Un fils (2019) : le test complet du DVD

Ce premier film raconte le drame vécu par deux parents d’un enfant grièvement blessé dans une Tunisie au bord du chaos, en 2011.

En 2011, Farès, patron d’une usine, Meriem et leur fils Aziz, neuf ans, rejoignent près de Tunis un groupe d’amis réunis pour fêter la promotion de Meriem à un poste de DRH. Puis, ils décident de s’accorder quelques jours de vacances pour visiter le Sud tunisien. Leur voiture tombe dans une embuscade terroriste. Aziz, touché par une balle, est conduit à l’hôpital de Tataouine. Intransportable, sa seule chance de survivre est de recevoir une greffe de foie. Meriem n’est pas du même groupe sanguin et une analyse ADN révèle que Farès n’est pas son père biologique…

Un fils (Bik eneich: Un fils), présenté dans une dizaine de festivals et plusieurs fois primé, est le premier long métrage du réalisateur et scénariste tunisien Mehdi Barsaoui. Né dans une famille investie dans le cinéma, après des études de montage à Tunis et à Bologne, il se lance, à partir de 2010, dans la réalisation de quelques courts métrages dont il écrit le scénario et assure le montage.

Un fils, en situant l’action en 2011, une période d’instabilité, entre le renversement du président Ben Ali et l’élection d’une assemblée constituante qui laissait présager une poussée des islamistes, le réalisateur installe la politique en toile de fond du drame familial, à un moment où l’approche de la chute du colonel Kadhafi avait plongé la Libye dans un chaos propice à tous les trafics entre les deux états voisins. Cette ouverture du scénario donne l’occasion à Mehdi Barsaoui de brocarder l’intrusion de la religion dans les institutions, la vie sociale et la science : Farès dit à Meriem qu’il peut la faire emprisonner pour adultère et le chirurgien rappelle que la loi islamique limite la greffe d’organe au cercle très étroit de la proche famille.

Un fils, sobrement photographié par une caméra portée, mais bien contrôlée, par Antoine Héberlé, chef-opérateur chevronné (Une vie de Stéphane Brizé), fait entrer le spectateur dans l’intimité des deux personnages principaux, souvent cadrés en très gros plans, en donnant l’occasion d’apprécier le jeu de Sami Bouajila, salué par le Prix d’interprétation masculine à la Mostra de Venise, dans la section Orizzonti.

Un fils, s’il ne manque pas d’atouts, souffre pourtant d’une discutable rupture de ton dans le récit. La tension dramatique, bien entretenue pendant la première moitié du film, tend à se relâcher quand s’ouvre la longue parenthèse d’une histoire dans l’histoire, quand Farès part en Libye pour contourner toutes les difficultés qui font s’éloigner l’espoir d’une greffe.

Un fils (97 minutes) tient sur DVD-9 logé dans un boîtier non fourni pour le test.

Le menu animé et musical propose le film dans sa version originale, en arabe et en français, avec sous-titres optionnels, et le choix de deux formats audio, Dolby Digital 5.1 ou 2.0 stéréo.

Sous-titres anglais disponibles.

Entretien avec le réalisateur Mehdi Barsaoui (23’). Issu d’une famille recomposée, l’idée du film lui est venue de questionnements sur la famille nucléaire en Tunisie, sur la place du père, en des temps où les équilibres de la région vacillaient. L’écriture du scénario « à plusieurs strates » a pris quatre ans (notamment pour rassembler la documentation sur l’aspect médical et sur la situation en Libye), avec l’aide de Magali Negroni qui a permis d’étoffer le personnage de Meriem. Son attention avait été attirée sur Sami Bouajila dès Les Silences du palais (Samt el qusur, Moufida Tlatli, 1994) et il a retenu, après casting, Najla Ben Abdallah, très connue à la télévision en Tunisie. Un mois avant le tournage, des répétitions ont permis de retoucher les dialogues et de découvrir comment exploiter « les failles » des deux acteurs. Son choix entre les trois prises des scènes les plus dramatiques a été guidé par le souci d’éviter tout jugement des deux personnages. Le choix du charango, un instrument à cordes pincées sud-américain, en duo avec le saxophone, pour l’accompagnement musical visait à donner au film une certaine universalité. Sorti en janvier 2020 en Tunisie, le film est resté dix semaines à l’affiche et a suscité de nombreux débats.

L’image (2.35:1) bénéficie d’une fine résolution révélant les détails du cadre sur toute la profondeur du champ des plans de paysages. Les couleurs, naturelles, soigneusement étalonnées, respectent les tons de peau dans les nombreux gros plans sur les personnages. La luminosité et de solides contrastes, avec des noirs très denses, assure la lisibilité de chaque séquence, quelles que soient les conditions d’éclairage.

Le son DTS-HD Master audio 5.1 de la version originale (avec une utile option 2.0 stéréo), très propre, priorise les dialogues. Une large ouverture de la bande passante et une bonne dynamique donne une réelle présence à l’ambiance, avec une répartition du signal sur les cinq voies réussissant à immerger le spectateur dans l’action, discrètement, mais de manière cohérente, en donnant de l’ampleur à l’accompagnement musical.

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