Réalisé par Lilly Wachowski
Avec
Keanu Reeves, Laurence Fishburne et Carrie-Anne Moss
Édité par Warner Bros. Entertainment France
Néo est l’élu. Il est le seul à percer la plus grande mensonge de l’histoire de l’humanité : le monde n’existe plus. Il a été remplacé par une réalité virtuelle appelée Matrice, qui cache aux hommes la vérité : les machines ont pris le pouvoir, et ils ont réduit l’humanité à l’état de larve, pour leur extraire l’énergie électrique dont ils ont besoin. Un incroyable tour de force des frères Wachowski qui, en l’espace de 2 heures, relancent la carrière de Keanu Reeves, créent une histoire et un concept cyber qui resteront dans les annales de la SF, remplissent le film de références et symbolismes, et mettent en scène des scènes de kung fu finalement à l’hauteur du cinéma de Hong Kong. Et le plus beau est que c’est juste le premier chapitre d’une trilogie…
Fidèle à elle-même, Warner ne bouge pas d’un millimètre son packaging type, même si « Matrix » est très probablement son hit de l’année. Seule concession : une jaquette cartonnée à double volet. Par contre, la jolie sérigraphie du disque nord- américain à été abandonnée. Les menus animés sont splendides. L’éditeur poursuit sa politique de réserver les contenus DVD- Rom aux chanceux qui parlent anglais. « Matrix » est aussi un disque controversé, pour les problèmes de compatibilité existant sur un bon nombre de lecteurs (consulter la fiche et l’onglet des news). Techniquement, ce n’est pas la faute de Warner. Mais pousser des milliers d’utilisateurs à « upgrader » leur machine pour voir UN film, il fallait le faire… Est-ce qu’il n’y avait vraiment aucune autre solution pour élargir la sphère de compatibilité du disque ?
La chose la plus innovante des extras de « Matrix » n’est pas leur qualité, mais leur intégration. L’option du « lapin blanc » (vue aussi dans Astérix & Obélix contre César ) permet d’interrompre le film en cours pour zapper vers le making of des scènes en question (mais le « lapin » empêche l’affichage simultané de sous-titres). La fragmentation du matériel donne l’impression d’en avoir beaucoup plus que le nombre effectif. Le « must » indiscutable est la « pilule rouge », qui donne accès à un mini-documentaire sur les effets « bullet-time ». Les biographies & filmographies sont dans la norme. Le vrai tour de force du DVD se retrouve dans les suppléments DVD-Rom, avec le scénario intégral, les storyboards, l’image du site Web du film, des essais, un quiz… Le tout - of course - en anglais uniquement : Warner demande aux autres de rebrousser chemin. Certes, les contraintes de localisation, l’espace disque limité et quelques problèmes de droits ont mutilé ce disque de quelques éléments par rapport au zone 1. On regrette la disparition du commentaire audio avec Carrie-Anne Moss (entre autres), et on enrage en sachant qu’il est inclus dans l’édition australienne zone 4 du film..
Les Matrixophiles des salles obscures le savent bien : la teinte du film - avec ses couleurs « morphées » - est incroyablement difficile à restituer. Les cinéastes ont opté pour le parti pris des tons verdâtres pour les scènes qui se déroulent à l’intérieur de la Matrice. Ce ne sera pas cinématographiquement correct, mais c’est très convenable (« Matrix » est, après tout, un film sur l’illusion). Avec ce compromis, le film dévoile une image qui regorge de détails, définition et fluidité. Ce n’est pas ce qui s’est fait de mieux dans la zone 2 (les puristes préfèreront l’image zone 1), mais il s’approche du top absolu. Avec un film comme « Matrix », ça aurait été inconcevable de prétendre moins.
Enfin un film qui exploite à fond les capacités d’une installation cinéma. « Matrix » est conçu pour hypnotiser le spectateur, et obliger ses chats ou animaux de compagnie à chasser la localisation du son. Que ce soit la VO ou la VF, le résultat est le même. Le son devient un acteur à part entière, et il crée un univers particulièrement complexe et précis. Les FX à 360° du « bullet-time » deviendront la séquence de démo obligée de toutes les installations.