Réalisé par Zu Feng
Avec
Zu Feng, Chen Minghao et Huang Lu
Édité par Damned Films
Dans l’été brûlant de Changsha, au coeur de la Chine, l’inspecteur Bin enquête sur la disparition d’un jeune homme dont le bras a été retrouvé sur les bords de la rivière Xiang. Mais les indices sont peu nombreux et Bin pense à abandonner l’affaire. Jusqu’au jour où il rencontre une mystérieuse chirurgienne qui se dit être la soeur de la victime.
Un été à Changsha, le premier film de l’acteur Zu Feng, connu comme acteur en Chine pour sa participation à de nombreuses séries et aussi à Coming Home (Gui lai, 2014) de Zhang Yimou sur la révolution culturelle et à The Golden Era (Huang jin shi dai, 2014), une biographie réalisée par Ann Hui du romancier Xiao Hong, aurait eu toute chance de rester aux oubliettes s’il n’avait été retenu à dans la sélection Un certain regard à Cannes où il fut projeté hors la présence de l’équipe du film, opportunément retenue au pays.
Un été à Changsha bénéficie d’une belle photographie, sans fioritures, dans une succession de plans fixes, cadrés avec talent. Mais l’image pas vraiment exaltante, plutôt étouffante, qu’il donne des personnages et de leur environnement a dû concourir à la censure du film par les autorités de la Chine continentale.
L’affaire policière passe vite au second plan et ses péripéties escamotées : une seule course-poursuite du film et rien ne nous est montré de la seule bagarre du film : la caméra, restée à l’extérieur de l’entrepôt où elle se déroule, n’en dévoile que le son.
Un été à Changsha se concentre sur des secrets enfouis par les deux enquêteurs dépêchés à Changsha au soutien de la police locale, mais aussi par Li Xue, la chirurgienne qui a reconnu dans l’avant-bras retrouvé dans la rivière celui de son frère et a aidé, par ses rêves, à la découverte d’autres parties du corps de la victime.
Le scénario met en avant le mal être de personnages désabusés, voire désespérés, hantés par le remords, souffrant de la solitude à laquelle ils se sont involontairement condamnés. Le cadre de l’action est au diapason de leurs états d’âme : Changsha, écrasée par une chaleur moite, est banale, triste, avec des rues jonchées de détritus.
Une morosité soulignée par des couleurs froides, légèrement désaturées, des éclairages tamisés et le délicat et mélancolique accompagnement musical de Yingda Dong, auteur de la partition de l’émouvant mélodrame So Long, My Son (Di jiu tian chang, Wang Xiaoshuai, 2019).
Un été à Changsha, malgré les baisses de tension imputables à une structuration insuffisante du scénario et quelques dispersions du récit, en laissant une impression durable, annonce l’entrée en scène d’un cinéaste à suivre.
Un été à Changsha (115 minutes) tient sur un DVD-9 logé dans l’habituel fin digipack des éditions Damned Films. À l’intérieur, une phrase manuscrite de Zu Feng, emblématique de son premier film : « Le chemin le plus difficile est celui qui mène à l’âme ».
Le menu fixe et muet propose le film dans sa version originale, le mandarin, avec sous-titres incrustés dans l’image, au format audio Dolby Digital 2.0 stéréo.
Rien, pas même une bande-annonce.
L’image numérique (1.78:1), finement définie, propose une palette de couleurs soigneusement étalonnées, mais délibérément froides et peu saturées, en harmonie avec l’ambiance dépressive du film. L’atténuation des contrastes ne nuit jamais à la lisibilité des plans.
Le son Dolby Digital 2.0 stéréo, très clair, restitue parfaitement les dialogues, dans un bon équilibre avec l’accompagnement musical. Une bonne dynamique et une séparation efficace des deux canaux réussissent à créer une assez convaincante impression d’immersion dans l’action.
Crédits images : © Damned Films