L'Appel de la chair (1971) : le test complet du Blu-ray

La notte che Evelyn uscì dalla tomba

Combo Blu-ray + DVD

Réalisé par Emilio Miraglia
Avec Anthony Steffen, Marina Malfatti et Enzo Tarascio

Édité par Artus Films

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Le 16/09/2021
Critique

Giallo italien réputé alliant avec une réelle virtuosité l’épouvante fantastique, le film noir policier et l’érotisme.

L'Appel de la chair

Angleterre 1971 : Lord Cunningham est un riche héritier devenu un psychopathe hostile aux femmes, suite aux circonstances tragiques du décès d’Evelyn, son épouse infidèle. Alors qu’il tente de récupérer à la suite de son traitement dans un asile psychiatrique, il rencontre lors d’une élégante réception Gladys, le sosie de la défunte, tombe fou amoureux d’elle, l’épouse. Elle se révèle une châtelaine honorable, aimante mais la présence du portrait d’Evelyn la gêne. Et puis un soir, Gladys croit apercevoir la morte. Cette apparition est le prélude d’une série d’étranges assassinats qui s’accumulent autour de Cunningham. La question se pose alors avec de plus en plus d’insistance  : Evelyn est-elle réellement morte ?

L’Appel de la chair (La Notte che Evelyn uschi dalla tomba, Ital. 1971) de Emilio Miraglia fut exploité en France à une époque (1970-1975) où le cinéma érotique rapportait de plus en plus d’argent aux distributeurs de Paris et de la province, ce qui explique qu’ils aient préféré ce navrant titre d’exploitation à la fois racoleur et passe-partout, à une traduction littérale (La Nuit où Evelyn est sortie de sa tombe) de son titre original, purement fantastique. Esthétiquement très élaboré, maniant bien le format TechniScope 2.35, doté de beaux décors et de non moins beaux extérieurs naturels, L’Appel de la chair est un film soigné. Le scénario original (à la structure de poupées russes comme souvent dans le giallo) aurait été exploité en pas moins de neuf versions anglaises différentes entre les USA, l’Angleterre et les autres pays anglophones : tel ou tel plan coupé, telle ou telle séquence écourtée ou supprimée du montage. Sans doute sa structure s’y prête-t-elle car elle repose sur une constante oscillation entre plusieurs genres qui se faisaient alors ouvertement concurrence : l’épouvante (un peu sur le déclin mais qui avait encore de très beaux restes), l’érotisme (dont la vague était montante : le nu intégral devenant alors courant quel que fût le genre dans lequel on l’intégrait), enfin le film noir policier (à condition qu’il soit doté d’un haut niveau de violence graphique). Cette oscillation produit un effet amplificateur naturel et une esthétique fantastique habilement exploitée.

L'Appel de la chair

Miraglia n’est certes pas Mario Bava mais il faut avouer qu’il n’en est ici pas très loin, en tout cas pas très loin du Bava de la période 1970. Miraglia, ancien assistant réalisateur (notamment en 1960 sur un des meilleurs péplums signés par Vittorio Cottafavi) est ici véritablement inspiré et L’Appel de la chair mérite d’être découvert. Les premières séquences sont intégrables à l’idée surréaliste, hitchcockienne et bunuelienne tout autant, que l’histoire pourrait être un cauchemar : la conclusion, du fait de son invraisemblance assumée, n’empêche même pas de le songer, l’espace d’un instant. Par-delà le suspense manifeste de l’intrigue policière qui ressemble par moments à un roman-photo névrosé et déformé (cas fréquent dans le giallo), il y a une sorte d’angoisse esthétique sous-jacente, latente, qui confère à L’Appel de la chair un second degré intéressant.

Le casting féminin réunit Marina Malfatti (la quarantaine ravageuse) à Erika Blanc (au sommet de son érotisme) : j’aurais personnellement préféré qu’on profitât davantage d’Erika Blanc mais sa parcimonieuse présence est néanmoins très bien exploitée, y compris sur le plan dramatique. Miraglia reprendra l’année suivante Marina Malfatti en compagnie des mignonnes Sybil Danning et Barbara Bouchet dans un second giallo qui fut aussi son ultime film : La Dame rouge tua sept fois (La Dama rossa uccide sette volte, Ital. 1972).

L'Appel de la chair

Présentation - 2,0 / 5

1 combo Artus, édité le 07 septembre 2021, contenant 1 DVD-9 PAL zone 2 + 1 Blu-ray 50 région B. Durée du film (version intégrale) : 103 min. environ (sur Blu-ray), 98 min. 30 sec. env. (sur DVD). Format 2.35 original respecté compatible 16/9, couleurs. Son Linear PCM VOSTF 2.0 mono + VF d’époque mono sur Blu-ray, Dolby Digital mono sur DVD. Suppléments (sur Blu-ray et sur DVD)  : présentation par Emmanuel Le Gagne (22 min. env.) + diaporama affiches et photos (2 min. env.) + bande-annonce originale (VO, 3 min. env.) + bandes annonces de la collection Giallo éditée par Artus. Le digipack est bien illustré (notamment de photos de production / « production stills » en N&B) reproduites à l’intérieur et les sérigraphies sont mignonnes.

Bonus - 3,0 / 5

Ces bonus sont visibles aussi bien sur le Blu-ray que sur le DVD.

Présentation par Emmanuel Le Gagne (durée 22 min. environ) : Elle situe soigneusement le titre dans l’histoire du cinéma fantastique italien, remontant aux sources du giallo, donc aux cinéastes Riccardo Freda et Mario Bava. Sur son emploi du terme « gothique », je renvoie à la note additionnelle de ma critique de Les Sévices de Dracula (Twins of Evil, GB 1971) de John Hough, archivée en ligne sur Stalker-Dissection du cadavre de la littérature. Une fois achevées les présentations filmographiques succintes des acteurs principaux Marina Malfatti, Erika Blanc, Anthony Steffen, du cinéaste Emilio P. Miraglia, et de son directeur artistique (qu’il a raison de mettre en valeur), Emmanuel Le Gagne passe à l’analyse thématique et esthétique du film : elle me semble pertinente, globalement intéressante, sémantique et sémiologie du terme « gothique » mises à part. Le Gagne a notamment raison d’insister sur l’oscillation constante entre les divers genres servis par le scénario et sur la très bonne exploitation des décors. Illustration parcimonieuse de ses propos : quelques petites photos N&B des actrices et acteurs ; la plupart du temps on est caméra sur pied face au locuteur et à sa vidéothèque (où le cinéma-bis et le cinéma classique sont tous deux bien représentés) en arrière-plan.

Bande-annonce originale (VO sans STF, durée 2 min. environ) : état argentique moyen mais bonne numérisation; montage soigné, équidensités colorées et effets de passage de pellicule positive à négative (typiques de l’époque), efficaces encore aujourd’hui. Bien sûr on ne peut pas s’empêcher de penser, rétrospectivement, aux giallos de Mario Bava (et à leurs bandes-annonces, nourries des mêmes effets esthétiques) tournés à la même époque, de 1969 à 1971.

Diaporama (durée environ 2 min., sonorisé avec la musique de Bruno Nicolai) : quelques mignonnes affiches (dont une anglaise ou américaine assez célèbre, montrant le fantôme d’Evelyn brandissant une tête coupée) et un jeu de photos d’exploitation allemande dont la numérisation est décevante car elle recadre légèrement les documents originaux, ainsi qu’en témoigne la mutilation de l’étiquette inférieure portant le titre allemand, sauf une photo intégralement (donc correctement) restituée.

L'Appel de la chair

Image - 5,0 / 5

Format original 2.35 respecté en couleurs, compatible 16/9 (Full HD 1080p AVC sur Blu-ray). Version intégrale restaurée 2K. État argentique impeccable, excellente définition vidéo y compris pour les scènes nocturnes, colorimétrie nuancée autant en intérieurs qu’en extérieurs, transfert numérique équilibrant le rapport entre grain argentique et lissage vidéo mais privilégiant un peu ce dernier aux dépends du premier : c’est désormais l’édition française de référence en Full HD. Cerise sur le gâteau : la copie argentique est munie de son générique italien d’ouverture.

Son - 4,0 / 5

Linear PCM mono 2.0 (sur le Blu-ray) ou Dolby Digital mono (sur le DVD) en VOSTF et VF d’époque : offre complète pour le cinéphile francophone. La VF est dramaturgiquement pertinente, techniquement un peu inégale (souffle, saturation) par rapport à la VitalienneSTF en meilleur état. Cette VF est dotée, sur les parties inédites en France, de quelques séquences en VOSTF permettant de bien mesurer les coupes effectuées lors de la distribution cinéma initiale chez nous : contribution à l’histoire de l’exploitation internationale du titre, partie intégrante de l’histoire du cinéma. Musique assez standard pourtant signée Bruno Nicolai mais dotée d’une dynamique bien reproduite.

Crédits images : © Phoenix Cinematografica

Configuration de test
  • Téléviseur 4K LG Oled C7T 65" Dolby Vision
  • Panasonic BD60
  • Ampli Sony
Note du disque
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francis moury
Le 17 septembre 2021
Giallo italien réputé alliant avec une réelle virtuosité l’épouvante fantastique, le film noir policier et l’érotisme.

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