Critique

Darkman

Le professeur Peyton Westlake est en passe de réaliser une découverte capitale dans le domaine de la synthèse de cellules de la peau lorsqu’un gang, mené par le sadique Robert G. Durant, anéantit son laboratoire. Peyton est alors laissé pour mort et se retrouve défiguré. Mais bientôt une ombre connue sous le nom de Darkman commence à s’en prendre aux hommes de Durant…

LE FANTÔME DE L’OPÉRA COMICS

Après s’être largement fait remarqué avec les films indépendants Evil Dead (1981), Mort sur le gril (1985) et Evil Dead 2 (1987), Sam Raimi (la trilogie Spider-Man (Films Sam Raimi)) se voit proposer son premier film de studio par Universal. N’ayant pu sécuriser les droits de Batman ou de The Shadow, Raimi propose son propre « super-héros », plus inspiré par les Universal Monsters que Superman, son Darkman est un mélange de tout ce qui a pu l’influencer dans sa jeunesse : Frankenstein, Le Fantôme de l’Opéra, La Momie, L’Homme invisible… et bien évidemment Batman, The Shadow, ainsi que toute une vague de comic books aus héros sombres et torturés. Car Darkman n’a rien du héros flamboyant, bodybuildé en costume rutilant. On est presque plus proche de la psyché d’un Joker ou d’un Double-Face, mais qui mettrai sa force décuplée, son absence de sensation de douleur et ses talents mimétiques (grâce à sa peau synthétique) au service d’une certaine justice. « Certaine », car il n’hésite pas à garder l’argent détourné par les gangsters qu’il stoppe, pour son propre usage, notamment ses recherches pour perfectionner cette satanée peau artificielle qui ne perdure que 99 minutes à la lumière, d’où ce surnom de Darkman, « l’homme de l’ombre ».

Darkman

Car si certains « super héros » se plaisent assez vite dans leur rôle, Peyton « Darkman » Westlake n’a qu’une idée en tête (au moins au départ), celle de réintégrer sa vie normale et de retrouver sa fiancée. On nage donc en plein dans ce romantisme gothique cher aux films des années 30 et auquel Sam Raimi donne, en 1990, un sacré coup de dépoussiérage ! On retrouve en effet la Raimi’s touch tout le long du film avec surtout ses fameux zooms hystériques tremblants et tournoyants ou encore des plans follement imaginatifs comme ceux où l’on voit l’intérieur des placards vitrés dans lesquels Westlake se fait envoyer la tête la première. La caméra est tantôt folle, tantôt planante, mais toujours théâtrale et prend plaisir à absorber toute l’énergie, tout l’humour noir et la touche d’horreur, chers à Raimi.

Avec un budget plutôt modeste pour l’époque (moitié moins qu’un SOS Fantômes), Sam Raimi met toute son inventivité au service du film et mêle toutes les techniques disponibles à l’époque en les poussant même dans leurs retranchement pour certaines : stop-motion, rétroprojections, miniatures, maquillages, et même une séquence mémorable de poursuite/cascade entre deux hélicoptères dont un auquel est suspendu Darkman le long d’un filin… même rétrospectivement, on reste impressionné par la qualité de l’ensemble et par la tenue de tous les éléments narratifs, malgré cette folie ambiante.

Darkman

Il faut bien entendu saluer la performance de Liam Neeson, encore peu connu à l’époque, dans le rôle titre, un brin théâtral, mais toujours intense et inspiré. Inspiré également, Danny Elfman, alors en pleine ascension après Beetlejuice et Batman, qui signait là sa première composition pour Sam Raimi qu’il retrouvera ensuite avec Un Plan simple et les deux premiers Spider-Man (Films Sam Raimi).

Succès modeste au box-office, Darkman acquière vite, à juste titre, le statut de film culte, dès son arrivé dans les vidéo-clubs de l’époque, où sa carrière décollera définitivement, assez pour donner envie à Universal de lancer 2 suites…

DIRECT TO VOSLOO

C’est ainsi que Darkman 2 : Le retour de Durant (le premier « direct-to-video » du studio Universal) et Darkman III verront le jour. Deux suites produites par Sam Raimi et tournées simultanément pour d’évidentes réductions de coûts de production fin 1993. Même générique, mêmes thèmes de Danny Elfman, mais les similarités s’arrêtent là. Car le romantisme gothique fait place à l’eau de rose, le charisme de Liam Neeson est remplacé par le très débutant Arnold Vosloo (qui sera plus efficace 4 ans plus tard dans La Momie), et les effets sont réduits au minimum, même si quelques belles explosions s’invitent ici et là.

Le personnage lui-même s’est installé dans une sorte de routine, il s’est installé dans une Dark-cave où il peaufine sa peau artificielle et se déplace en Dark-mobile, alias une sorte de bolide qui utilise le réseau du métro.

Côté méchant, Durant est donc de retour dans le 2 (et c’est avec un certain plaisir que l’on retrouve Larry Drake qui vole la vedette à Darkman), tandis que Jeff Fahey (Le Cobaye) vient cabotiner dans le 3.

Bref, deux suites sans grand intérêt, vite oubliées et qui ont sonné la fin de la saga.

Darkman

Présentation - 5,0 / 5

Quand on laisse des fans faire le boulot, le résultat peu vite dépasser toutes les espérances ! L’éditeur L’Atelier d’Images, via une campagne de crowd-funding, a pu donner vie à son projet le plus fou jusqu’ici : réunir les 3 films Darkman en Blu-ray, une belle quantité de bonus récents et anciens, le tout dans un packaging géant qui propose un comic book complet ! Le résultat est bluffant et l’on aimerait voir ce degré d’implication éditoriale bien plus souvent !

17 cm de largeur sur 26 cm de hauteur, limité à 4200 exemplaires et numéroté, ce « coffret » accueille donc le premier Darkman sur un Blu-ray qui propose également les presque 3h30 de bonus, un second Blu-ray avec les deux suites, un DVD avec le premier film uniquement et enfin le comic book Darkman contre l’Armée des Ténèbres (2006), en intégralité et traduit pour la première fois en français. Ces 100 pages de pur délire où les univers de Darkman et de Evil Dead se croisent, piochent allègrement dans les deux premiers Darkman, et font même revenir Durant ! Pour l’anecdote (-SPOILER ALERT-), après l’avoir éliminé deux fois dans le premier et le second film, Sam Raimi avait promis à Larry Drake que Durant reviendrait une fois de plus… c’est finalement en BD que la promesse fut tenue…

Darkman

Bonus - 5,0 / 5

Le terme « Ultime » n’est franchement pas usurpé par cette édition, et la section bonus participe largement à ce statut.

Pas loin de 3h30 de bonus sont alignés sur la première galette qui accueille également le film (même pas besoin de se lever pour tout consommer).

Très intelligement, L’Atelier d’Images a séparé l’essentiel de ces suppléments en deux sections. Darkman vu d’aujourd’hui regroupe les éléments les plus récents, dont la quasi majorité proviennent de l’édition Shout Factory de 2014. Acteurs, maquilleur, directeur artistique et responsable décors, replongent dans leurs souvenirs, apportent leurs lots d’anecdotes et produisent parfois même des éléments originaux. en l’absence d’un véritable making of complet, les informations fournies par les techniciens sont passionnantes. En introduction de cette section actuelle, deux journalistes français échangent à batons rompus sur le film et sur son contexte de production.

Logiquement, Darkman vu d’hier concentre 1h40 d’archives d’interviews de Sam Raimi, Liam Neeson, Frances McDormand et Colin Friels, interrogés en pleine production du film. Visiblement tournés pour être ensuite utilisés comme matériel promotionnel, ces entretiens sont posés et étonnent par leur durée. Raimi pas très à l’aise et sans doute fatigué par le tournage, « explique » son film, parle de ses inspirations, de ses acteurs, des effets spéciaux, des avantages/inconvénients de faire un film de studio, de sa rencontre avec Danny Elfman et avoue à la fin (non sans ironie) n’être déjà plus qu’un pantin au service d’un studio. Neeson y évoque le côté théâtral du film, McDormand l’importance d’avoir un rôle de femme forte et Friels son expérience globale du tournage.

Le making of d’époque est en réalité une série de featurettes typiques, avec la grosse voix qui annonce ce que sera le film au milieu d’images de la bande-annonce, d’extraits des interviews pré-citées et quelques images du tournage.

On termine par d’autres archives, comme la bande-annonce, le spot TV, 98 planches de storyboards qui permettent de découvrir des plans non-retenus, et quelques trésors dans les galeries photos qui totalisent 186 clichés.

Les bandes-annonces des deux suites sont proposées sur le Blu-ray de ces mêmes films.

Darkman

Image - 5,0 / 5

S’appuyant sans aucun doute sur le master de l’édition Shout Factory, le Blu-ray de Darkman surprend par sa définition et sa stabilité. Effets stroboscopiques, ambiances sombres ou enfumées, rien ne perturbe l’encodage AVC qui préserve au passage un grain argentique tout à fait charmant. Ce master est d’une grande propreté et le film de Sam Raimi est ici magnifiquement préservé.

Comme on peut le voir sur la comparaison ci-dessous, ça n’a plus rien à voir avec le master DVD !

Les deux suites, surprennent elles aussi par la qualité de leurs masters qui n’ont pas à rougir de leur âge, ni de leur statut de « films-vidéo ».

Image 1 : DVD (2000) / Image 2 : Blu-ray

Son - 5,0 / 5

DTS-HD Master Audio à tous les étages ! Que ce soit pour la VOST de Darkman, avec un 5.1 à la spatialisation fine et intelligente qui apporte espace et effets bienvenus ; ou pour la VF, plus brillante, plus frontale et aux ambiances de fond franchement éteinte par le mixage lors des passages doublés ; et même pour la stéréo des deux suites (VF/VOST) dont les doublages sont assez difficiles à encaisser.

Darkman

Crédits images : © 1990 Universal Studios. Tous droits réservés

Configuration de test
  • Vidéo projecteur Toshiba TDP-MT700
  • Sony PlayStation 3
  • Ampli Denon AVR 2807
  • Kit enceintes/caisson Morel Nova (configuration 7.1)
  • Diagonale image 302 cm
Note du disque
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Stéphane Leblanc
Le 10 novembre 2017
Avec un budget plutôt modeste pour l’époque, Sam Raimi met toute son inventivité au service du film et mêle toutes les techniques disponibles à l’époque en les poussant même dans leurs retranchement pour certaines. Même rétrospectivement, on reste impressionné par la qualité de l’ensemble et par la tenue de tous les éléments narratifs, malgré cette folie ambiante.
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Olivier
Le 4 janvier 2005
Un film délirant de Sam Raimi, mais dénué de gore. L'histoire classique se suit agréablement grâce à son traitement visuel déjanté. Le DVD est plutôt vide de bonus, dommage.

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