CANNES à l'abordage du vaisseau pirate
Cinéma et vidéo ont un ennemi commun : le pirate. Rapide, fourbe… et principalement internaute, il est accusé de mettre en danger les oeuvres de création… Distributeurs et éditeurs vidéo ont décidé de réagir. Le 57ème Festival International du Film de Cannes leur donne la parole…
Ce fut pendant longtemps le combat de l’industrie musicale. Aujourd’hui la
piraterie sur internet a un nouvel ennemi : l’industrie cinématographique.
Tous les subterfuges sont bons pour éliminer le pirate informatique. Du macaron
holographique (dont tous les DVD Le Monde de Nemo seront équipés) au pourrissement
des fichiers téléchargeables (virus, mises en gardes sonores ou visuelles,
fichiers corrompus…).
A malin, malin et demi. Distributeurs cinéma et éditeurs vidéo ont pris la
menace du piratage très au sérieux et ne reculeront devant rien pour l’endiguer.
« Les films, déclare Nicolas Seydoux président de l’ALPA (L’Association de Lutte
contre la Piraterie Audiovisuelle), ont besoin de l’intégralité de leurs
ressources d’exploitation, sans quoi, toute l’économie du système va s’arrêter ».
Une perspective inenvisageable pour l’industrie cinématographique qui voit en
2004 le public se précipiter encore plus nombreux dans les salles obscures. Il
lui faut donc soutenir la tendance et réagir contre ceux qui mettent en péril
son activité. Les déclarations à la presse se multiplient, les mesures se
diversifient, le lobbying auprès du gouvernement et les pressions sur les
fournisseurs d’accès s’intensifient.
Pour les professionnels de l’audiovisuel, l’objectif est simple. Traquer le
pirate jusque dans les moindres recoins de la toile. Une tâche qui les met
tous d’accord ou presque.
En effet, l’arme uniquement repressive n’est pas du goût de certains qui voient
en internet l’opportunité d’une plus grande visibilité et en la piraterie
informatique l’aiguillon poussant à produire des oeuvres de meilleure qualité à
des prix très abordables.
Malgré les nombreuses copies pirates du Monde de Nemo, le film a
réalisé plus de 9 millions d’entrées en salles. Du jamais vu pour un Pixar /
Disney. Le Monde de Nemo vient ainsi se placer derrière Le Roi Lion (10
millions d’entrées) qui reste à ce jour le premier film d’animation au Box
Office français.
Idem en matière de DVD. Ce qui fait vendre, c’est le bonus, l’édition collector,
ultime, celle à 2, 3 ou 4 DVDs. « Le Seigneur des Anneaux » en spécial ou
collector s’est vendu à des milliers d’exemplaires. Même chose pour Matrix Reloaded.
Pourquoi ? D’une part, parce que le DIVX est encore loin de pouvoir s’aligner
sur la qualité d’image d’un DVD… d’autre part parce qu’il faudrait
l’équivalent de 3 à 10 CD (selon le type d’édition) pour faire tenir le film et
les bonus d’éditions pantagrueliques bourrées de suppléments.
Dernier point ; il est important de ne pas amalgamer pirates et internautes.
Selon une étude récente du cabinet d’audit américain Forrester Research, seuls
7% des internautes français piratent de la vidéo. Ce chiffre, qui n’est pas
anodin, est loin de dessiner une majorité. Pirater de la vidéo via Internet
reste fort heureusement un comportement marginal.
Le 57ème Festival International du Film de Cannes réunira le dimanche 16 mai
pour une rencontre informelle les dirigeants des principaux studios de cinéma
du monde, de Bollywood à Hollywood, en passant par la Chine et l’Europe.
Animée par Peter Bart et Philippe Labro, la discussion portera sur les moyens
d’action concertée à l’international contre le piratage. L’occasion pour les
professionnels d’aborder ce fléau sous toutes ses formes et d’adopter une ligne
de conduite commune. Une rencontre à suivre… de très près !
On apprend ce matin que le Tribunal de Grande Instance de Paris à débouté
vendredi dernier un
consommateur qui n’avait pu effectuer une copie à titre privé d’un DVD grâce
à une platine DVD/Disque Dur.
Le TGI et les producteurs audiovisuels en profitent pour rappeler que la
copie privée reste une exception et non un droit et qu’un DVD
protégé ne peut donc faire l’objet d’une plainte.