Exclusif : Voyage au coeur de Seven 7 Sept
Qu’ont en commun « Perdu dans l’espace », « Cube », « Crying Freeman » et « Le corrupteur » ? Le même label : Seven 7 Sept. Derrière ce nom cabalistique, se cache le nouvel enfant terrible du DVD en France
, qui a frappé fort dès le début (Blade et
Perdus dans l’espace), et qui vise les sommets du haut de gamme dans la
création de DVD, grâce notamment à une filiation avec une certaine New Line…
Le nom complet de la compagnie nécessite une petite gymnastique vocale : ce
n’est pas Seven Sept, mais « Seven 7 Sept ». Pas étonnant que ce label soit en
train de mettre la touche finale à Seven, normalement prévu pour
janvier, et qu’il songe d’ores et déjà à comment numériser tous les numéros
de la Bête de La Fin des temps, le nouveau Schwarzie bientôt dans les
salles (et dans un an en DVD).
Née en quelque sorte des cendres de Delta Vidéo, S7 (pour les intimes)
équivaut à une espèce de structure sans portefeuille. En d’autres termes,
Seven 7 Sept ne détient pas les droits vidéo des titres qu’elle conçoit -
à des rares exceptions près. Cette compagnie est en fait une « spin off » de
Metropolitan Film & Vidéo, le « petit » distributeur indépendant qui ne cesse
pas de monter. S7 s’affranchit de la lourde tâche de construction des éditions
DVD des films de sa consoeur, de la sélection des suppléments à la validation
des phases d’authoring et pressage, jusqu’au design de la jaquette finale (TF1
Vidéo, présent avec son logo, se limite à la distribution des produits). Et
en regardant la qualité de ses premiers deux titres, Blade et
Perdus dans l’espace, la barre est placée très haut.
Le fort intérêt porté sur Seven 7 Sept - et par réflèxe sur Metropolitan - est
polarisé par l’immense attrait du catalogue des titres à disposition. Outre
un catalogue essentiellement axé sur le fantastique, Metropolitan est depuis
fin 1996 le distributeur français de la célèbre maison de production
américaine New Line Cinema. En plus, il agit comme un franc tireur dans les
marchés du film. Un cas d’école : Cube, le ultracult-movie du canadien
Vincenzo Natali. Metropolitan était confiante d’attirer 500.000 spectateurs
lors de sa sortie en salles. Finalement, plus du double a
vu cet étrange OVNI cinématographique. Autant dire que la sortie du film en
DVD (le 3 mai 2000) sera l’un des évènements du printemps. Seven 7 Sept a
déjà préparé des mini-cubes pour le marketing, et elle travaille
d’arrache pieds à la conception du disque.
« Nous avons décidé de se lancer dans le DVD avec Blade, principalement
car la période coïncidait avec la sortie VHS », explique Gilles Polinien,
responsable de S7. « Toutes les conditions techniques étaient remplies pour ne
pas rater le rendez-vous, et en plus nous avons estimé qu’il s’agissait d’un
titre porteur, susceptible de mettre en valeur notre savoir-faire « .
Le film d’action avec Wesley Snipes ainsi que Perdus dans l’espace ont
surpris par la qualité des suppléments (près de 60 minutes chacun), le
sous-titrage systématique de chaqun de ces suppléments… et par leur
excellent comportement avec des lecteurs de DVD qui ont parfois des problèmes
avec des titres d’autres distributeurs.
« Le travail sur la vidéo et les sources 5.1, et la décision de sous-titrer
chaque élément supplémentaire, comportent des investissements très importants
pour notre structure », affirme Cathy Chapuis, chef de produit DVD de S7. « Cela
correspond en tous points à la politique de Metropolitan, qui a décidé de se
positionner dans le haut de gamme. Nous savons que tous les consommateurs ne
sont pas forcément intéressés par les plus-produits, mais le soin et les choix
présents vont valoriser nos disques. Nous nous sommes aussi efforcés de créer
des menus conviviaux. Je ne sais pas si vous avez eu l’occasion de visionner
l’édition britannique de Blade : nous avons retravaillé tous les menus,
pour les rendre encore plus clairs ».
Il y a juste un petit problème. Les extras, les commentaires audio ou les
scènes coupées au montage ne font pas partie des droits d’exploitation des
films. Il faut les payer à part. Très cher ! (les responsables de S7 ne diront
pas combien). Comment un distributeur indépendant peut-il alors se permettre
d’offrir le même éventail de plus-produits les « collector » Sony ou Warner ?
La réponse est simple : l’union fait la force ! Metropolitan s’est associée
avec les distributeurs anglais, allemand, italien, espagnol et scandinaves
des films New Line, pour faire en quelque sorte un « achat groupé » pour
l’Europe. « Tout ceci s’est fait sous l’égide de New Line ; en fait, c’est le
Studio lui-même qui a conseillé ses distributeurs européens de se regrouper »,
commente Gilles Polinien.
Dans la pratique, ce système-D est orchestré par Sonopress, une importante
boîte allemande d’authoring et de pressage (qui a fabriqué entre autres les DVD
musicaux de Film Office, et qui fera bientôt des Super Audio CD pour Philips).
Ce dernier propose ensuite aux éditeurs des DVD localisés, calqués
essentiellement sur les contenus des « Platinum Edition » des DVD Zone 1 de New
Line. Seven 7 Sept peut donc décider d’opter pour une édition collector (selon
la classique équation coûts bruts/ventes potentielles), ou elle peut choisir
de fabriquer le DVD elle-même en France. Ce type de synergie pan-européenne
s’applique bien entendu aussi aux menus animés des titres, qui seront
localisés selon le marché.
Certes, cela ne marche pas à tous les coups.. Certains ont fait noter que le
DVD Seven 7 Sept de Blade est orphelin de 2 ou 3 d’éléments par
rapport à l’édition Z1, et notamment de la piste audio siolée de la musique et
les suppléments DVD-Rom. S7 explique que les droits de la piste audio n’était
pas disponibles pour l’Europe, et que New Line refuse pour l’instant de
licenser les droits des éléments DVD-Rom.
Avant la sortie dans les rayons, S7 s’occupe de celle qui est devenue la tâche
la plus importante (hélas !) du processus de création d’un DVD : la phase de
« contrôle qualité », pour vérifier que le DVD est conforme aux spécifications
du standard, et surtout qu’il est accessible par les lecteurs sur le marché
européen. Pour être précis, le travail est confié à PIMC, une structure
spécialisée située en Belgique, qui assure aussi les tests pour d’autres
gros noms du DVD en Europe. « Nous sommes très satisfaits de nos rapports avec
PIMC, et nous continuerons à travailler avec eux », confie Cathy Chapuis.
Blade et Perdus dans l’espace cachent une surprise de taille :
les sous-titres français ne sont pas imposés, lors du visionnage du film en
VO ! S7 offre un coup de théâtre, avec une fonction que TF1 ou Film Office
n’arrivent pas à offrir. Cathy Chapuis explique: « Le problème est représenté
en fait par les marchés britannique et irlandais, qui risqueraient d’être
cannibalisés par des importations parallèles. Dans les accords avec certaines
maisons de production américaines, on trouve par contre une clause qui
stipule que, si le DVD est déjà sorti depuis un certain délai (généralement
de 3 mois) sur le territoire anglais, le distributeur local a le choix de
retirer cette option. Nous avons donc profité de cette formule pour ces
titres. Comprenez toutefois que cela se fera au cas par cas : lorsque nous
sortirons des DVD qui ne satisfont pas ce délai, nous serons obligés d’avoir
les sous-titres imposés. Et par la même occasion, on devra aussi bloquer le
changement de langue à la volée, car les deux fonctions sont liées entre
elles ».
Après Perdus dans l’espace, S7 va renchérir en janvier avec
Seven, qui sera suivi par Pleasantville et Rush Hour
le 2 et le 16 février (Voir
cet autre news pour une première liste des DVD Seven 7 Sept prévus pour l’an 2000). « Notre politique est
de sortir le DVD en simultanée avec la VHS pour les nouveautés », affirme
Gilles Polinien. « En même temps, nous prévoyons de sortir 1 ou 2 titres par
mois de ce que nous appelons les fonds de catalogue ».
Dans le calendrier prévisionnel de S7 des premiers 6 mois de l’an 2000, il y
a aussi une information qui chagrinera les fans : Crying Freeman -
initialement prévu pour janvier - sortira finalement au mois d’avril.
Pourquoi ? « La préparation est très laborieuse », réponds Cathy Chapuis. « Ce
DVD sera incroyablement riche en suppléments : nous aurons entre autre 600
vignettes du storyboard, un commentaire audio et une ‘vraie’ longue interview
au réalisateur ». Christophe Gans démarre le tournage de son prochain long
métrage en janvier 2000, mais le DVD de Crying Freeman ne sera pas
(helàs !) en mesure de proposer les toutes premières images du film. Pas pour
les délais restreints, mais parce que le disque est déjà archi-comble.
Les futurs DVD Seven 7 Sept seront repartis en deux catégories : les « Editions
Prestige » (une sorte d’alter ego des « Platinum Edition » Z1, dixit le label)
très riches en suppléments, et les disques standard. A cause de leurs coûts
d’investissement, les Prestige seront proposés avec un prix légèrement
supérieur. En vertu de l’accord de distribution avec TF1, c’est ce dernier
qui décide la politique tarifaire des produits. S7 ne commente pas
l’information selon laquelle certains DVD TF1 descendront au dessous du seuil
« psychologique » de 200 francs (selon nos infos, le premier titre à en
bénéficier serait Seven ..).
En revanche, S7 prévoit d’ores et déjà d’ajouter à leurs DVD des suppléments
non inclus sur les Z1, si l’opportunité se pose. Et cela devrait arriver plus
tôt que prévu : le spectaculaire thriller d’action Au revoir à jamais
(encore sans date, mais vraisemblablement prévu pour le printemps prochain)
sera accompagné par exemple par une séquence coupée - déjà présente sur le LD
français, mais totalement inconnue sur l’édition Z1. Cube devrait
aussi bénéficier de l’aura culte acquise en France..
Nous écrivions que S7 est un label sans portefeuille. Il y a toutefois une
exception : le documentaire sportif France 98 - La coupe du monde du siècle, dont S7
détient les droits. On peut même dire que dans ce cas c’est le monde à
l’inverse : TF1 assure la conception du DVD (elle y travaille dessus depuis de
nombreux mois) et la distribution finale, tandis que S7 agit en tant
qu’éditeur !
En marge de la création des DVD, S7 soutient aussi financièrement « DVDVision »,
la revue dirigée par David Fakrikian (bientôt dans les kiosques avec un
hors-série + DVD en encart sur James Bond). En effet, le label est aussi
actif dans le domaine de l’édition, avec la distribution en kiosques de
certains packs revue + cassette vidéo. A quand l’arrivée des films en DVD dans
les Points Presse ? « Certainement pas avant 18 mois ! », réponds Gilles
Polinien. « Actuellement, le coût de production d’un DVD est encore beaucoup
trop élevé pour un tel format de distribution ».
Pour finir, qui dit New Line, dit Freddy Krueger. Est-ce que l’édition d’un
coffret contenant la totalité de la saga de Freddy est envisagéable aussi en
France ? Difficile à dire, car les droits sont éparpillés entre differents
distributeurs. Mais Metropolitan serait en train de racheter les droits des
premiers 3 films de la saga, ce qui peut cacher des idées ambitieuses. Faites
des beaux rêves…