Ma Barker et son gang (1960) : le test complet du DVD

Ma Barker's Killer Brood

Réalisé par Bill Karn
Avec Lurene Tuttle, Tristram Coffin et Paul Dubov

Édité par Artus Films

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Le 11/12/2020
Critique

Film noir policier inédit en France, d’après l’histoire vraie du gang Barker, au réalisme âpre et violent.

Ma Barker et son gang

Ma Barker et son gang (Ma Barker’s Killer Brood, USA 1959) de Bill Karn est un film noir policier violent de série B qui était inédit au cinéma en France. Il s’inscrit dans une série de films noirs (cinéma et téléfilms) inspirés par le gang de Kate Barker, en activité durant la période de la Grande dépression des années 1929-1935. C’est, pour l’historien et le cinéphile, une intéressante version alternative à d’autres titres sur le même sujet tels que Les Bas-fonds de Chicago (Queen of the Mob / The Woman From Hell, USA 1940) de James P. Hogan d’après un scénario de Horace McCoy et Bloody Mama (USA 1970) de Roger Corman.

Le rôle féminin principal est tenu d’une manière remarquable par l’actrice Lurene Tuttle (qui incarne l’année suivante l’épouse du shérif dans Psychose d’Hitchcock) avec un abattage qui ne le cède en rien en énergie à celui dont fera preuve dix ans plus tard Shelley Winter dans le même rôle pour Corman. Le texte introductif d’ouverture (assurant que le scénario est basé sur des archives du FBI, des témoignages, des articles de presse d’époque ») est à la fois vrai et faux : vrai parce qu’il met en scène certains faits réels (le suicide d’Herman Barker, le meurtre du second mari de Kate Barker que sa famille et ses complices soupçonnaient de trop parler lorsqu’il était ivre), faux parce certains autres faits représentés ou certains détails de ces faits ne sont pas considérés aujourd’hui comme historiquement établis (lors de la fusillade finale en Floride, il n’est, par exemple, pas certain que Kate Barker ait elle-même tiré sur la police avec un PM Thompson M1928A1 calibre 45ACP, comme on le voit ici et comme on le verra chez Corman en 1970), sont datés différemment (le suicide d’Herman aurait eu lieu en 1927 et non pas vers 1933 comme on le voit ici) sans parler des rapports avec les gangsters contemporains John Dilinger, Baby Face Nelson et Mitraillette-Kelly que Karn détaille à plusieurs reprises mais qui semblent sujets à caution (sans mauvais jeu de mots).

Ma Barker et son gang

Sur le plan de la violence graphique, cette série B (au budget limite de série C mais qui utilise assez bien le moindre élément de direction artistique dont elle dispose) fait preuve d’une vigueur parfois surprenante. Par exemple cette audace syntaxique : les premières images du générique montrent un homme en train d’être brûlé vif sans qu’on sache pourquoi ni par qui. L’histoire nous l’apprendra par la suite lorsqu’on reverra la séquence insérée à sa place chronologique au montage. Les tirs au PM Thompson calibre 45ACP sont réalistes : le souffle à la bouche du canon et le recul induit correspondent visuellement au calibre utilisé. Karn traite le rapt du banquier d’une manière différente de ce que fera Corman en 1970 : on en voit le début (les préparatifs et le très rapide enlèvement) et la fin (sa libération et l’amorce de l’enquête) mais absolument pas la période de détention alors que ce sera plutôt l’inverse chez Corman. Les deux titres sont donc assez complémentaires de ce point de vue.

Sur le plan esthétique de la mise en scène, on remarque une brève mais tout de même assez nette imitation (lors de l’attaque du fourgon blindé) de l’idée du célèbre plan-séquence en caméra subjective à partir du point de vue du conducteur d’une voiture dans Gun Crazy (USA 1950) de Joseph H. Lewis. Sans oublier la chanson en duo qui émaille une soirée presque surréaliste entre gangsters, le soin accordé aux enchaînements de séquences avec une ironie parfois savoureuse (le banquier refermant la porte, l’air lassé, après son rendez-vous d’affaire avec la pseudo-riche veuve qui prépare son enlèvement sans qu’il le sache), parfois cruelle (le meurtre du petit hamster suggéré en hors-champ dans la cellule de la prison) ainsi que le fait, assez peu courant à cette époque, que le générique d’ouverture est limité au titre du film et à l’avertissement historique mentionné supra, le véritable générique étant inscrit à la fin du film. Casting assez homogène et savoureux bien que la plupart des acteurs soient, chez nous, peu connus.

Pas un classique au sens strict du terme mais une intéressante rareté qui mérite assurément d’être découverte par l’amateur de film noir policier.

Ma Barker et son gang

Présentation - 3,0 / 5

1 DVD-5 zone 2 Artus Films, collection « Les Classiques », édité le 01 décembre 2020. Format 1.37 N&B compatible 4/3, son mono VOSTF uniquement, durée du film sur DVD : 85 min. 30 sec. environ. Bande-annonce générale Artus de la collection Les Classiques et de ses plus récentes parutions. Jaquette illustrée au verso de 3 mignonnes photos N&B de plateau, d’une reproduction en couleurs de l’affiche originale et mentionnant quelques informations intéressantes.

Bonus - 0,0 / 5

Aucun. Dommage car il y avait sûrement une belle galerie affiches et photos à constituer, si j’en juge par le verso de la jaquette en présentant quelques-unes.

Image - 2,5 / 5

Format original 1.37 standard en N.&B. compatible 4/3. Copie argentique en état inégal mais passable : un peu d’instabilité sur l’émulsion de certains plans, des poussières négatives et positives sur certains autres, quelques brûlures de cigarettes marquant les changements de bobines sur la copie positive, quelques griffures ou déchirures mais, au total, rien de bien grave. Numérisation correcte : le bruit vidéo est bien contrôlé (il apparaît sur deux ou trois plans, pas davantage : une ceinture en tissus que Ma porte autour de sa taille, par exemple). Quelques stocks-shots (plans d’ensemble de prison) sont moins bien définis. Le reste est doté d’une luminosité correcte et d’une bonne définition compte tenu des limites inhérentes au support.

Son - 4,0 / 5

Dolby Digital Mono d’origine 1.0 VOSTF. : pas de VF d’époque à regretter car le titre est inédit en France, l’offre est donc nécessaire et suffisante, concernant le son. Piste originale mono américaine en bon état sans défaut manifeste mis à part un peu de souffle et une légère inégalité occasionnelle de niveau entre dialogues et effets sonores. STF bien traduits et très bien lisibles. La chanson en duo (qui pourrait avoir été composée dès l’époque des western, étant données son orchestration et ses paroles) durant la soirée des gangsters est techniquement en très bon état et assez dynamique.

Crédits images : © Screen Classics

Configuration de test
  • Téléviseur 4K LG Oled C7T 65" Dolby Vision
  • Panasonic BD60
  • Ampli Sony
Note du disque
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francis moury
Le 12 décembre 2020
Film noir policier inédit en France, d’après l’histoire vraie du gang Barker, au réalisme âpre et violent.

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