Réalisé par Lkhagvadulam Purev-Ochir
Avec
Tergel Bold-Erdene, Nomin-Erdene Ariunbyamba et Anu-Ujin Tsermaa
Édité par Arizona Distribution
Zé a 17 ans et il est chaman. Il étudie dur pour réussir sa vie, tout en communiant avec l’esprit de ses ancêtres pour aider les membres de sa communauté dans le quartier des yourtes d’Oulan-Bator. Mais lorsque Zé rencontre la jeune Maralaa, son pouvoir vacille pour la première fois et une autre réalité lui apparaît…
Un jeune chaman (Ser ser salhi), sélectionné à Venise en 2023 où il valut à Tergel Bold-Erdene, l’interprète de Zé, le Prix Orizzonti du meilleur acteur, est le premier long métrage de la réalisatrice et scénariste Lkhagvadulam Purev-Ochir, née en 1989 à Oulan-Bator. Après une formation à la réalisation et à l’écriture de scénario, elle enseigne le cinéma. Son deuxième long métrage, Shiluus, fut retenu dans la sélection officielle du Festival de Cannes de 2020.
Le lieu de tournage d’Un jeune chaman, le quartier des yourtes d’Ulan-Bator, une mosaïque de petits enclos séparés par des palissades contrastant avec les hauts immeubles des quartiers modernes, donne au film une dimension documentaire. C’est là, nous dit la réalisatrice dans l’entretien en bonus, que vivent 70% des habitants de la ville qui regroupe elle-même la moitié des 3,5 millions de Mongols. Un lieu de transition entre nomadisme et sédentarité, appelé à se transformer, probablement à disparaître, où se joue l’avenir du pays.
Esprits de la nature, gardiens des montagnes et des fleuves, protégez-nous !
Un jeune chaman prête à Zé le don de « faire descendre » l’esprit d’un arrière-grand-père pour soulager ses voisins. Il propose un regard sur le chamanisme, cette croyance, encore vivace, en une faculté qu’auraient certains d’appeler au secours des vivants les esprits des ancêtres et les forces de la nature. Cette ouverture ajoute à l’histoire de la transformation ressentie par Zé après sa première relation sexuelle avec Maralaa, sans en amoindrir la portée universelle, un aspect emblématique du folklore de la Mongolie illustrant la confrontation entre modernisme et tradition.
Un jeune chaman, doté de moyens alloués par une coproduction internationale réunissant Qatar, Allemagne, Pays-Bas, Portugal, Mongolie et France, a pu bénéficier de l’expérience du chef-opérateur portugais Vasco Viana et, pour le montage, du Français Matthieu Taponier (Le Fils de Saul / Saul fia, László Nemes, 2015). Il tiendra une place honorable parmi ces nombreux films qui racontent avec délicatesse la transition entre l’adolescence et l’âge adulte, tels d’autres, aussi différents soient-ils, récemment édités : La Fille de son père, Maria’s Lovers, Débâcle, Un Eté en Louisiane, L’Été dernier, Stand by Me, Le Péril jeune…
Un jeune chaman (104 minutes) et ses suppléments (39 minutes) tiennent sur un DVD-9 logé dans un boîtier épais de 14 mm, pas facile à extraire du fourreau dans lequel il a été glissé.
Le film est proposé dans sa langue originale, le mongol, avec sous-titres optionnels, au format audio Dolby Digital 5.1.
Entretien exclusif avec la réalisatrice Lkhagvadulam Purev-Ochir (19’, en anglais, sous-titré), conduit par Arthur Blandin et Ludovic Denizot-Fauconnet. À Oulan-Bator, en assistant avec sa mère à un rituel, elle fut surprise par le jeune âge du chaman. Cette rencontre lui donna l’idée d’un film sur les « tensions entre tradition et modernisme ». Le chamanisme, partie de l’identité mongole depuis des millénaires, a résisté au bouddhisme, décrété religion d’état, au communisme et au capitalisme, pour s’épanouir et remplir un « vide spirituel », un fossé générationnel creusé dans la période difficile des vingt dernières années et faire renaître la solidarité au sein de la famille. Elle a choisi pour cadre Oulan-Bator, une cité en plein changement (comme celui que ressent Zé dans son passage de l’adolescence à l’âge adulte) et, pour lieu central du film, le quartier des yourtes, un lieu de passage du nomadisme à la vie citadine qu’elle a voulu « réhabiliter » en s’éloignant du cliché véhiculé par les media d’un endroit où sévissent pauvreté, alcoolisme et criminalité.
Snow in September, court-métrage de Lkhagvadulam Purev-Ochir (2022, 19’), Prix Orizzonti du meilleur court métrage au Festival de Venise de 2022. Davka, 17 ans, vit à Ulan-Bator. Sa passion : les mangas. Un jour, une voisine qui dit avoir oublié les clés de son appartement du septième étage lui demande d’utiliser son téléphone pour appeler son mari. Celui-ci ne décroche pas. Peut-elle rester jusqu’à ce qu’elle puisse le joindre ? Une autre histoire sur les questionnements de la sortie de l’adolescence…
Bande-annonce (1’29”).
L’image numérique, au ratio d’origine de 1.85:1, lumineuse, fermement contrastée avec des noirs denses, déploie des couleurs naturelles dans une palette chaude, pour l’été, plus blafarde, pour l’hiver.
Le son, au format Dolby Digital 5.1, restitue avec clarté les dialogues. Bien que l’image sonore reste surtout cantonnée sur le plan frontal, une bonne dynamique donne une réelle présence à l’ambiance, aux roulements du tambour et aux complexes sonorités de la guimbarde.
Crédits images : © AURORA FILMS, GURU MEDIA, UMA PEDRA NO SAPATO, VOLYA FILMS_2023