La Dame rouge tua sept fois (1972) : le test complet du Blu-ray

La dama rossa uccide sette volte

Combo Blu-ray + DVD

Réalisé par Emilio Miraglia
Avec Barbara Bouchet, Ugo Pagliai et Marina Malfatti

Édité par Artus Films

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Le 16/09/2021
Critique

Second giallo très élaboré (et ultime réalisation signée) du cinéaste, appartenant à l’âge d’or du genre.

La Dame rouge tua sept fois

Allemagne 1972 : une mystérieuse meurtrière vêtue de rouge assassine sans raison apparente l’entourage familial et professionnel de Kathy, dynamique photographe de mode. Se pourrait-il qu’il s’agisse d’Evelyn, sa soeur officiellement disparue aux USA mais en réalité assassinée des années plus tôt ? Peut-être, à condition de croire à la vérité de la terrible légende familiale de la « dame rouge ». Si oui, Kathy sait qu’elle est sur une liste noire : son amant et la police ne pourront rien pour elle à moins que le destin s’en mêle.

La Dame rouge tua sept fois (La Dama rossa uccide sette volte, Ital.-RFA 1972) de Emilio Miraglia est doté d’un casting féminin qui intéressera les connaisseurs du cinéma-bis puisqu’il réunit Barbara Bouchet (en vedette) à Marina Malfatti et Sybil Danning (rien que pour cette dernière actrice, le titre mérite d’être vu). Bien sûr, le scénario cligne de l’oeil vers Six femmes pour l’assassin (Ital. 1964) de Mario Bava : même environnement professionnel, même structure de scénario (en dépit de la légende surajoutée qui confère à ce retour obsédant du refoulé, à cette curieuse « scène primitive » de meurtre, une certaine saveur psychanalytique), même sadisme baroque. Sur le plan purement filmographique, on pourrait y voir le second volet d’un diptyque initié par L’Appel de la chair (La Notte che Evelyn usci dalla tomba, Ital. 1971) de Emilio P. Miraglia dont Marina Malfatti serait le point commun presque charnel. Sans doute faut-il voir dans le prénom Evelyn conféré à la soeur de l’héroïne, une autre indication de liaison revendiquée puisque Miraglia collaborait à l’écriture du scénario des deux titres de 1971 et 1972, donc aussi à la création et au choix des noms des personnages.

La Dame rouge tua sept fois

Sur le plan de l’histoire du cinéma, ces deux titres de Miraglia font partie des débuts de l’âge d’or (1970-1975) du genre dont Riccardo Freda et Mario Bava avait posé les prémices une dizaine (dans le cas de Bava) voire même une quinzaine (dans le cas de Freda) d’années plus tôt mais qui sera réellement lancé par le succès de L’Oiseau au plumage de cristal (Ital.-RFA 1970) de Dario Argento. On y retrouve, portés à leur point fonctionnel d’incandescence, tous ses ingrédients thématiques et esthétiques. Aucun d’eux, pris à part, n’est certes original. L’idée de la cave inondée menaçant de noyer le héros et / ou l’héroïne remonte, par exemple, bien plus haut dans l’histoire du cinéma : on la trouve dans des classiques du cinéma fantastique tels que La Vierge de Nuremberg (Ital. 1963) de Antonio Margheriti, dans Le Testament du Dr. Mabuse (All. 1932) de Fritz Lang, et on pourrait encore sans doute remonter plus haut dans l’histoire du film muet. L’originalité provient plutôt de leur rassemblement méthodique, structurel, fonctionnel, finalement obsédant car produisant l’effet d’une logique cauchemardesque. Quelque part, l’idée d’une réalité décomposée en facettes dénuées de sens mais dont l’ensemble formerait un tout individuel, au sens presque logique et vivant à la fois, correspond assez à l’art plastique de l’époque où des sculptures assemblées de mobiles produisaient des sons et des effets lumineux produisant un effet d’ensemble soigneusement prévu. Le plus convenu de ces éléments demeure, en apparence, la psychologie des personnages (et les enjeux de leurs actions : un héritage convoité, une réussite professionnelle excitant la jalousie, un chantage au meurtre, un trafic de drogue, etc.). Il relève assurément du roman-photo (certains plans aussi du point de vue du cadrage et même du montage) mais il est subverti par le sadisme et le masochisme mis en scène, par la luxuriance des éclairages et du montage, par la mise en scène devenant elle-même, en fin de compte, son propre objet.

Le giallo, à mesure qu’il devient catégorie à part entière aux confins de plusieurs genres (épouvante, érotisme, film noir policier) devient en effet un jeu avec la représentation et la conflagration de ces genres. Peut-être Emilio P. Miraglia a-t-il estimé, en créateur pleinement conscient de son art, qu’il avait abouti, avec ses deux ultimes titres de 1971 et de 1972, à une sorte de point de non-retour qui rendait inutile la poursuite de la démonstration ? On ne laisse pas, en tout cas, d’être surpris en constatant qu’il cesse de tourner après avoir donné deux oeuvres aussi structurellement impeccables et concertées.

La Dame rouge tua sept fois

Présentation - 3,0 / 5

1 digipack sous fourreau Artus, édité le 07 septembre 2021, contenant 1 DVD-9 PAL zone 2 + 1 Blu-ray 50 région B. Durée du film (version intégrale) : 99 min. environ (sur Blu-ray), 95 min. env. (sur DVD). Format 2.35 original respecté compatible 16/9, couleurs. Son Linear PCM VOSTF 2.0 mono + VF d’époque mono sur Blu-ray, Dolby Digital mono sur DVD. Suppléments (sur Blu-ray et sur DVD)  : présentation par Emmanuel Le Gagne (23 min. env.) et Lucile Hadzihalilovic (14 min. env.) + diaporama affiches et photos (1 min. 30 sec. env.) + bande-annonce originale (VO, 3 min. env.) + bandes annonces Artus des autres films de sa collection Giallo. Beau digipack illustré d’une reproduction de l’affiche italienne et d’une reproduction d’une affiche américaine ou anglaise.

Bonus - 3,0 / 5

Ces bonus sont visibles aussi bien sur le Blu-ray que sur le DVD.

Présentation par Emmanuel Le Gagne (durée 22 min. environ) : filmographie commentée en détails du cinéaste Emilio P. Miraglia, un peu plus rapidement couvertes concernant les actrices Barbara Bouchet et Sybil Danning puis claire et précise exposition des origines (Mario Bava bien sûr mais Riccardo Freda est un peu trop laissé de côté à mon goût alors qu’il annonçait le genre avant Bava dès 1956) et des caractéristiques de l’âge d’or (1970-1975) du giallo, enfin bonne analyse des qualités du film. On peut ici observer de temps en temps de mignonnes affiches bien que reproduites en trop petites tailles à mon goût. Lorsqu’une affiche est reproduite, il faudrait qu’elle occupe la totalité de l’écran afin qu’on puisse vraiment en profiter.

Entretien avec Lucile Hadzihalilovic (durée 14 min. env.) : la réalisatrice évoque sa découverte adolescente du film et compare l’effet alors produit à sa récente révision. Ce n’est pas un entretien stricto sensu puisqu’il n’y a pas d’interlocuteur : seule la réalisatrice s’exprime et aucun interlocuteur n’apparaît à l’écran. On aurait pu l’intituler, en psychologie classique : « souvenirs de vision et vision récente » car il y a une comparaison entre l’effet psychique produit sur l’adolescente à première vision, sur l’adulte plus âgée à seconde vision… et devenue cinéaste à son tour, du coup la contingence subjective est revisitée par l’objectivité critique. Ces souvenirs revus et actualisés, entrecoupée de larges extraits du film (extraits inutiles car en général on visionne ces présentations après avoir vu le film de référence, afin de bénéficier d’un suspense intact), valent par certains aperçus sur les qualités esthétiques (le soin apporté au montage, à la direction artistique) et thématiques (notamment le thème fondamental dans le giallo de la quête d’identité) du film. Les affiches de classiques du cinéma fantastique ornant la pièce où a lieu « l’entretien » sont filmées d’une manière fragmentaire : j’aurais préféré les voir intégralement restituées.

Bande-annonce originale (VO anglaise sans STF, durée 3 min. 15 sec. env.) : état argentique moyen mais bonne numérisation privilégiant davantage le grain que sur le film de référence ; montage soigné, effets typiques du genre et de l’époque (équidensités, passage du positif au négatif ou l’inverse, etc.) très efficaces encore aujourd’hui.

Diaporama (durée env. 1 min. 35 sec. env., sonorisé avec la musique de Bruno Nicolai) : plus riche que celui de L’Appel de la chair, il comporte de belles affiches, une ou deux jaquettes VHS et de nombreuses photos d’exploitation, notamment italiennes.

La Dame rouge tua sept fois

Image - 5,0 / 5

Format original 2.35 respecté en couleurs, compatible 16/9 (Full HD 1080p AVC sur Blu-ray). Version intégrale restaurée en master 2K. État argentique supérieur à tout ce qu’on a vu auparavant concernant ce titre. Excellente définition. Colorimétrie vive et nuancée autant en intérieurs qu’en extérieurs, notamment en extérieurs nuit, si importants dans le giallo. C’est désormais l’édition de référence en Full HD. Transfert numérique équilibrant parfaitement le rapport entre grain argentique et lissage vidéo.

Son - 4,0 / 5

Linear PCM Mono 2.0 (sur le Blu-ray) ou Dolby Digital Mono (sur le DVD) en VOSTF et VF d’époque : offre complète pour le cinéphile francophone. L’état technique de la Vitalienne est supérieur à celui de la VF d’époque, par ailleurs assez standard sur le plan dramaturgique. Musique à nouveau signée Bruno Nicolai, dotée d’une dynamique bien reproduite.

Crédits images : © Phoenix Cinematografica, Romano Film, Traian Boeru

Configuration de test
  • Téléviseur 4K LG Oled C7T 65" Dolby Vision
  • Panasonic BD60
  • Ampli Sony
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francis moury
Le 17 septembre 2021
Second giallo très élaboré (et ultime réalisation signée) du cinéaste, appartenant à l’âge d’or du genre.

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