The Reef 2 : Traquées (2022) : le test complet du DVD

Film d’aventures virant au cauchemar, réalisé avec une remarquable maîtrise technique.

Australie puis océan Pacifique, 2022. Afin de se remettre du choc provoqué par le meurtre de leur soeur, les jeunes femmes Nic et Annie acceptent l’invitation de deux amies pour une excursion en kayak entre des îles paradisiaques. L’une d’elles est tuée et une enfant insulaire blessée par un grand requin blanc. Les trois autres rescapées doivent reprendre la mer pour aller chercher du secours. Elles sont à leur tour attaquées et comprennent que leur seule chance de survie est de tenter de tuer le monstrueux agresseur.

The Reef 2 : traquées (The Reef 2 : Stalked, Australie 2022) co-produit, écrit et réalisé par Andrew Traucki comporte les mêmes qualités techniques que son antérieur et admirable The Reef (Australie 2010). Quatre différences notables, cependant, sur le plan structurel : le requin blanc n’était révélé qu’assez tard dans le titre de 2010 alors qu’il l’est plus rapidement dans le titre de 2022 ; le casting du titre de 2022 est quasi-exclusivement féminin ; le film de 2010 était inspiré de faits réels alors que celui de 2022 est purement fictif (bien que remarquablement réaliste du début à la fin) ; la perte et le deuil constituaient l’aboutissement de l’histoire de 2010 alors qu’ils sont à l’origine de celle de 2022.

Dans The Reef 2 comme dans The Reef, la mise en scène de l’espace et du temps externes, objectifs du récit est équilibrée par celle de l’espace et du temps internes, subjectifs des personnages. La progression dramatique repose sur une distance établie entre les perceptions des personnages et une perception plus globale offerte au spectateur. Traucki donne ainsi à voir deux points de vue, souvent insidieusement alternés : le point de vue humain et celui du requin. Ils sont parfois amenés par le montage à un étrange point d’équilibre. Cet authentique rapport dialectique (terme technique du vocabulaire philosophique ici à prendre dans le sens du proverbe latin antique mors illorum, vita nostra) confère en profondeur à The Reef 2 comme à The Reef leur terrible puissance, alliant rigueur documentaire et instant de terreurs confinant à la folie.

Tourné intégralement en extérieurs naturels, The Reef 2 intègre à nouveau des plans documentaire aux plans fictifs sans solution de continuité, au moyen de très sobres effets spéciaux. Traucki avait déjà écrit et réalisé un admirable Black Water (Australie 2007) qui narrait, d’après des faits réels, l’attaque d’un groupe humain par un crocodile marin (Crocodilus porosus) dans le nord de l’Australie. Traucki s’intéresse, à partir du réalisme zoologique et écologique le plus rigoureux, à la perception une fois qu’elle est modifiée par la peur ; cette modification lui permet de déboucher esthétiquement sur le fantastique, l’horreur et l’épouvante.

1 DVD-9 (existe aussi en Blu-ray BD-50 mais seul le DVD a été reçu) édités par Program Store le 16 novembre 2022. Image 2.40 couleurs compatible 16/9. Son Dolby Audio DD 5.1. et 2.0 (en VO ou VOSTF) et DD 2.0 (en VF). Durée du film 93 min (sur Blu-ray) / 89 min. (sur DVD). Suppléments : 3 bandes-annonces dont celle du film de référence. Notez que l’illustration de la jaquette respecte bien les proportions du Carcharodon Carcharias (nom latin zoologique du Grand requin blanc, surnommé la « mort blanche » en Australie).

Bandes-annonces : deux bandes-annonces - dont celle de Survive (USA 2022) de Mark Pellington - sont placées avant le menu principal tandis que la troisième, celle du film australien de référence d’Andrew Traucki, est placée dans la section bonus qui ne comporte rien d’autre en matière de supplément.

Format original 2.40 en couleurs, compatible 16/9. Image argentique impeccable dotée d’une excellente définition, même sur support DVD (le seul reçu). Couleurs vives, savamment nuancées et photo sous-marine souvent impressionnante. Parfait équilibre entre préservation du grain et lissage numérique. Travail spectaculaire sur la tri-dimensionalité du milieu marin et sur l’étalonnage numérique des plans documentaires de requins, admirablement intégrés à la continuité de la fiction. Dominantes bleues à la gamme nuancée et au spectre colorimétrique pratiquement maximal. Générique de fin intégralement traduit en français.

Dolby Digital Audio 5.1 et 2.0 en VOSTF et VF : offre nécessaire et suffisante pour le cinéphile francophone. Effets sonores très dynamiques, surtout en 5.1. Si on sélectionne la VO, on profite de l’accent australien prononcé par de jolies lèvres notamment celles de la belle actrice Teressa Liane, la vedette féminine. Musique soignée composée par Mark Smythe.

Crédits images : Jaque Fisher © Thrills & Spills, Filmology Finance, Cornerstone Pictures, Mysterious Light, ProdigyMovies, Truth or Dare