Société anonyme anti-crime (1972) : le test complet du DVD

Réalisé par Stefano Vanzini
Avec Enrico Maria Salerno, Mariangela Melato et Mario Adorf

Édité par Artus Films

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Le 11/01/2021
Critique

Un des classiques du film noir policier italien violent de la période 1970-1980, en version intégrale.

Société anonyme anti-crime

Société anonyme anti-crime (La Polizia ringrazia, Ital.-RFA 1972) de Stefano Vanzina (1917-1988, alias « Steno », le pseudonyme sous lequel il signa nombre de comédies y compris une avec Brigitte Bardot en 1956) est un film noir policier au rythme assez nerveux et au scénario assez solide, servi par un casting homogène dont se détachent sa mignonne vedette féminine Mariangela Melato et les acteurs Corrado Gaipa, Cyril Cusak, Mario Adorf, Franco Fabrizi et Enrico Maria Salerno. Ce dernier dans un rôle aux antipodes de celui qu’il tiendra dans l’admirable La Bête tue de sang-froid (L’Ultimo treno della notte, Ital.-Fr.-GB 1974) de Aldo Lado, ce qui permet d’avoir une idée de l’étendue de son registre. Enrico Maria Salerno fut, en effet, un des grands acteurs du film noir policier violent italien de la décennie 1970-1980, aux côtés de Franco Nero, Luc Merenda, Fabio Testi, Maurizio Merli et tant d’autres (sans oublier les acteurs américains, d’origine italienne ou non, qui venaient tourner en Italie dans ces mêmes films policiers : Lee J. Cobb, Barry Sullivan, Richard Conte, Henri Silva, etc.) si populaires à cette époque dans les salles de cinéma européennes.

Dans la filmographie de Vanzina, c’est son unique contribution (hors comédies policières parodiques qu’il tourna aussi à la même époque mais qui relèvent non pas du genre pur mais de sa corruption comique) au genre. Le scénario se veut une parabole dénonciatrice et critique, à l’image de l’antérieur Enquête sur un citoyen au-dessus de tout soupçon (Ital. 1970) d’Elio Petri mais il profite de la liberté inhérente à la série B pour augmenter nettement son niveau de violence graphique (la fille précipitée par un voyou d’une moto puis écrasée dans la foulée par une voiture de police). Il joue aussi sur un aspect caricatural et populiste, sorte de dérivé sulfureux du néo-réalisme classique : la séquence durant laquelle le commissaire montre à des journalistes, massés dans un autocar comme des touristes, les aspects crapuleux et la prostitution du « Rome by night », est assez virulente et savoureuse en dépit de sa vulgarité. C’était le fond de commerce de « Steno » et le registre dans lequel il fut le plus à l’aise. Passons sur la critique de l’État-proxénète (à cause de la répression juridique des prostituées par de multiples amendes sans que les proxénètes soient réellement inquiétés) qui semble aujourd’hui une rengaine usée mais qui, en 1970, ne l’était pas : elle avait un parfum réellement contestataire.

Le thème de la police parallèle ou de la société secrète policière rendant une justice bien plus implacable que celle permise par des institutions démocratiques inadaptées à la virulence du crime, est une constante du cinéma policier italien de la période 1970-1980 : c’est ici l’une de ses toutes premières illustrations. Vanzina y frôle la politique-fiction et s’y montre ambitieux. Ce thème annonce rétrospectivement le Magnum Force (USA 1973) de Ted Post, lui-même inspiré par des faits réels survenus en Amérique du Sud dès les années 1960. Stefano Vanzina est soucieux de réalisme sous un autre aspect, plus matériel et vérifiable, celui de l’équipement des policiers italiens et de l’armement en circulation chez les truands en 1970. Les carabines USM1 et les pistolets-mitrailleurs Beretta M38/42, la spectaculaire carabine à verrou manuel pour le tir de précision (entre les mains de la police et de la police parallèle), les pistolets semi-automatiques Beretta M1934, M1951 et M70 (répartis entre police, police parallèle et truands) sont conformes à la réalité historique des équipements en dotation réglementaire et / ou en circulation illégale à cette époque.

Notons enfin que Le Grand kidnapping (La Polizia sta a guardare, Ital. 1973) de Roberto Infascelli, le producteur de ce titre de 1972, reprendra en vedette l’acteur Enrico Maria Salerno (aux côtés d’un casting plus ample) mais sans le cinéaste Vanzina à la mise en scène ni au scénario.

Société anonyme anti-crime

Présentation - 3,0 / 5

1 DVD-5 zone 2 Artus Films, collection « Polar », édité le 05 janvier 2021. Format 2.35 couleurs compatible 16/9, Dolby Digital mono VOSTF + VF d’époque, durée du film sur DVD : 93 min. environ. Suppléments : bande-annonce générale Artus de la collection Polar + Présentation par Emmanuel Le Gagne + Diaporama affiches et photos + bande-annonce originale.

Bonus - 3,0 / 5

Présentation par Emmanuel Le Gagne (durée 22 min. 30 sec. environ) : elle établit soigneusement la situation esthétique du film au sein du genre, sa position chronologique dans la filmographie de son cinéaste. Elle est un peu légère sur le casting et les techniciens principaux mais, dans le peu de temps imparti, impossible de s’étendre non plus. Le Gagne considère qu’on doit découvrir « Steno » réalisateur (et scénariste prolifique) par deux titres majeurs dont celui-ci. Possible mais il en oublie à mon avis un troisième, souvent passé sous silence (car invisible depuis longtemps) mais important dans l’histoire du cinéma fantastique et qu’il aurait fallu mentionner : sa comédie Les Temps sont durs pour les vampires (Ital. 1959) dans lequel Christopher Lee parodiait le rôle qu’il avait tenu l’année précédente dans Le Cauchemar de Dracula (Dracula / Horror of Dracula GB 1958) de Terence Fisher.

Galerie affiches et photos diaporama (durée 1 min. environ) : elle comporte une dizaine de documents, parmi lesquels une belle affiche belge curieusement munie de trois titres (un titre anglais, un titre français qui traduit littéralement le titre italien - Avec les remerciements de la police - et un titre flamand) au lieu des deux titres habituels (un titre français et un titre flamand), quelques affiches et photos d’exploitation italiennes mais probablement pas le jeu complet.

Bande-annonce originale (VF, 2.35 compatible 16/9, durée 3 min. 30 sec. environ) : en état argentique correct, elle a l’originalité d’être en VF d’époque mais de présenter des textes (notamment le titre du film) rédigés en italien. Elle comporte aussi un ou deux plans absents du montage final du film de référence.

Société anonyme anti-crime

Image - 4,0 / 5

Format original TechniScope 2.35 couleurs, compatible 16/9. Copie argentique en bon état général sauf la discussion entre le commissaire de police et le substitut du procureur pendant laquelle la pellicule, sur ses bords droits et gauches, est de temps en temps incrustée de petits mais visibles marquages circulaires translucides, durant trente secondes ou une minute. Transfert vidéo correct d’une direction photo signée Riccardo Pallotini qui signa la photo des meilleurs TechniScope mis en scène par Antonio Margheriti au tournant des années 1960-1970. Bien sûr le titre existe en Blu-ray doté d’une image supérieure mais… en édition allemande sans VF d’époque ni VOSTF.

Son - 5,0 / 5

Dolby Digital Mono d’origine 2.0 VOSTF + VF d’époque : offre nécessaire et suffisante pour le cinéphile francophone. Les séquences précédant le générique d’ouverture n’avaient pas été doublées car inédites au moment de la sortie cinéma : elles sont ici présentées en VOSTF sur la piste sonore VF. Musique composée par Stelvio Cipriani, un des meilleurs compositeurs du genre, mais ici assez sobre et sèche. L’expression qui donne son titre français au film est employée à plusieurs reprises par les dialogues de la VF d’époque.

Crédits images : © Droits réservés

Configuration de test
  • Téléviseur 4K LG Oled C7T 65" Dolby Vision
  • Panasonic BD60
  • Ampli Sony
Note du disque
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francis moury
Le 12 janvier 2021
Un des classiques du film noir policier italien violent de la période 1970-1980, en version intégrale.

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