Réalisé par John Irvin
Avec
Patrick Allen, Timothy West et Rosalie Crutchley
Édité par Elephant Films
Thomas Gradgrind, veuf, superviseur des écoles de Coketown, une cité industrielle, est un rigoureux rationaliste : seuls comptent les faits, les chiffres, le devoir et le travail. C’est dans cet état d’esprit qu’il guide l’éducation de Louisa et Thomas, ses enfants, et de Cecilia ‘Sissy’ Jupe, abandonnée par son père, le clown d’un cirque de passage. Thomas Gradgrind annonce un jour à Louisa que son ami, le patron d’une filature, Josiah Bounderby, un self-made man avec lequel il partage les mêmes idées, l’a demandée en mariage. L’homme, peu éduqué, a trente ans de plus que Louisa qui se résigne pourtant à répondre favorablement à la demande. Un nouveau venu, James Harthouse, briguant une élection au parlement, n’est pas insensible à la beauté de Louisa…
Les Temps difficiles (Hard Times) est la deuxième des trois adaptations du roman publié par Charles Dickens en 1854, sous forme de feuilleton dans son hebdomadaire Household Words, la même année où était édité, dans le même magazine, North and South, un autre roman social, écrit par Elizabeth Gaskell qui sera, lui aussi, plusieurs fois adapté pour le petit écran. Charles Dickens est une source d’inspiration intarissable pour le cinéma et la télévision : de 1897 à aujourd’hui, plus de 400 adaptations de son oeuvre ont été réalisées et une dizaine d’autres sont annoncées ! Sur ce terrain-là, il bat largement son contemporain d’outre-Manche, Victor Hugo.
Les Temps difficiles a été adapté pour la télévision par Arthur Hopcraft, également connu pour l’adaptation d’une autre oeuvre de Charles Dickens, Bleak House (1985, 8 épisodes), de deux romans de John Le Carré en deux brillantes miniséries, Tinker Tailor Soldier Spy (1979, 7 épisodes) et A Perfect Spy (1987, 7 épisodes) et, en 1997, du Rebecca de Daphne Du Maurier qui sera son dernier scénario.
L’adaptation du roman, relativement fidèle, simplifie le récit, par exemple en supprimant les trois plus jeunes enfants de Thomas Gradgrind et en réduisant, au profit du mélodrame familial, la dimension sociale de l’oeuvre et en reléguant à l’arrière-plan le personnage de Stephen Blackpool, licencié parce qu’il avait dit à Josiah Bounderby, qui les lui demandait, les raisons du mécontentement des ouvriers.
Les Temps difficiles, avec la mise en scène classique de John Irvin qui avait déjà réalisé la minisérie politique The Nearly Man (1975, 7 épisodes), puis réalisera en 1979 Tinker Tailor Soldier Spy, bénéficie d’une solide distribution avec, dans le rôle de Thomas Gradgrind, Patrick Allen et dans celui de Josiah Bounderby, Timothy West, dont le jeu un peu théâtral n’étonnera pas si l’on sait qu’ils firent partie de la Royal Shakespeare Company. Il faut également citer, pour son interprétation de James Harthouse, Edward Fox qui reçut cette année-là un BAFTA Award pour sa prestation dans l’excellent film de guerre Un Pont trop loin (A Bridge Too Far, Richard Attenborough, 1977).
Les nombreux amateurs de séries devraient apprécier cette digne adaptation de Charles Dickens, faite avec le soin particulier apporté aux décors et aux costumes des productions britanniques, et faire facilement pardonner les imperfections de l’image et du son.
Les Temps difficiles (4 épisodes d’une durée cumulée de 200 minutes) tient sur deux DVD-5 logés dans un boîtier non fourni pour le test.
Le menu animé et musical propose la minisérie dans sa version originale, en anglais, avec sous-titres optionnels, au format Dolby Digital 1.0.
Bande-annonce de Les Temps difficiles et des miniséries Tant qu’il y aura des hommes (From Here to Eternity, 1979), Prince Noir (Black Beauty, Daniel Haller, 1979), Tanamera : le lion de Singapour (1989), La Déesse d’Or (Robert Guez, 1981), Barbara Hutton : Destin d’une milliardaire (Poor Little Rich Girl: The Barbara Hutton Story, Charles Jarrott, 1987) et Shaka Zulu (William C. Faure, 1987).
L’image (1.26:1, un ratio insolite) assez propre, avec une définition moyenne, pêche surtout par des noirs poreux, des couleurs délavées à l’étalonnage défaillant qui fait souvent virer les visages au rouge.
Le son Dolby Digital 1.0 fait l’essentiel en restituant clairement les dialogues. Ce qui aide à pardonner un souffle assez présent et les distorsions de l’accompagnement musical.
Une restauration complète étant improbable, ces défauts sont compensés par l’intérêt de la minisérie, encore inédite en France.
Crédits images : © Elephant Films