The Family Way (1966) : le test complet du DVD

Réalisé par Roy Boulting
Avec Hayley Mills, Avril Angers et John Comer

Édité par Tamasa Diffusion

Voir la fiche technique

Avatar Par
Le 14/05/2020
Critique

Jenny et Arthur s’aiment depuis deux ans. Aujourd’hui, ils se marient. Ce pourrait être le début d’un conte de fées…

Family Way

Ce matin de 1966, dans une petite ville industrielle du Lancashire, Jenny Piper, 20 ans, encore vierge, est réveillée par son père. Pas le moment de traîner : elle se marie aujourd’hui à Arthur Fitton qu’elle fréquente depuis deux ans. Avant la cérémonie, les deux jeunes gens sautent à l’agence de voyage pour régler le séjour sous le soleil et sur le sable chaud qu’ils se sont offert pour leur lune de miel. Les tickets leur seront remis le lendemain matin dans le car qui les emmènera à l’aéroport de Gatwick. Après la nuit de noces, Jenny est toujours vierge et, le lendemain matin, pas de car : le voyagiste était un escroc !

The Family Way, réalisé en 1966 par John et Roy Boulting, est sorti en France en janvier 1968, sous le titre Chaque chose en son temps, celui de la pièce All in Good Time écrite en 1963 par Bill Naughton, l’auteur d’Alfie, brillamment adaptée par Lewis Gilbert dans son film [PRGORAM(alfie_le_dragueur)] (Alfie, 1963), avec Michael Caine dans le rôle-titre. Une deuxième adaptation de la pièce, transposée dans la communauté indienne d’Angleterre, sera tournée en 2012 par Nigel Cole sous le titre All in Good Time et éditée en vidéo au Royaume Uni.

Les frères Boulting, des jumeaux, constituèrent en 1937 une société de production cinématographique, s’enrôlèrent dans le cinéma aux armées, l’un dans l’armée de terre, l’autre dans la RAF, et réalisèrent plusieurs films, certains de conserve.

Il était une fois une vierge âgée de 20 ans, autant dire un oiseau rare…

Family Way

Tout commence comme un conte de fées. Toutes les commères disaient : « Ces deux-là sont faits l’un pour l’autre ». Et, comme dans les contes de fées, il faut bien que ça tourne mal avant l’inévitable happy ending.

Le regard ironique des réalisateurs sur la British Middle Class et sur les rapports au sein de deux cellules familiales, l’une petite bourgeoise, l’autre ouvrière, la recherche d’une explication de l’impuissance d’Arthur donnent au film son climat particulier, entre drame et comédie.

The Family Way, sagement mis en scène, avec un soin particulier porté aux cadrages, doit aussi à la qualité des dialogues et de la distribution. Le personnage principal, celui de Jenny, est tenu avec beaucoup de naturel par Hayley Mills (à 20 ans, l’âge du personnage). Découverte par J. Lee Thompson qui l’emploie dans Les Yeux du témoin (Tiger Bay, 1959), elle fut révélée à 13 ans en tenant le rôle-titre de Pollyanna (David Swift, 1960) qui lui valut deux Prix du meilleur espoir, l’un des Academy Awards, l’autre des Golden Globes. Ce fut le premier d’une série de cinq films produits pour elle par Walt Disney Pictures jusqu’en 1965. Elle allait devenir en 1971 l’épouse de Roy Boulting, de 33 ans son aîné.

On remarque aussi John Mills, un grand acteur britannique, salué par un Oscar en 1971 pour son interprétation de Michael dans La Fille de Ryan (Ryan’s Daughter), l’inoubliable chef-d’oeuvre de David Lean. Père de Hayley dans la vraie vie, il incarne son beau-père dans The Family Way

.

Parmi les autres femmes, que le film place en avant, on remarque Marjorie Rhodes pour son interprétation dense de Lucy Fitton, la mère d’Arthur. On peut aussi citer le chanteur Murray Head : avec le rôle de Geoff, le frère d’Arthur : il entame une carrière sur les écrans qui se poursuivra avec Sunday Bloody Sunday (Un dimanche comme les autres) (John Schlesinger, 1971).

Family Way

Présentation - 4,0 / 5

The Family Way (111 minutes) tient sur un DVD-9 logé dans un digipack dans la couverture duquel est glissé un livret de 16 pages.

Le menu fixe et musical propose le film dans sa version originale, avec sous-titres optionnels, au format audio Dolby Digital 1.0.

Cette édition, sortie en même temps que The Green Man (Robert Day et Basil Dearden, 1956), vient enrichir la Collection My British Comedies. Lancée en 2013 par Tamasa Diffusion, elle compte désormais 14 titres, parmi lesquels l’incontournable Passeport pour Pimlico (Passport to Pimlico, Henry Cornelius, 1949).

Le livret de 16 pages contient un article de Charlotte Garson, critique de cinéma qui a déjà accompagné la sortie d’autres titres de la collection, dont The Blue Lamp (Police sans arme), Payroll (Les gangsters), Pool of London (Les trafiquants du Dumbar), School for Scoundrels, The Magnet et le Coffret Alexander Mackendrick. Après avoir signalé l’usage de la couleur, alors peu coutumier dans le genre du réalisme social, elle rapproche judicieusement deux plans au cadrage symétrique, l’un avec le prêtre et l’autre avec le voyagiste, encadrés par Jenny et Arthur : le mariage serait-il une escroquerie ? Charlotte Carson évoque l’accompagnement musical de Paul McCartney, « un garçon du Nord », analyse le traitement de l’espace où sont piégés Jenny et Arthur, établit des parallèles avec d’autres films de la même période. Pas de personnages marginaux du free cinema sous le regard des frères Boulting, seulement des « jeunes gens pas en colère, mais frustrés ». Et pourtant, Charlotre Garson conclut : « Impuissance, amitié homoérotique, adultère… Malgré son happy end aux allures de fable familialiste, on peut dire que The Family Way a bien braconné sur les terres de la modernité sixties. »

Family Way

Bonus - 1,0 / 5

Pour tout supplément, une filmographie, la courte liste de quelques films réalisés, ensemble ou séparément, par John et Roy Boulting et une galerie de 28 photos du film et de reproductions d’affiches et de lobby cards.

Image - 4,5 / 5

L’image (1.66:1) a bénéficié d’une restauration opérée pour la sortie DVD au Royaume Uni en 2007 : très propre, stable, avec des couleurs délicates et bien étalonnées, un traitement du grain respectueux de la texture argentique, elle se met à l’abri de tout reproche.

Son - 4,5 / 5

Le son Dolby Digital 1.0, remarquablement nettoyé, pratiquement sans souffle, assure une parfaite intelligibilité des dialogues et restitue avec finesse l’accompagnement musical de Paul McCartney, dans le jus des années 60.

Crédits images : © Tamasa Diffusion

Configuration de test
  • Vidéo projecteur JVC DLA-X70BRE
  • OPPO BDP-93EU
  • Denon AVR-4520
  • Kit enceintes/caisson Focal Profile 918, CC908, SR908 et Chorus V (configuration 7.1)
  • TEST EN RÉSOLUTION 1080p - Diagonale image 275 cm
Note du disque
Avis

Moyenne

4,0
5
0
4
1
3
0
2
0
1
0

Je donne mon avis !

Avatar
Philippe Gautreau
Le 15 mai 2020
La collection British Comedies, lancée en 2013 par Tamasa Diffusion, permet, à ce jour, de découvrir une quinzaine de classiques du cinéma britannique, le plus souvent inédits en vidéo de ce côté de la Manche. C’est le cas de The Family Way, une comédie aigre-douce servie par des dialogues pleins de sel, le regard ironique et tendre des frères Boulting sur la British Middle Class des années 60.

Lire les avis »

Multimédia
The Family Way
Extrait VO

Proposer une bande-annonce

Du même auteur
(publicité)

(publicité)