Débâcle (2023) : le test complet du DVD

Un premier film glaçant sur le délicat passage de l’enfance à l’adolescence et les séquelles ineffaçables d’un traumatisme.

Une vingtaine d’années après cet été où tout a basculé, Eva retourne pour la première fois dans son village natal avec un énorme bloc de glace dans le coffre de sa voiture, bien déterminée à affronter un douloureux passé.

Débâcle (Het smelt), adapté du roman éponyme publié en 2016 par Lize Spit, est le premier film de l’actrice Veerle Baetens, connue en Belgique, révélée au grand public par Alabama Monroe (The Broken Circle Breakdown, Felix Van Groeningen, 2012). Sorti dans nos salles le 28 février 2024, le film avait été sélectionné par sept festivals, notamment à Sundance pour la World Cinema Dramatic Competition.

Débâcle explore, dans une succession de flashbacks, la délicate sortie de l’enfance d’Eva, quand elle avait 12 ans, pendant les grandes vacances dans son village natal des Flandres. Négligée par ses parents, Eva cherchait à susciter l’intérêt des autres enfants de son âge, à attirer l’attention d’un garçon pour lequel elle éprouvait le besoin d’une certaine intimité. Aux jeux insouciants, succéda une brutale agression de laquelle les adultes détournent leur regard.

Débâcle souligne le sentiment d’isolement, voire d’abandon, auquel peut conduire l’indifférence des autres adolescents, mais aussi la cruauté dont ils sont capables. Elle s’exprime ici à son paroxysme dans une scène oppressante, presqu’insoutenable, bien que filmée avec pudeur.

Débâcle, bien photographié en éclairages naturels, avec un montage enchaînant habilement présent et rappels du passé, une bonne direction des jeunes acteurs, est une indéniable réussite pour un premier film qui aurait toutefois gagné à être condensé autour de 90 minutes. L’édition vidéo lui offre une chance d’être vu par une plus large audience que celle, confidentielle, qu’il attira dans nos salles.

Débâcle (106 minutes) et son supplément (15 minutes) tiennent sur un DVD-9 logés dans un fin Digipack.

Le film est proposé dans sa version originale, le flamand, avec sous-titres optionnels et le choix entre deux formats audio, Dolby Digital 5.1 ou 2.0 stéréo.

Sous-titres anglais disponibles.

Entretien avec Veerle Baetens (2024, en français, 15’). Interrogée par Louis Héliot, responsable de la programmation cinéma du Centre Wallonie-Bruxelles, la réalisatrice confie que l’idée d’adapter le roman lui a été suggérée par Dirk Impens, le producteur d’Alabama Monroe. Elle a été aussitôt intéressée par les thèmes de la solitude de l’adolescence, de l’éveil de la sexualité, du décalage de maturité entre jeunes du même âge. Le scénariste Maarten Loix l’a aidée à rendre « plus active » l’héroïne d’un roman écrit sous la forme d’un monologue intérieur. Les enfants ont été choisis parmi 1 500 candidats. Elle a retenu comme chef-opérateur Frederic Van Zandycke qu’elle avait apprécié pour la photographie de la série Cheyenne & Lola, créée par Virginie Brac en 2020. L’accompagnement musical est fait d’une composition originale de Bjorn Eriksson, auteur de la bande originale d’Alabama Monroe, et de titres des années 2000 pour les scènes de l’enfance d’Eva. Le succès du film en Flandres lui a donné l’envie de continuer à réaliser, tout en poursuivant sa carrière d’actrice. Son prochain film sera adapté d’une pièce de théâtre.

L’image numérique, au ratio originel de 2.39:1, finement résolue, lumineuse, agréablement contrastée, déploie des couleurs naturelles, soigneusement étalonnées.

Le son Dolby Digital 5.1 (avec une alternative 2.0 stéréo) assure la clarté des dialogues dans un bon équilibre avec l’ambiance et l’accompagnement musical et procure une discrète, mais cohérente sensation d’immersion dans l’action.

Crédits images : © Thomas Sweertvaegher - Savage Film