poelvoorde, Monica
Belucci, Christopher Gance, Josiane Balasko, Francis
Veber…) ont depuis bien longtemps compris qu’il fallait
accompagner le film avant, pendant et après la diffusion en
salles, d’autres persistent et signent dans leur erreur. Car
c’est une erreur très grave que de prendre les spectateurs
pour de simples consommateurs. Certaines maisons de
distribution (à force de formater leur production et
d’opacifier les informations relatives à leur sortie) le
découvrent à leurs dépend. Le spectateur s’informe, se
renseigne et à près de 10 euros la place fait de plus en plus
attention à ce qu’il va voir au cinéma.
Qu’en est-il des auteurs et acteurs du coffret Claude
Zidi ? Ils risquent également de se sanctionner
eux-mêmes en mesurant l’impact que l’absence ou la quasi
absence de bonus pourrait avoir sur les acheteurs de DVD.
Aujourd’hui, nous savons (grâce à bon nombre d’études émanant
du SEV, de GFK…) que l’achat de DVD est fortement stimulé
par la présence de suppléments solides et nombreux. A bon
entendeur…
Le bonus de « Association de Malfaiteurs » (10’46)
A défaut de proposer une réflexion intéressante sur le film,
cette section a eu le bon goût d’être lucide en se titrant »
le bonus ». Effectivement, c’est le seul supplément que vous
aurez à vous glisser sous la dent. Mais ne vous faites aucune
illusion, vous n’apprendrez rien que vous ne sachiez déjà sur
le film. 10’46 avec les extraits. Pas plus de 7 à 8’ sans les
extraits. Ca laisse véritablement peu de temps pour
s’exprimer. Toutefois Simon Michael se prête volontiers au
jeu. Il nous explique l’idée, nous souligne le moteur de
l’intrigue et nous déclare que d’ordinaire, il lui faut
grosso modo 1 an pour livrer un scénario abouti à Claude Zidi
mais que « Association de Malfaiteurs » lui aura bien pris 1
ans et demi. Pourquoi ??? Mystère !!! Ou alors à
découvrir peut-être lors d’un prochain épisode…Puis c’est
au tour de Christophe Malavoy de s’y coller. Il a influencé
la création, évité de surjouer et s’est appuyé sur la
complicité qu’il avait avec tous les comédiens. « Nous nous
connaissions tous déjà » ajoutera-t-il ! Bien…ben si
tout le monde a dit ce qu’il avait à dire, on ne va peut-être
pas faire perdre plus de temps à ceux qui nous
regardent…rideau et c’est une belle déception !
L’interrogatoire de « La Totale » (8’37)
Si vous pensiez avoir touché le fond avec le bonus de »
Association de Malfaiteurs », c’est sans compter
l’interrogatoire de « La Totale ». Oui ! Vous lisez bien
8’47. Ha ben…c’est qu’ils n’ont pas que ça à faire…vous
êtes marrants !!! Je vous épargne le minutage sans les
extraits sinon on entrerait dans des performances dignes du
Guiness des Records. Attention c’est parti et revoilà Simon
Michael (le pauvre, c’est à croire qu’il a été puni !..
pour la peine tu feras les bonus du DVD). De nouveau l’idée,
ha cette fois-ci il nous épargne le moteur mais explique
qu’ils avaient pour projet de réaliser un film noir (pas
possible ?) musclé (non sans rire ?). Et comme il
voulaient s’en donner les moyens ils ont tout naturellement
choisi Thierry Lhermitte pour le rôle. Heureusement qu’ils
n’ont pas eu à caster quelqu’un pour
Piège de cristal car vous
vous seriez très certainement retrouvé avec Sim (autre choix
logique) pour tenir le rôle de Bruce Willis. Pourquoi ces
choix ont-ils évolué ? Attention bonnes gens, on veut
bien vous en dire quelques mots de ce film mais faudrait voir
à ne pas trop pousser quand même. Puis viennent mes
préférés ; l’interview de Thierry Lhermitte réalisée à
l’époque du tournage. Grande, immense leçon de
professionnalisme ! Le tournage s’est bien passé (on
l’en félicite) et le garçon s’est laissé dirigé sans trop
influencer le film. Hé ben voilà…tu m’emballes le tout et
ça fait un bonus. Heureusement que le film a été un succès et
qu’il a engendré un remake internationalement connu. Simon et
Thierry vous en diront 2 mots que je vous laisse le soin de
découvrir par vous-même. Que vous ayez au moins cette
(bonne ???) surprise !!!
Les bandes-annonces ont été fort heureusement
remasterisées et constituent l’autre point fort (avec l’image
et le son) de ce coffret DVD. Il y a bien également des
filmographies sélectives mais bon…en parler serait
enfoncer un peu plus cette section des suppléments qui n’a
vraiment pas besoin de ça !
Une question…je peux ??? Y aurait-il une édition
Ultimate en préparation avec de vrais bonus dignes de ce
nom ???
C’est presque un sans faute ! Le nouveau transfert haute
définition fait merveille et redonne de l’éclat à un film
terni par le poids des années. Les couleurs sont plus que
correctes, les contrastes appuyés et le piqué de l’image a
retrouvé de sa précision. Quelques tâches viennent émailler
la projection mais elles ne vous causeront aucun
désagrément.
La présence de grain, notamment lors de scènes extrêmement
sombres, a été là aussi considérablement réduite. Il ne reste
que le plaisir de redécouvrir et de savourer ces deux films
avec une qualité d’image qui vous ferait presque oublier leur
âge. 15 ans déjà !
Dernière remarque ; Tous deux sont livrés en 1:66. C’est
habituellement un format télé mais c’est également leur
format d’origine. Il n’y a pas eu de recadrage ou autres
manipulations en termes de ratios. Un bon point pour
l’éditeur qui n’a pas cédé à la tentation de nous livrer ces
deux films en pan & scan. Côté image, c’est de très grande
qualité !!!
Côté son, c’est également très bien joué car outre la présence
d’un mono quasi inaudible et d’un Dolby Digital 5.1 déjà très
pêchu, l’éditeur s’est offert le luxe d’ajouter une piste DTS
5.1. On vous l’avez dit que vous le regretteriez bien
amèrement de n’avoir pas un amplificateur qui lise le DTS.
Pour l’heure, c’est véritablement indispensable !!! Non
seulement, ladite piste est mixée un ton au-dessus mais elle
fait preuve d’un véritable dynamisme et d’une réelle
amplitude (cf passages musicaux de « Association de
Malfaiteurs » ou bien encore les canardages et
l’interrogatoire de « La Totale »). Elle n’est pas un
argument commercial mais bien un avantage tangible pour une
écoute de grande qualité.
Le choix du DTS réduira également le léger souffle présent
sur les voix. Ce n’est pas avec ces deux films que vous
testerez à fond votre système son mais les surrounds sont
assez souvent sollicitées (notamment dans « La Totale ») pour
que vous puissiez goûter aux joie du Home Cinema.
Excellente séance de « 2 DVD sinon rien » à toutes et
tous !