Ecce homo Homolka (1970) : le test complet du DVD

Réalisé par Jaroslav Papousek
Avec Josef Sebánek, Marie Motlová et Frantisek Husák

Édité par Malavida Films

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Le 17/10/2022
Critique

Ce film, encore inédit en vidéo, nous invite un dimanche au sein d’une famille ordinaire, après la courte éclaircie du printemps de Prague.

Ecce homo Homolka

Un beau dimanche d’été, dans une forêt, les ébats amoureux d’un jeune couple sont interrompus par l’arrivée bruyante de la famille Homolka : les jumeaux de 6 ans, leur mère Heda, leur père Ludva, et les parents de ce dernier, Papy et Mamie. Après le pique-nique au bord d’un ruisseau, Papy est tiré de sa sieste par les appels au secours d’une femme qui n’ont d’autre effet que de faire fuir tous ceux venus trouver un peu de fraîcheur dans la forêt. Retour dans le petit appartement dans lequel s’entasse toute la famille Homolka, sans aucune échappatoire à la promiscuité : la télé est en panne !

Ecce homo Homolka, sorti en mars 1970, est le deuxième de la dizaine de films réalisés par Jaroslav Papoušek. Il s’était consacré à la peinture et à la sculpture, qu’il délaissa un temps pour le cinéma où il laissa surtout son empreinte comme le scénariste de trois films de Miloš Forman, L’As de pique (Cerný Petr, 1963), Les Amours d’une blonde (Lásky jedné plavovlásky, 1965) et Au feu les pompiers ! (Horí, má panenko, 1967), récemment réédités par Carlotta Films dans le coffret Milos Forman - 4 oeuvres de jeunesse, ainsi que d’Eclairage intime (Intimní osvetlení, 1965) d’Ivan Passer.

Si Papy est chauffeur de taxi, on ne sait rien des occupations de Ludva et Heda. Tous, manifestement, appartiennent aux classes populaires. Ils ont aussi en commun l’ennui, avéré par le manque causé par la panne de la télé qui ne peut plus assurer sa fonction de garde-fou contre les scènes de ménage. Et tous, sauf les jumeaux, encore trop jeunes, vivent avec des regrets. Ludva, d’avoir épousé Heda, une femme autoritaire. Heda, de n’avoir pas avoir été danseuse, une vocation contrariée par l’obésité. Sur le ton de la comédie, Ecce homo Homolka fait sonner la corde de la désespérance, des rêves brisés. Si les deux jeunes amoureux semblent jouir d’une béate insouciance, ce n’est peut-être pas pour longtemps. Le vers est sans doute dans le fruit à en juger par le comportement des jumeaux singeant leurs géniteurs. Et le rideau tombe ironiquement sur cette sombre journée ensoleillée par la danse des deux couples enlacés… sur l’Hymne à la joie de la neuvième symphonie de Beethoven !

Ecce homo Homolka

Comme je le dis toujours, la famille est le fondement de l’État

Ecce homo Homolka a été tourné après la claque infligée à la Tchécoslovaquie par l’URSS, rappelée à une brutale rentrée dans le rang conduite par Gustáv Husák, en réponse à la courte éclaircie du « printemps de Prague » impulsée par Alexander Dubček, visant à instaurer un « socialisme à visage humain ». Le scénario a-t-il été inspiré par l’étouffement de l’illusion d’un monde meilleur ? C’est ce que peut laisser supposer la réplique de Mamie, citée en intertitre.

Helena Ruzicková (Heda), Frantisek Husák (Ludva) étaient célèbres au moment du tournage. Plus rare sur les écrans, Josef Sebánek, que Jaroslav Papoušek continuera d’employer dans des rôles de grand-père, n’avait été révélé qu’en 1965 par Les Amours d’une blonde. Les jumeaux de 6 ans sont les enfants de Miloš Forman et Vera Kresadlová.

Malavida a complété un catalogue donnant une belle place au cinéma de l’Europe de l’Est au printemps et à l’été 2022, avec l’édition de quatre autres films de la Nouvelle vague tchèque dont nous reparlerons : Qui veut tuer Jessie ? (Kdo chce zabít Jessii? , Václav Vorlícek, 1966), L’Incinérateur de cadavres (Spalovac mrtvol, Juraj Herz, 1968), Fin août à l’hôtel Ozone (Konec srpna v Hotelu Ozon, Jan Schmidt, 1967) et Happy End (Stastny konec, Oldřich Lipský ,1967) qui viennent enrichir la Collection tchèque de l’éditeur.

Ecce homo Homolka

Présentation - 3,0 / 5

Ecce homo Homolka (80 minutes) tient sur un DVD-9 logé dans un fin digipack.

Le menu animé et musical propose le film dans sa version originale, en tchèque, avec sous-titres imposés, incrustés dans l’image, au format audio Linear PCM 2.0 mono.

Dans la couverture, un livret de 12 pages rédigé par Jean-Gaspard Páleníček, écrivain, dramaturge et compositeur. Il souligne que le comique du film doit beaucoup à « la truculence de certaines répliques », notamment à celles de Josef Sebánek « qui improvisa tous ses dialogues ». Mais les personnages, au lieu de dialoguer, « polémiquent dans le seul but de protéger ou d’élargir le cercle vital de leur ego ». Le film annonce « une apocalypse existentielle (…) avec une seule garantie de paix : l’abrutissement volontaire devant l’écran de la télévision ». Une fine analyse du film, suivie de notices sur le réalisateur, le chef opérateur Jozef Ort-Šnep et les acteurs.

Bonus - 0,0 / 5

Aucun complément vidéo.

Image - 3,0 / 5

L’image (1.33:1), en noir et blanc, très acceptable, assez agréablement contrastée, garde toutefois des traces de la dégradation de la pellicule qui n’ont pas été complètement éliminées par la restauration : des points blancs, quelques taches occasionnelles plus importantes, un grain un peu épais et une certaine instabilité lumineuse. Mais rien qui puisse pourtant gâter le plaisir de la découverte du film.

Son - 3,5 / 5

Le son Linear PCM 2.0 mono, s’en tire un peu mieux, avec un souffle très réduit, mais quelques bruits parasites.

Crédits images : © Malavida NFA

Configuration de test
  • Vidéo projecteur SONY VPL-VW790ES
  • Sony UBP-X800M2
  • Denon AVR-4520
  • Kit enceintes/caisson Focal Profile 918, CC908, SR908 et Chorus V (configuration 7.1)
  • Diagonale image 275 cm
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Philippe Gautreau
Le 18 octobre 2022
Sur le ton de la comédie, ce film fait sonner la corde de la désespérance, des rêves brisés par le sanglant rappel à l’ordre imposé à la Tchécoslovaquie, après la courte embellie du printemps de Prague. Un des films à découvrir dans la Collection tchèque lancée par Malavida Films.

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