The North Water (2021) : le test complet du DVD

Bien calé dans votre canapé, vous augmentez vos chances de sortir sain et sauf d’une périlleuse chasse à la baleine dans le Grand Nord.

En 1859, Patrick Sumner, chirurgien dégradé de l’Armée des Indes, s’enrôle à Hull sur le Volunteer, un baleinier placé sous les ordres du capitaine Brownlee par l’armateur Baxter. Les deux se sont accordés à saborder le navire pour encaisser l’indemnité d’assurance. Brownlee a mis dans le coup le premier maître Cavendish et le harponneur Henry Drax qui vient d’assassiner un homme pour lui soutirer son argent avant que le Volunteer n’appareille pour le Nord du Groenland.

The North Water, une coproduction BBC et CBC Television, est l’adaptation, par son auteur et par le réalisateur Andrew Haigh, du bestseller éponyme publié en 2016 par l’universitaire et écrivain anglais Ian McGuire (Scribner, 2016, édité en France sous le titre Dans les eaux du Grand Nord en 2018 par 10/18).

Le Britannique Andrew Haigh a, notamment, écrit cinq et réalisé dix des dix-huit épisodes de la série Looking, l’histoire de trois amis gays de San Francisco et le long métrage 45 ans (45 Years, 2015), avec Charlotte Rampling et Tom Courtenay, sélectionné dans de nombreux festivals.

The North Water s’ouvre sur une citation d’Arthur Schopenhauer, « Le monde, mais c’est l’enfer, et les hommes se partagent en âmes tourmentées et en diables tourmenteurs », donnant le ton pessimiste d’une minisérie qui embarque ses personnages dans une aventure sans promesse d’un retour à bon port. Domine une ambiance pessimiste, accentuée par l’environnement hostile des solitudes glacées du nord de l’Océan Arctique puisqu’on nous entraîne, nous assure une productrice, jusqu’à 35 kilomètres du Pôle Nord, par une température chutant jusqu’à -50° !

The North Water se distingue d’abord par son intérêt documentaire. On nous embarque sur un vrai vieux gréement, un trois mats goélette qui pourrait bien, après un sérieuse restauration, avoir l’âge du rôle. Tout est vrai à bord, tout est authentique, mises à part, comme toujours, foi de marin, quelques incohérences entre la marche supposée du bateau et la surface de l’eau. On assiste à une séquence d’abattage de phoques, puis à une chasse à la baleine faisant parfaitement illusion, du harponnage, au coup fatal avec le nuage rouge confirmant l’atteinte du coeur, au dépeçage et à la fabrication de l’huile. Le récit introduit aussi un whodunit, la culpabilité de l’homme hâtivement mis aux fers pour l’assassinat d’un mousse sodomisé étant mise en doute par le chirurgien. Les deux derniers épisodes sont centrés sur une lutte désespérée pour la survie.

The North Water bénéficie d’une distribution à la hauteur des ambitions de la mise en scène avec, dans le rôle de Patrick Sumner, Jack O’Connell, remarqué en 2013 dans l’excellent drame carcéral Les Poings contre les murs (Starred Up). Colin Farrell, bestial, interprète Drax, Sam Spruell, le trouble premier maître Cavendish, et Tom Courtenay l’armateur véreux.

The North Water (en cinq parties d’une durée cumulée de 287 minutes) et son supplément (21 minutes) tiennent sur deux DVD-9 logés dans un boîtier avec fourreau, non fourni pour le test, effectué sur check discs.

Le menu fixe et musical propose les cinq parties dans leur version originale, en anglais, avec sous-titres optionnels, et dans un doublage en français, les deux au format audio Dolby Digital 5.1. On relève une coquille dans le titre de la partie III, nommée « Homa homini lupus ».

On regrette l’absence d’une édition Blu-ray, éditée en Allemagne.

Making of The North Water (21’). Les producteurs Jamie Laurenson et Hakan Kousetta ont été fascinés par la lecture du manuscrit du roman dont l’idée est venue à Ian McGuire de la lecture du journal de bord tenu par Arthur Conan Doyle alors qu’il était chirurgien sur un baleinier. Les navires partaient de Hull pour aller chasser le long des côtes du Groenland en affrontant de réels dangers. Les principaux acteurs évoquent leurs personnages. Emmanuel Fréchette, directeur artistique, fait état de ses recherches approfondies à Montréal sur la chasse à la baleine. Kata Oghorn, productrice, rappelle que, d’emblée, il fut décidé de rendre la minisérie aussi authentique que possible. Le tournage s’est déroulé, pendant trois semaines, essentiellement à bord d’un navire-école, l’Activ, rebaptisé Volunteer, loin de tout, dans l’Arctique, jusqu’à 35 kilomètres du Pôle Nord, dans un environnement instable, par des températures extrêmes. Les acteurs chantent les louanges du réalisateur Andrew Haigh qui leur renvoie gentiment l’ascenseur en vantant leur professionnalisme.

L’image numérique (1.85:1), au piqué moyen, vaut par la finesse des couleurs et leur rendu naturel. Les blancs sont lumineux, les noirs manquent un peu de densité.

Le son Dolby Digital 5.1 de la version originale, avec un spectre large et une bonne dynamique, met en valeur l’accompagnement de Tim Hecker, un original et efficace contrepoint de l’image. Une répartition équilibrée sur les cinq voies crée une raisonnable sensation d’immersion dans l’action. Les dialogues sont occasionnellement un peu couverts.

Ces observations valent pour le doublage en français.

Crédits images : © See-Saw Films