Yurt (2023) : le test complet du DVD

Réalisé par Nehir Tuna
Avec Doga Karakas, Can Bartu Aslan et Ozan Çelik

Édité par Blaq Out

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Le 05/11/2024
Critique

Émouvante histoire d’une adolescence étouffée par l’extrémisme religieux : un premier film qui confirme la bonne santé du jeune cinéma turc.

Yurt

Turquie, 1996. Ahmet, 14 ans, est élève d’un lycée où une camarade de classe, Sevinç, ne le laisse pas indifférent. Désormais, il ne peut plus rentrer chez lui le soir : il doit, après les cours, rejoindre le yurt, le pensionnat coranique où l’a inscrit son père, un riche bourgeois récemment converti à l’islam, en quête de respectabilité. Les liens qu’Ahmet noue avec Hakan, un pensionnaire pauvre admis dans le « cercle » des élèves méritants, l’aident à supporter la stricte discipline et les brimades des religieux…

Yurt, sorti dans nos salles en avril 2024, une coproduction turco-germano-française, est le premier long métrage du cinéaste turc Nehir Tuna, né en 1985, sélectionné dans de nombreux festivals, notamment à Venise dans la section Orizzonti. Il est aussi l’auteur du scénario « semi-autobiographique », confie-t-il dans l’entretien en bonus. Après des études de cinéma aux USA, il fait une entrée en scène aussi réussie que celle de Volker Schlöndorff avec son premier film, lui aussi partiellement autobiographique et situé dans un pensionnat, Les Désarrois de l’élève Toerless (Der junge Törless, 1966).

Yurt

Yurt montre un Ahmet tiraillé entre la volonté de se conformer à l’image du « bon petit musulman » rêvée par son père et le désir de laisser s’épanouir ses états d’âme, notamment son affection pour Hakan et son attirance pour Sevinç. Pour ne pas risquer d’être marginalisé, il cache aux lycéens son appartenance au yurt, comme il dissimule aux religieux ses penchants et ses entorses aux règles.

Filmé par le chef-opérateur français Florent Herry qui, à ce jour, a déroulé presque toute sa carrière en Turquie, Yurt est en noir en blanc pendant les trois quarts de sa durée, la couleur n’apparaissant qu’à partir du moment où Ahmet décide de sortir du confinement du pensionnat. Une mise en scène maîtrisée, sans afféteries, une direction efficace des jeunes acteurs, donnent au film les atouts autorisant de le mettre en parallèle avec un autre premier long métrage turc, Mustang réalisé en 2015 par Deniz Gamze Ergüven.

Les deux films, s’ils sont bien différents, ont en commun une dénonciation de l’étouffement auquel peut conduire l’extrémisme religieux. Un danger menaçant la Turquie, où la laïcité a cédé aux islamistes une grande partie du terrain gagné par Kemal Atatürk au premier tiers du XXe siècle.

Avec cette édition, Blaq Out donne à Yurt, pour l’intérêt de son thème et la qualité de sa réalisation, la chance d’être vu par le public qu’il mérite, plus large que celui des quelques 22 000 spectateurs qu’il a réussi à attirer dans nos salles. Elle nous donne aussi l’envie de découvrir le prochain film de Nehir Tuna et de savoir s’il pourra prendre un jour la relève de Nuri Bilge Ceylan, salué en 2014 par la Palme d’or pour Winter Sleep (Kis uykusu).

Yurt

Présentation - 1,0 / 5

Yurt (113 minutes) et son supplément (26 minutes) tiennent sur un DVD-9 logé dans un boîtier épais de 14 mm.

Le film est proposé dans sa langue originale, le turc, avec sous-titres optionnels, au format audio Dolby Digital 5.1.

Bonus - 2,5 / 5

Entretien avec Nehir Tuna (2024, 26’, anglais sous-titré). Dans cet entretien exclusif conduit par Charles Hembert, le réalisateur rappelle que Yurt, un récit semi-autobiographique, ramène au temps de fortes tensions entre forces laïques et religieuses, quand, pensionnaire d’un collège religieux, il a découvert le cinéma. Il évoque une « fructueuse collaboration » avec Florent Herry, le choix du noir et blanc pour refléter l’atmosphère du yurt. Ahmet n’est plus le même dans le dernier plan : il est libre. Une fin qui pourrait ouvrir la porte à un autre film…

Yurt

Image - 4,5 / 5

L’image numérique, au ratio d’origine de 1.66:1, affiche une fine résolution, un dégradé de gris agréablement étalonné et des couleurs naturelles pendant les dernières 20 minutes du film.

Yurt

Son - 4,5 / 5

Le son Dolby Digital 5.1 assure la clarté des dialogues, l’aération de l’accompagnement musical et le réalisme de l’ambiance avec un effet immersif discret, mais cohérent.

Crédits images : © Dulac Distribution

Configuration de test
  • Vidéo projecteur SONY VPL-VW790ES
  • Sony UBP-X800M2
  • Denon AVR-4520
  • Kit enceintes/caisson Focal Profile 918, CC908, SR908 et Chorus V (configuration 7.1)
  • Diagonale image 275 cm
Note du disque
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Philippe Gautreau
Le 6 novembre 2024
Avec cette édition, Blaq Out donne à Yurt, le premier long métrage d'un jeune cinéaste turc, la chance d’être vu par le public qu’il mérite, pour l’intérêt de son thème et la qualité de sa réalisation. A découvrir.

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