L'Homme d'argile (2023) : le test complet du DVD

Une très étrange histoire d’amour, c’est le choix fait par la jeune réalisatrice Anais Tellenne pour son premier long métrage.

Raphaël n’a qu’un oeil. Il est le gardien d’un manoir dans lequel plus personne ne vit depuis longtemps. À presque 60 ans, il habite avec sa mère un petit pavillon situé à l’entrée du grand domaine. Entre la chasse aux taupes, la cornemuse et les tours dans la Kangoo de la postière, les jours se suivent et se ressemblent. Jusqu’à ce que, par une nuit d’orage, l’arrivée imprévue de Garance, l’héritière, marque le début d’une étrange histoire d’amour…

L’Homme d’argile, sélectionné à la Mostra de Venise de 2023, sorti en salles en janvier 2024 avec 75 000 entrées, est le premier long métrage d’Anais Tellenne, venue au cinéma comme actrice. On lui doit également le scénario original, coécrit avec l’acteur principal, Raphaël Thiéry qui avait déjà joué dans ses trois précédents courts-métrages.

L’Homme d’argile, une variation sur le mythe de Pygmalion, se distingue par l’étrangeté de la relation entre deux personnages insolites, Garance, une artiste avant-gardiste manifestement tourmentée, et Raphaël, un colosse taiseux, dont l’apparente animalité cache une sensibilité que révèlent ses capacités musicales.

Moins connu qu’Emmanuelle Devos, l’interprète de Garance, Raphaël Thiéry, cantonné par les autres réalisateurs dans des rôles secondaires, assure une contribution essentielle à la singularité de L’Homme d’argile en campant un personnage impossible à oublier.

L’Homme d’argile réussit à communiquer l’émotion avec une grande économie de dialogues et un jeu d’acteur d’une exceptionnelle sobriété. Le jeu de la cornemuse n’est pas trahi par une grossière simulation : Raphaël Thiéry joue de cet instrument depuis des années dans un petit groupe de musique traditionnelle, Terra Gallica. Un ajout à la belle composition originale d’Amaury Chabauty, mari de la réalisatrice, avec un thème principal qui rappelle Greensleeves.

L’Homme d’argile attise notre envie de découvrir le deuxième long métrage d’Anais Tellenne, tourné aux USA, The Independents, une évocation de la vie de l’artiste peintre impressionniste Mary Cassatt.

L’Homme d’argile (91 minutes) et ses suppléments (35 minutes) tiennent sur un DVD-9 logé dans un boîtier épais de 14 mm, glissé dans un fourreau.

Choix entre deux formats audio, Dolby Digital 5.1 ou 2.0 stéréo.

Sous-titres pour malentendants.

L’enregistrement de la musique originale d’Amaury Chabauty (14’) pour hautbois, clarinette, harpe et cordes, par le Budapest Symphony Orchestra dirigé par François Rousselot, concentre l’attention sur la partition.

Scènes coupées commentées par la réalisatrice : Raphaël rend visite à la mère hospitalisée (2’30”) et participe avec d’autres hommes à la fête traditionnelle du Mai (3’52”).

Le Mal bleu, court métrage d’Anaïs Tellenne et Zoran Boukherma (2018, 2.35:1, Dolby Digital 2.0, 15’). Marie-Pierre, la cinquantaine, bâillonne les pulsions de son mari Jean-Louis en l’enveloppant dans un film étirable pour pouvoir dormir tranquille. Et elle entend bien imposer sa loi aux quatre chasseurs qu’elle a invités dans sa palombière… Avec Sylvie Le Clanche et Raphaël Thiéry, musique originale d’Amaury Chabauty.

L’image numérique, au ratio inhabituel de 1.50:1, avec une résolution occasionnellement un peu douce, déploie des couleurs naturelles, étalonnées avec soin, et met en valeur, pour leur premier long métrage, le travail de la réalisatrice et de la directrice de la photo Fanny Mazoyer sur la lumière.

Le son, au format Dolby Digital 5.1 (avec une alternative 2.0 stéréo) garantit la clarté des dialogues et sert avec la finesse attendue la place donnée à la musique. Une répartition équilibrée du signal sur les cinq canaux et le caisson de basses crée une discrète et cohérente sensation d’immersion dans l’ambiance.

Crédits images : © Koro Films, Vagabonds Films, Micro Climat