DOSSIER DECLIC - Un an déjà (2ème partie)
Suite et fin de l’interview à Benjamin Uzan, PDG de Manga Distribution. Dans ce segment, sont évoqués les rapports avec AB Vidéo, les cas Pathé et Gatchaman, et les objectifs à terme de la société
1ère partie (le 27.11.2001) :
Les 12 premiers mois de Déclic dans le DVD, son infrastructure technique, et
les rapports de force DVD/VHS..
- Comment se passe la collaboration avec AB Vidéo ?
Nous assurons la conception de leurs DVD et nous les distribuons, mais AB
maintient toutes ses prérogatives dans sa politique éditoriale. L’objectif à
terme est de sortir l’intégralité de Dragon Ball Z, Ken le survivant
et Saint Seiya (Chevaliers du Zodiaque) en DVD, mais pas seulement. AB
a les droits sur plusieurs autres séries, et elles aussi sortiront en DVD.
Nous venons de terminer les premiers volumes des éditions basic de ces trois
séries citées ci-haut. Nous ne les avons pas encore mis en vente officiellement,
car nous avons eu un problème sur un duplicateur défectueux, ce qui entraîne un
souci de compatibilité sur certaines plates-formes. Trois seuls titres sont
affectés, mais nous avons préféré rappeler l’ensemble pour une vérification
complète et les patchs. Pour leur sortie - et c’est une nouveauté - ces séries
seront appuyées par des pages de pub dans les magazines TV pendant la période
des fêtes.
- Pourquoi ces DVD offrent uniquement la version française, alors que des
éditions collector VF/VOST sont prévues pour 2002 ?
Simplement car il y avait une demande à satisfaire maintenant pour ces séries,
et parce que le gros des acheteurs ne recherche pas une VO. Les prix de ces
éditions basic sont peut-être un peu élevés pour favoriser le marché des VHS,
mais avec la sortie des collector, ils baisseront.
Il ne faut pas oublier qu’il y a deux marchés différents, et que le marché des
fans d’anime est limité. Je doute que les collector aient le potentiel de se
vendre à plus de 5000 copies, alors que nous en avons déjà tiré 15.000 pour les
basic de CDZ, et 10.000 pour les deux autres séries.
- Que s’est-il passé exactement avec Pathé ?
A l’époque, Pathé avait le projet de sortir 80 titres Manga Vidéo en 2 ans, ce
qui correspondait à 4 DVD environ par mois. Nous avions signé un contrat, où
nous devions sortir ces titres dans notre réseau, et nous avions des fenêtres
d’exclusivité de quelques mois sur certains titres. Mais au bout des premiers
mois, nous avons vu que les ventes n’étaient pas suffisantes - hormis
Ghost in the Shell. Selon le contrat, on achetait 7000 exemplaires sur
les petits titres, et 10.000 sur les grands. Or, chez nous, un titre comme
Patlabor 1 : The Movie ne s’est vendu qu’à 4 o 5000 exemplaires..
Cela nous a amené à un problème de rentabilité, en tenant compte du nombre de
titres qu’on aurait dû traiter chaque mois. Nous avions la capacité de vendre
les stocks sur 2 ans, mais pas dans un délai de 3 mois. Si nous avions été
référencé à la FNAC à l’époque, on aurait pu le faire.. Nous avons donc arrêté
le contrat. Nous continuons à traiter les anime Pathé, mais à la même enseigne
que les autres revendeurs.
- Un autre sujet a fait parler de soi : la dispute entre vous et AK Vidéo
au sujet de Gatchaman/La bataille des planètes..
La dispute ne concerne pas les séries, mais plutôt son titre. Le nom « Bataille
des planètes » n’appartient pas aux producteurs japonais, mais à l’américain
Sandy Frank Entertainment. Nous avons acheté les droits et allons sortir la
première série en DVD. Or, il se trouve que AK a annoncé la sortie de « La
patrouille des aigles » (un récent spin-off de la saga, voir
ce tableau pour s’y retrouver - N.d.A.) sous le titre
« La bataille des planètes II ». Nous avons donc envoyé une AR à AK Vidéo (et
une copie aux américains) pour leur signifier qu’ils n’avaient pas le droit de
sortir leur série sous cette appellation.
- Kamui est le seul long-métrage sorti chez Déclic. S’agit-il de l’exception
qui confirme la règle, ou d’autres sont prévus à l’avenir ?
On aurait la tendance à croire que les films « cinéma » comme
Dagger of Kamui ou Ken le Survivant - Le Film, sont les produits qui
marchent le mieux. Mais, en ce qui nous concerne, c’est exactement l’inverse !
Même Ken n’a vendu que 6000/6500 copies, alors que n’importe quel volume
de Cobra vend beaucoup plus.
De plus, comme Manga est actionnaire de Kaze, nous avons mis à point une
stratégie et quelque transfert de titres, pour offrir une complémentarité aux
deux maisons d’édition. Déclic va se positionner sur les séries grand public,
tandis que Kaze visera les films et les séries nouvelles - comme Angel
Sanctuary et la série TV de Lodoss. La seule exception est
Slayers, qui sortira finalement chez Déclic.
- Donc, Kamui ne s’est pas révélé rentable ?
Bien sûr que oui. Ce que je veux dire, est que les séries des années ‘80 constituent
notre core-business, et le patrimoine où l’on gagne plus d’argent. D’abord, elles
appartiennent à la période des fastes du made in Japan sur les chaînes TV françaises,
et jouissent donc d’une forte notoriété. Ensuite - et c’est un peu le paradoxe -
les droits vidéo coûtent moins cher par rapport aux séries actuelles. Et pour
finir, elles ont des doublages VF déjà prêts.
- Des titres comme la série de Silent Möbius sont sortis en retard par
rapport aux prévisions initiales. En fait, il s’agit d’un constat applicable à
l’ensemble des éditeurs anime, par rapport aux éditeurs traditionnels : ils
annoncent des titres pour une date fixe, le jour J arrive, mais… les DVD ne
sont pas là ! Pourquoi ?
L’avantage des Majors et des grands éditeurs est que, lorsqu’ils annoncent un
titre, il est déjà prêt dans leurs labos, et donc ils savent qu’il sortira. Mais
dans notre cas, comment prévoir les problèmes de la dernière minute, par exemple
que les Ulysses 51 sont arrivés avec une vidéo désastreuse, et qu’il a
fallu demander un meilleur master ?
A partir d’aujourd’hui, nous allons donc annoncer les produits seulement
lorsqu’on a tous les éléments en interne, et dont on est sûrs qu’ils tiendront
la date fixée. Nous allons gagner en rigueur, aussi vis-à-vis du référencement
de nos produits dans les FNAC.
- Quels sont maintenant vos objectifs à terme ?
Notre objectif est de devenir le leader sur le made in Japan en France. Pour
cela, nous diversifions nos activités : nous disposons des droits TV sur le 60%
de nos séries, nous allons lancer en 2002 des figurines collector, etc. Au
niveau du Net, notre site représente
déjà le 5-6% de nos ventes, et nous désirons les accroître. Une bonne part de
nos ventes transite toutefois par notre catalogue : nous allons lancer le numéro
8 début décembre, qui consacrera environ 70 pages au DVD.