BOF.. (anatomie d'un livreur) (1971) : le test complet du DVD

Réalisé par Claude Faraldo
Avec Marie Dubois, Julian Negulesco et Paul Crauchet

Édité par Tamasa Diffusion

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Le 08/07/2020
Critique

Voilà, tiré de l’oubli, un film imprégné de l’esprit post-soixante-huitard, réalisé par un autodidacte, Claude Faraldo, réalisateur du plus connu Themroc.

BOF.. (anatomie d'un livreur)

Un jeune livreur de bouteilles a épousé la souriante Germaine. Son père, dégoûté d’aller pointer à l’usine, a aidé sa dolente femme à « faire le grand saut », lui évitant les désagréments de la vieillesse. Le fils veut suivre l’exemple du père : abandonner son métier, adopter un mode de vie entièrement libre. D’ailleurs, il accepte de faire « ménage à quatre » avec son père et son aimable fiancée. Enthousiasmés par cette douce euphorie, tous décident de partir au pays du soleil…

Après avoir été berger, Claude Faraldo « monte » à Paris, devient livreur pour les Vins Nicolas, avant de réaliser Bof.. (anatomie d’un livreur), sorti en 1971, son premier long métrage, après La Jeune morte, coréalisé en 1965 avec Roger Pigaut, apparemment inédit. Il s’inscrit au cours Simon et commence une carrière d’acteur à 40 ans, en 1976, surtout dans des rôles de mauvais garçons, celui de Manuel Palmari dans Maigret se détend et La Patience de Maigret, réalisés par Andrzej Kostenko, avec Bruno Cremer dans le rôle-titre, ou celui d’Ange Paoli dans la série Mafiosa, créée par Hugues Pagan en 2006. Dans Les Fleurs du miel, qu’il réalisera en 1976, il tient le rôle principal… celui d’un livreur de bouteilles de vin et spiritueux ! Auteur du scénario de ses films, il a aussi écrit celui de La Veuve de Saint-Pierre, une belle historie de rédemption réalisée par Patrice Leconte en 2000.

BOF.. (anatomie d'un livreur)

Ben, les enfants, on va bien s’amuser !

Bof.. (anatomie d’un livreur), irrespectueux, iconoclaste, emblématique de l’état d’esprit post-soixante-huitard, un plaidoyer au soutien de la paresse, de la liberté sexuelle, secoue gentiment les conventions sociales : si l’on a envie d’une chose qu’on n’a pas les moyens d’acheter, pourquoi ne pas la voler… tout simplement. Le porte-parole de cet art de vivre, c’est Paulo, le père du livreur : ouvrier pendant 30 ans, l’idée lui est soudain venue de prendre une retraite anticipée pour passer le reste de sa vie à… s’amuser. Veuf depuis peu (on saura vers la fin du film comment il l’est devenu), seul un gros manque l’empêche d’accéder au bonheur : celui d’une femme… « au moins de temps en temps ». Ce sera celle de son fils, récemment marié, chez lequel il s’est installé.

Bof.. (anatomie d’un livreur), en dépit d’un petit budget, est servi par une belle distribution, en tête de laquelle se placent deux acteurs chevronnés, Paul Crauchet, dans le rôle de Paulo, et Marie Dubois, dans celui de Germaine, la jeune femme du livreur. Marie-Hélène Breillat, huit ans avant Claudine, la série dont elle tient si bien le rôle-titre, donne une belle présence à Nana, que Paulo fera entrer dans la famille. Julian Negulesco joue le livreur avec l’art et la manière que lui a enseignés Claude Faraldo pour placer, avec le minimum d’effort, une caisse de vingt bouteilles sur l’épaule. Mamadou Diop, le cinquième larron, connaissait déjà son emploi : c’était un vrai balayeur des rues sénégalais, débauché pour le film !

BOF.. (anatomie d'un livreur)

Bof.. (anatomie d’un livreur) tire grand profit de l’expertise et du talent de Sacha Vierny qui fut, dès 1959, le directeur de la photographie d’Hiroshima mon amour, le premier d’une suite de neuf films qu’il tournera avec Alain Resnais. Il sera aussi le chef opérateur de Luis Buñuel, en 1967, pour Belle de jour, puis de Peter Greenaway, pour huit films, dont Le Ventre de l’architecte, en 1987, et The Pillow Book, en 1996, qui lui valut plusieurs prix.

Demain, s’il fait beau, on part dans le Sud !

Cette invitation pressante de Paulo à la petite bande d’amis-amants, clôt l’histoire de Bof.. (anatomie d’un livreur) avec un dernier plan laissant supposer sa nature utopique : on voit les cinq personnages, filmés en contre-jour, sous une pluie battante, cheminer le long d’une rivière, cap au sud, vers un rêve ensoleillé qui, on l’imagine, se dissipera dans la désillusion.

On saluera la bonne idée qu’a eue Tamasa Diffusion de tirer de l’oubli Bof.. (anatomie d’un livreur), encore jamais édité en vidéo, maintenant disponible en même temps qu’une réédition de Themroc, le film majeur de Claude Faraldo.

BOF.. (anatomie d'un livreur)

Présentation - 4,5 / 5

Bof.. (anatomie d’un livreur) (101 minutes) et son supplément (55 minutes) tiennent sur un DVD-9 logé dans boîtier épais de 14 mm.

Le menu fixe et musical propose le film au format audio Dolby Digital 1.0.

Bonus - 3,0 / 5

Un entretien avec Robin Davis (55’), assistant de Claude Faraldo pour Bof.., après avoir été pendant neuf ans l’assistant de Georges Lautner, il réalisera une quinzaine de films et téléfilms, dont Ce cher Victor, en 1975, et La Fille des collines, en 1990). Claude Faraldo, « une espèce de franc-tireur », lui fit lire un scénario maladroitement écrit sur un cahier d’écolier et truffé de fautes d’orthographe, celui de Bof.. (anatomie d’un livreur), inspiré pas son expérience de livreur chez Nicolas. Affable, mais sujet à des accès de violence, il entretenait un souffle de liberté, en total contraste avec l’ambiance très organisée des tournages de Lautner. Avec un recul de cinquante ans, le film peut paraître aujourd’hui un peu machiste et Paulo, le père, un affreux manipulateur. Il prône une règle de vie : se libérer des contraintes sociales et reste, après des décennies, « un film primitif, brut de décoffrage (…), le film d’un poète maudit (…), novateur dans sa façon de dire les choses, avec simplicité (…), sans renter dans aucune case. »

BOF.. (anatomie d'un livreur)

Image - 4,0 / 5

L’image (1.66:1), très stable, a bénéficié d’une restauration qui a effacé toute marque de détérioration de la pellicule, ravivé des couleurs bien étalonnées, sans toutefois pouvoir corriger un défaut mineur, une légère tendance des noirs à se boucher dans les plans en basse lumière.

Son - 4,0 / 5

Le son Dolby Digital 1.0, très propre lui aussi, profite d’une bonne dynamique et d’une ouverture du spectre assez généreuse. Quelques dialogues ont un timbre un peu caverneux qui n’affecte pas leur intelligibilité.

Crédits images : © Tamasa Diffusion

Configuration de test
  • Vidéo projecteur JVC DLA-X70BRE
  • OPPO BDP-93EU
  • Denon AVR-4520
  • Kit enceintes/caisson Focal Profile 918, CC908, SR908 et Chorus V (configuration 7.1)
  • TEST EN RÉSOLUTION 1080p - Diagonale image 275 cm
Note du disque
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Philippe Gautreau
Le 9 juillet 2020
Irrespectueux, iconoclaste, emblématique de l’état d’esprit post-soixante-huitard, ce plaidoyer au soutien de la paresse et de la liberté sexuelle nous arrive enfin en vidéo. Un insolent pied-de-nez aux conventions sociales !

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