EXCLUSIF - Chroniques de la guerre de Kaze
Lodoss 3 est un succès. Cependant, la vraie bataille n’a pas eu lieu dans la saga, mais au siège de Kaze. Dvdfr révèle les affrontements pour le contrôle d’un des labels historiques du made in Japan, et les nouvelles perspectives de l’éditeur
Mission accomplie. Dans l’espace de quelques jours, Les Chroniques de la Guerre de Lodoss - Vol. 3 a épuisé son tirage initial de 10 000 exemplaires ; de nouveaux pressages sont en route pour satisfaire les commandes (20.000 exemplaires). La trilogie vient aussi de rentrer dans les circuits de vente de Manga Distribution, et des opérations de marketing sont mises en place avec Virgin. Kaze a aussi procédé à d’importantes acquisitions de droits vidéo (« Vampire Hunter D », « Plastic Little »..) pour les mois à venir.
Le passé récent et le présent de son éditeur - Kaze - sont aussi mouvementés que la quête de Lodoss.
En quelques mois, Kaze a vécu des tentatives d’achats des parts majoritaires, une nouvelle composition
de son actionnariat, et la crainte quasi-littéraire de la feuille blanche… du carnet des projets à
venir.
Les dernières semaines de Kaze ressemblent comme une goutte d’eau au retour de Steve Jobs, le fils
prodigue d’Apple, à la tête de la compagnie de Cupertino. Le nouveau PDG ad interim de Kaze est Cédric
Littardi, l’un des fondateurs « historiques » de la société. Ce dernier est également l’actuel directeur
de collection de Déclic Images, le label anime de Manga Distribution.
La guerre de Kaze
Historiquement, Kaze est une Rolls de l’anime au passé financier mouvementé. Suite à un assainissement
des comptes il y a quelques années, Kaze était détenue à 60% par Sagrimex (une société irlandaise qui
possédait entre autres les droits vidéos de quelques titres édités par le label) et pour le reste par
Anime Virtual (dont Cédric Littardi est l’un des actionnaires de référence), en faisant abstraction des
parts individuelles.
Kaze se lance assez tôt dans le DVD japanimation (The Cockpit sort le 25 septembre 2000, en France),
et met surtout en place une lourde infrastructure de conception-distribution. Kaze peut maîtriser
l’essentiel de la chaîne de création d’un DVD, mais les coûts financiers sont importants.
La guerre éclate vers la fin de l’automne dernier. Sagrimex, qui veut se défaire de ses parts, entame
des discussions avec de possibles repreneurs, dont Manga Distribution. La trilogie
Lodoss est l’un des sujets de discussion, notamment pour une sortie
préalable de la saga en VHS.
Lorsque Kaze est informée du projet, elle le prend assez mal (il faut ajouter qu’à ce moment-là,
le volume 1 de Lodoss est prêt à être livré). Un communiqué incendiaire
est envoyé aux rédactions des revues spécialisées et à la presse Internet. La suite se joue aux travers
des coups de fil et des réunions houleuses entre les différents acteurs. Entre-temps, Lodoss 1 sort dans
les bacs, et l’offre d’achat perd sa principale physionomie.
Sagrimex est toujours résolue à se défaire de ses 60% pour dégager une plus-value. Kaze est dans une
situation incertaine. Le spectre de la « coquille vide » (un gros savoir-faire, mais pas de droits vidéo)
s’approche. Mais la situation s’éclaircit avec le possible retour de Cédric Littardi. Le projet : Anime
Virtual rachèterait les 60% de Kaze, pour atteindre les 99,9% de parts, et donc le contrôle total de la
société. Les signatures ont eu lieu début février. En prime, Kaze récupère (enfin !) les droits vidéo de
ses titres.
Un futur à recomposer
Pour appeler un chat un chat, Kaze doit maintenant évaluer ses options et son avenir. Cédric Littardi se
donne deux mois pour auditer la société et définir ses stratégies. Il n’est pas exclu que Manga
Distribution - qui maintient un profil bas - puisse rentrer à terme dans le capital de Kaze, dans des
formes et montants à définir.
Une chose semble cependant acquise : personne ne veut la mort de Kaze.
L’historique, la notoriété de la société et le savoir-faire du personnel (sans oublier le succès des
Lodoss), restent des atouts majeurs. Petit détail essentiel : le carnet des acquisitions offre pas
mal de nouveautés pour les mois à venir.
Le double visage de Kaze
Quoi qu’il advienne, les perspectives de Kaze semblent passer par deux fronts : l’édition « pure » et
l’authoring au sens élargi.
Le planning immédiat de l’éditeur est composé par trois titres : Iria - Vol. 1 et Iria - Vol. 2 (le premier est prévu pour fin avril) et
Arion (mai). Iria - Vol. 1 devrait offrir notamment une interview du designer Masakazu Katsura
(« Video Girl AI »).
Depuis son arrivée, Cédric Littardi a rajouté une série de titres dans le carnet des futures sorties.
On remarque notamment :
- Les Héros de la galaxie, une fresque starwarsienne sorti en salles en France, et édité en OAV.
- Grey - Cible digitale, un opus SF post-apocalyptique, où tout le monde se bat pour gagner des points. Sanglant.
- « Vampire Hunter D », un conte de fées futuriste, où une fille engage un chasseur de vampires, pour
tuer celui qui l’a vampirisée, avant qu’il ne soit trop tard.
- « Plastic Little », l’un des piliers de l’animation japonaise, avec une jeune fille qui doit
sauver le monde.
« Les héros de la galaxie » et « Grey » devraient sortir avant l’été. Les deux derniers sont prévus à la
rentrée. D’autres informations sont disponibles sur DVD Furax et
DVD Anime, toujours à l’affût des nouveautés du secteur.
Le deuxième front de Kaze est l’authoring, ou, plus précisement, les étapes qui concernent la conception
des DVD et l’élaboration des plus-produits. Les Lodoss sont une carte de
visite du savoir-faire interne : l’éditeur a conçu les produits de A à Z, et a produit les documentaires
et mini-reportages des suppléments.
Un processus coûteux, mais avec un fort potentiel de croissance. D’un coté, Kaze pourrait packager et
louer ses plus-produits à des éditeurs étrangers. Et de l’autre, la société pourrait effectuer de
l’authoring pour le compte de tiers, du moins dans le milieu des animes.
La double casquette Kaze / Déclic de Cédric Littardi ne signifie pas automatiquement une fusion des
sociétés. Des rapprochements sont toujours possibles, mais les deux éditeurs et le ciblage de leurs
titres restent assez distincts.
De son coté, Cédric Littardi estime que le boom du DVD anime a besoin de tous ses intervenants.
« La vitalité commerciale du secteur réside dans le fait que le taux de possession d’un lecteur DVD est
plus élevé parmi les fans de japanimation, que dans les domaines traditionnels », il affirme. « De plus,
l’intégralité des séries coûte maintenant moins cher en DVD par rapport à la VHS ».
« L’importance du support DVD commence à prendre corps aussi parmi les producteurs japonais. Au début,
la vidéo était considérée comme la dernière ressource de profits. Maintenant, on commence à traiter
séparément les droits DVD, et les négociations sont longues et difficiles ».