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Exclusif : Voyage au coeur de Seven 7 Sept

Par Giuseppe Salza | Publié le
Exclusif :  Voyage au coeur de Seven 7 Sept

Qu’ont en commun « Perdu dans l’espace », « Cube », « Crying Freeman » et « Le corrupteur » ? Le même label : Seven 7 Sept. Derrière ce nom cabalistique, se cache le nouvel enfant terrible du DVD en France

, qui a frappé fort dès le début (Blade et Perdus dans l’espace), et qui vise les sommets du haut de gamme dans la création de DVD, grâce notamment à une filiation avec une certaine New Line…

Le nom complet de la compagnie nécessite une petite gymnastique vocale : ce n’est pas Seven Sept, mais « Seven 7 Sept ». Pas étonnant que ce label soit en train de mettre la touche finale à Seven, normalement prévu pour janvier, et qu’il songe d’ores et déjà à comment numériser tous les numéros de la Bête de La Fin des temps, le nouveau Schwarzie bientôt dans les salles (et dans un an en DVD).

Née en quelque sorte des cendres de Delta Vidéo, S7 (pour les intimes) équivaut à une espèce de structure sans portefeuille. En d’autres termes, Seven 7 Sept ne détient pas les droits vidéo des titres qu’elle conçoit - à des rares exceptions près. Cette compagnie est en fait une « spin off » de Metropolitan Film & Vidéo, le « petit » distributeur indépendant qui ne cesse pas de monter. S7 s’affranchit de la lourde tâche de construction des éditions DVD des films de sa consoeur, de la sélection des suppléments à la validation des phases d’authoring et pressage, jusqu’au design de la jaquette finale (TF1 Vidéo, présent avec son logo, se limite à la distribution des produits). Et en regardant la qualité de ses premiers deux titres, Blade et Perdus dans l’espace, la barre est placée très haut.

Le fort intérêt porté sur Seven 7 Sept - et par réflèxe sur Metropolitan - est polarisé par l’immense attrait du catalogue des titres à disposition. Outre un catalogue essentiellement axé sur le fantastique, Metropolitan est depuis fin 1996 le distributeur français de la célèbre maison de production américaine New Line Cinema. En plus, il agit comme un franc tireur dans les marchés du film. Un cas d’école : Cube, le ultracult-movie du canadien Vincenzo Natali. Metropolitan était confiante d’attirer 500.000 spectateurs lors de sa sortie en salles. Finalement, plus du double a vu cet étrange OVNI cinématographique. Autant dire que la sortie du film en DVD (le 3 mai 2000) sera l’un des évènements du printemps. Seven 7 Sept a déjà préparé des mini-cubes pour le marketing, et elle travaille d’arrache pieds à la conception du disque.

« Nous avons décidé de se lancer dans le DVD avec Blade, principalement car la période coïncidait avec la sortie VHS », explique Gilles Polinien, responsable de S7. « Toutes les conditions techniques étaient remplies pour ne pas rater le rendez-vous, et en plus nous avons estimé qu’il s’agissait d’un titre porteur, susceptible de mettre en valeur notre savoir-faire « .

Le film d’action avec Wesley Snipes ainsi que Perdus dans l’espace ont surpris par la qualité des suppléments (près de 60 minutes chacun), le sous-titrage systématique de chaqun de ces suppléments… et par leur excellent comportement avec des lecteurs de DVD qui ont parfois des problèmes avec des titres d’autres distributeurs.

« Le travail sur la vidéo et les sources 5.1, et la décision de sous-titrer chaque élément supplémentaire, comportent des investissements très importants pour notre structure », affirme Cathy Chapuis, chef de produit DVD de S7. « Cela correspond en tous points à la politique de Metropolitan, qui a décidé de se positionner dans le haut de gamme. Nous savons que tous les consommateurs ne sont pas forcément intéressés par les plus-produits, mais le soin et les choix présents vont valoriser nos disques. Nous nous sommes aussi efforcés de créer des menus conviviaux. Je ne sais pas si vous avez eu l’occasion de visionner l’édition britannique de Blade : nous avons retravaillé tous les menus, pour les rendre encore plus clairs ».

Il y a juste un petit problème. Les extras, les commentaires audio ou les scènes coupées au montage ne font pas partie des droits d’exploitation des films. Il faut les payer à part. Très cher ! (les responsables de S7 ne diront pas combien). Comment un distributeur indépendant peut-il alors se permettre d’offrir le même éventail de plus-produits les « collector » Sony ou Warner ?

La réponse est simple : l’union fait la force ! Metropolitan s’est associée avec les distributeurs anglais, allemand, italien, espagnol et scandinaves des films New Line, pour faire en quelque sorte un « achat groupé » pour l’Europe. « Tout ceci s’est fait sous l’égide de New Line ; en fait, c’est le Studio lui-même qui a conseillé ses distributeurs européens de se regrouper », commente Gilles Polinien.

Dans la pratique, ce système-D est orchestré par Sonopress, une importante boîte allemande d’authoring et de pressage (qui a fabriqué entre autres les DVD musicaux de Film Office, et qui fera bientôt des Super Audio CD pour Philips). Ce dernier propose ensuite aux éditeurs des DVD localisés, calqués essentiellement sur les contenus des « Platinum Edition » des DVD Zone 1 de New Line. Seven 7 Sept peut donc décider d’opter pour une édition collector (selon la classique équation coûts bruts/ventes potentielles), ou elle peut choisir de fabriquer le DVD elle-même en France. Ce type de synergie pan-européenne s’applique bien entendu aussi aux menus animés des titres, qui seront localisés selon le marché.

Certes, cela ne marche pas à tous les coups.. Certains ont fait noter que le DVD Seven 7 Sept de Blade est orphelin de 2 ou 3 d’éléments par rapport à l’édition Z1, et notamment de la piste audio siolée de la musique et les suppléments DVD-Rom. S7 explique que les droits de la piste audio n’était pas disponibles pour l’Europe, et que New Line refuse pour l’instant de licenser les droits des éléments DVD-Rom.

Avant la sortie dans les rayons, S7 s’occupe de celle qui est devenue la tâche la plus importante (hélas !) du processus de création d’un DVD : la phase de « contrôle qualité », pour vérifier que le DVD est conforme aux spécifications du standard, et surtout qu’il est accessible par les lecteurs sur le marché européen. Pour être précis, le travail est confié à PIMC, une structure spécialisée située en Belgique, qui assure aussi les tests pour d’autres gros noms du DVD en Europe. « Nous sommes très satisfaits de nos rapports avec PIMC, et nous continuerons à travailler avec eux », confie Cathy Chapuis.

Blade et Perdus dans l’espace cachent une surprise de taille : les sous-titres français ne sont pas imposés, lors du visionnage du film en VO ! S7 offre un coup de théâtre, avec une fonction que TF1 ou Film Office n’arrivent pas à offrir. Cathy Chapuis explique: « Le problème est représenté en fait par les marchés britannique et irlandais, qui risqueraient d’être cannibalisés par des importations parallèles. Dans les accords avec certaines maisons de production américaines, on trouve par contre une clause qui stipule que, si le DVD est déjà sorti depuis un certain délai (généralement de 3 mois) sur le territoire anglais, le distributeur local a le choix de retirer cette option. Nous avons donc profité de cette formule pour ces titres. Comprenez toutefois que cela se fera au cas par cas : lorsque nous sortirons des DVD qui ne satisfont pas ce délai, nous serons obligés d’avoir les sous-titres imposés. Et par la même occasion, on devra aussi bloquer le changement de langue à la volée, car les deux fonctions sont liées entre elles ».

Après Perdus dans l’espace, S7 va renchérir en janvier avec Seven, qui sera suivi par Pleasantville et Rush Hour le 2 et le 16 février (Voir cet autre news pour une première liste des DVD Seven 7 Sept prévus pour l’an 2000). « Notre politique est de sortir le DVD en simultanée avec la VHS pour les nouveautés », affirme Gilles Polinien. « En même temps, nous prévoyons de sortir 1 ou 2 titres par mois de ce que nous appelons les fonds de catalogue ».

Dans le calendrier prévisionnel de S7 des premiers 6 mois de l’an 2000, il y a aussi une information qui chagrinera les fans : Crying Freeman - initialement prévu pour janvier - sortira finalement au mois d’avril. Pourquoi ? « La préparation est très laborieuse », réponds Cathy Chapuis. « Ce DVD sera incroyablement riche en suppléments : nous aurons entre autre 600 vignettes du storyboard, un commentaire audio et une ‘vraie’ longue interview au réalisateur ». Christophe Gans démarre le tournage de son prochain long métrage en janvier 2000, mais le DVD de Crying Freeman ne sera pas (helàs !) en mesure de proposer les toutes premières images du film. Pas pour les délais restreints, mais parce que le disque est déjà archi-comble.

Les futurs DVD Seven 7 Sept seront repartis en deux catégories : les « Editions Prestige » (une sorte d’alter ego des « Platinum Edition » Z1, dixit le label) très riches en suppléments, et les disques standard. A cause de leurs coûts d’investissement, les Prestige seront proposés avec un prix légèrement supérieur. En vertu de l’accord de distribution avec TF1, c’est ce dernier qui décide la politique tarifaire des produits. S7 ne commente pas l’information selon laquelle certains DVD TF1 descendront au dessous du seuil « psychologique » de 200 francs (selon nos infos, le premier titre à en bénéficier serait Seven ..).

En revanche, S7 prévoit d’ores et déjà d’ajouter à leurs DVD des suppléments non inclus sur les Z1, si l’opportunité se pose. Et cela devrait arriver plus tôt que prévu : le spectaculaire thriller d’action Au revoir à jamais (encore sans date, mais vraisemblablement prévu pour le printemps prochain) sera accompagné par exemple par une séquence coupée - déjà présente sur le LD français, mais totalement inconnue sur l’édition Z1. Cube devrait aussi bénéficier de l’aura culte acquise en France..

Nous écrivions que S7 est un label sans portefeuille. Il y a toutefois une exception : le documentaire sportif France 98 - La coupe du monde du siècle, dont S7 détient les droits. On peut même dire que dans ce cas c’est le monde à l’inverse : TF1 assure la conception du DVD (elle y travaille dessus depuis de nombreux mois) et la distribution finale, tandis que S7 agit en tant qu’éditeur !

En marge de la création des DVD, S7 soutient aussi financièrement « DVDVision », la revue dirigée par David Fakrikian (bientôt dans les kiosques avec un hors-série + DVD en encart sur James Bond). En effet, le label est aussi actif dans le domaine de l’édition, avec la distribution en kiosques de certains packs revue + cassette vidéo. A quand l’arrivée des films en DVD dans les Points Presse ? « Certainement pas avant 18 mois ! », réponds Gilles Polinien. « Actuellement, le coût de production d’un DVD est encore beaucoup trop élevé pour un tel format de distribution ».

Pour finir, qui dit New Line, dit Freddy Krueger. Est-ce que l’édition d’un coffret contenant la totalité de la saga de Freddy est envisagéable aussi en France ? Difficile à dire, car les droits sont éparpillés entre differents distributeurs. Mais Metropolitan serait en train de racheter les droits des premiers 3 films de la saga, ce qui peut cacher des idées ambitieuses. Faites des beaux rêves…

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