LA 2013 (3) - Interview de Debra Hill
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Troisième et dernière partie du spécial Los Angeles 2013, avec les propos de la productrice Debra Hill, longtemps associée à John Carpenter
« Cela faisait un moment depuis la dernière fois que John, Kurt et moi nous étions rencontrés »,
raconte Debra Hill, la productrice-cult de Los Angeles 2013. « Nous savions qu’un
jour ou l’autre, on se serait revus pour faire la suite de New York 1997. Je pense
qu’on a attendu d’être plus célèbres. Ensuite, il y a eu le tremblement de terre de
Northridge. Kurt m’a appelé, et m’a dit que c’était le moment de foncer. Kurt, John et moi
nous sommes rencontrés dans la cuisine de ma maison, comme au bon vieux temps. Nous avons
parlé pendant 5 heures de cinéma, de politique et des choses que nous aimons, sans évoquer
une seule fois ce film. Et ensuite, lorsqu’est venu le moment de se quitter, on s’est dit :
c’est bon, faisons Los Angeles 2013… ».
John et Debra était le tandem d’acier des années 70. Carpenter derrière la caméra, et Hill
à la production. Ensemble, ils ont écrit et tourné Halloween - La nuit des masques, Fog, et
naturellement New York 1997, tout en bataillant ferme pour garder le « creative
control ». Dans sa carrière solo, Debra Hill a travaillé également avec David Cronenberg
(Dead Zone) et Terry Gilliam (« Fisher King »). « S’il y a une chose en commun
entre John, David et Terry, c’est sans doute leur intelligence et leur refus de faire des
compromis. Leurs films sont transgressifs et ils peuvent choquer le public, mais ils sont
vivants, et ils rendent mon travail de productrice beaucoup plus intéressant. Je peux
l’affirmer sans problème, car j’ai aussi travaillé avec de gens sans aucun talent. De plus,
John et Terry me font confiance, je ne suis pas leur ennemie. Ils savent que mon rôle est
celui de protéger le film ».
D’un point de vue financier, le contrat avec Paramount pour Los Angeles 2013 était
intéressant : 50 millions de $, soit un budget 7 fois supérieur à celui du premier film.
Debra Hill explique : « Paramount voulait de John un film-culte avec une carrière commerciale
étalée dans le temps, et n’a jamais prétendu récupérer son argent dans les premières
semaines, comme c’est le cas pour les films qui sortent en été. Sherry Lansing et la
Paramount nous ont laissé tranquilles. Lorsqu’ils ont vu le premier montage, la seule chose
qu’ils nous ont dit a été : « ajoutez plus de musique ». Et c’est tout. Ce que vous voyez à
l’écran est le résultat des idées de John, Kurt et des miennes, sans aucune interférence.
Je sais que Los Angeles 2013 a vexé beaucoup de gens aux US, mais c’est notre film
à 100% ».
Est-ce que les choses ont changé depuis New York 1997 ? « Nous avons tous changé »,
répond Debra Hill. « John est un réalisateur politique, et il se sert de la science-fiction
comme métaphore. Il s’est toujours battu pour garder le contrôle artistique, et lorsqu’il
ne peut pas l’obtenir des Studios, il fait le rebelle et tourne des films indépendants
comme « Invasion Los Angeles ». Mais dans Los Angeles 2013, je l’ai trouvé plus
enclin à collaborer. Il avait le « final cut » contractuel, mais il a toujours consulté Kurt
et moi même, avant de prendre n’importe quelle décision. Mais bien sûr il est têtu :
lorsqu’il veut une chose, il arrive toujours à l’obtenir d’une façon ou d’une autre » !