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SPIDER-MAN 2 : L'araignée se déchaîne

Par François Chollier | Publié le
SPIDER-MAN 2 : L'araignée se déchaîne

Le Bouffon Vert a laissé la place à Doc Ock, mais aussi aux craintes de Peter Parker envers ce qu’il est devenu. Tandis que le film événement de Sam Raimi s’apprête à sortir en France, les critiques US et DVDFR sont d’accord sur un point : cette araignée bondit encore plus haut que la précédente



SPIDER-MAN 2
( Sortie le 14 juillet 2004 )
de Sam Raimi

Spider-man 2

Ecartelé entre son identité secrète de Spider-Man et sa vie d’étudiant, Peter Parker n’a pas réussi à garder celle qu’il aime. Mary Jane est aujourd’hui comédienne et fréquente quelqu’un d’autre. Guidé par son seul sens du devoir, Peter vit désormais chacun de ses pouvoirs à la fois comme un don et comme une malédiction.

Par ailleurs, l’amitié entre Peter et Harry Osborn est elle aussi menacée. Harry rêve plus que jamais de se venger de Spider-Man, qu’il juge responsable de la mort de son père.

La vie de Peter se complique encore lorsque surgit un nouvel ennemi : le redoutable Dr Otto Octavius. Cerné par les choix et les épreuves qui engagent aussi bien sa vie intime que l’avenir du monde, Peter doit affronter son destin et faire appel à tous ses pouvoirs afin de se battre sur tous les fronts…

Spider-man 2

Rarement histoire de super-héros n’aura été si bien contée. Spider-Man a fait de la toile (de cinéma) son lieu de prédilection. Avant tout parce qu’on y respire ses aventures grandeur nature. Ensuite parce qu’il s’y connaît pour visuellement (voire graphiquement) entrecroiser les fils de la narration. Mais par dessus tout, parce qu’il nous donne, à travers une description intuitive de son univers, envie de s’identifier à lui. L’intuition est ici la clé ! Quand d’autres s’adonnent à de l’illustration avec force crispations simiesques et effets spéciaux dantesques, Spider-Man, lui, hurle son humanité.

Humain, trop humain même, puisqu’en voyant Tobey Maguire, décidément parfait dans la peau de Peter Parker, on ne peut s’empêcher de sympathiser. Chaque réaction, chaque mot, chaque geste est une occasion pour Tobey « Spidey » Maguire de glisser au spectateur une multitude d’émotions. Ces émotions habilement captées par une caméra mobile (mais pas gesticulatoire) noue autour de ce personnage complexe (pierre angulaire de l’histoire) une intrigue qui fait feu de sentiments contradictoires (Haine / Respect, Désir / Vengeance…) et force les protagonistes à l’introspection plutôt qu’à la précipitation.

Spider-man 2

La recette est simple : faire du plus improbable des êtres un super héros englué dans les vicissitudes du quotidien. Et dans cette lutte incessante pour exister et assumer cette envahissante schizophrénie, Spider-Man affronte un éternel ennemi plus terrifiant que tout ceux qu’on ne pourra jamais lui présenter : lui-même ! Le penser est illusoire, le dire semble péremptoire, le montrer a quelque chose d’insensé. Mais la méthode Raimi est brillante tout simplement parce que les spectateurs ont besoin d’inattendu.

L’engouement tonitruant autour du premier volet s’explique avant tout par cette quête incessante d’un super-héros proche du quidam humain. C’est ce qui lui donne un net avantage par rapport à tous les autres super-héros… et Dieu sait s’ils fleurissent ces jours-ci ! Spider-Man est différent. Différent parce qu’il ne cesse de se torturer, différent parce que les choix qu’il fait implique une foultitude d’autres personnages que lui, différent parce que le mythe est à chaque épisode un peu plus ébranlé.

Spider-man 2

On attendait une logique et fastidieuse surenchère d’effets spéciaux au profit d’une action non stop. Loin s’en faut ! Non que le film fût lent ou ennuyeux. L’hallucinant combat entre Docteur Octopus et Spider-Man 2 perchés sur le toit du métro de New York atteste de son aptitude à vous emmener au coeur de l’action. Mais Raimi place le défi plus haut… beaucoup plus haut en traînant dans Spider-man 2 son héros dans la boue. Surenchère de misérabilisme ? Sûrement pas ! Volonté de prendre des libertés vis-à-vis du mythe ? Assurément ! Et c’est tout le sel de cette suite surpassant largement le premier volet. Nous offrir un super-héros incapable de s’assumer. Le faire laver son linge et que déteigne son costume. Le faire s’écraser au sol. Le faire tomber de son piédestal. Quel malin plaisir prend Sam Raimi ? Celui de servir autre chose que de la bouillie franchisée, celui d’accomplir un divertissement intelligent !

Intelligence redoutable que celle de Sam Raimi, formé à l’école du Fantastique et de l’Horreur. Premier réflexe : faire patienter le spectateur. Poser son ambiance de sorte que l’on crève d’envie à l’idée de voir enfin Spider-Man se transformer, se battre et accomplir des miracles…Faire patienter mais pas trop longtemps et pas n’importe comment. Raimi s’amuse, Spider-Man trinque et nous « spectateurs » jubilons. Pendant ce temps, ambuches et questionnements s’accumulent resserrant autour du héros, franchement poisseux, la toile d’un scénario partciulièrement bien ficelé. Puis vient la transformation qui s’annonce une fois encore douloureuse (plus douloureuse que dans l’épisode précédent).

Spider-man 2

Cependant, pour réussir le film, il faudra réussir le méchant. C’est ici que le génie de Sam Raimi intervient !!! D’abord le doute, ensuite l’angoisse pour terminer par l’obscur sentiment de ne pas être à la hauteur. Premier méchant de l’histoire ; le lourd passé de Peter Parker qui pousse Spider-Man à se sentir responsable de la mort de son oncle, rejeté par cette société qu’il s’obstine à aider, maudit de ne pas pouvoir aimer la seule femme au monde à laquelle il tienne.

Sam Raimi fait de son héros un torturé, un paria que la société siffle quand elle en a besoin puis jette après utilisation. J. Jonah Jameson (son patron de presse) en est le vil représentant. Deuxième méchant de l’histoire : son ami Harry Osborn, remarquablement interprétée par le très sous-estimé Larry Franco. Il symbolise l’argent, la haute société, le pouvoir à la solde d’intérêts privés. Par essence, il est l’ennemi de la plèbe et de tous ses citoyens puisqu’il n’agit que par gloriole et ambitionne l’enrichissement personnel. Deux raisons qui trouvent en la vengence pour la mort de son père une commode justification pour condamner l’oeuvre altruiste de Spider-Man.

Spider-man 2

Troisième méchant, le plus évident : le Docteur Octopus que son obsession dévorante de puissance conduit à la pire des métamorphoses. Il est l’archétype de l’humain qu’une science sans conscience a asservi. Armé de ses 4 bras mécaniques, il émane de lui terreur et folie. C’est alors que Raimi a l’incroyable idée de filmer sa métamorphose comme s’il filmait un film d’horreur. La scène sur la table d’opération en est le meilleur exemple. Les médecins hurlent, les bras tels des serpents s’emparent un à un des membres de l’équipe médicale. La fameuse tronçonneuse (clin d’oeil à Evil Dead) fera une courte mais cinglante apparition. La démonstration reste « tout public » mais Raimi se débride et marque les esprits. Ses 3 mémorables méchants assurent aux films une savoureuse complexité au travers de nombreux rebondissements.

Spider-man 2 a trouvé son rythme de croisière alternant scènes intimistes, ambiances catstrophistes et morceaux de bravoures nuancés. 2ème volet 2 fois plus inspiré 2 fois mieux maîtrisé 2 fois plus audacieux. Sam Raimi réussit le périlleux exercice de virvolter entre les fondations du mythe pour offrir au spectateur un divertissement qui s’adresse à l’inconscient. On en ressort électrisé avec la sensation d’avoir vu autre chose qu’un épisode bête et méchant. La suite franchisée à gros budget, Raimi la laisse aux incontinents de l’action. Cet auteur dans l’âme préfère bâtir pierre après pierre une oeuvre qu’on aura plaisir à regarder à nouveau dans 10 ans. Raimi a de la suite dans les idées, il l’a déjà prouvé auparavant (avec la trilogie des « Evil Dead »). Il élève « Spider-Man » au rang de hit planétaire avec inspiration et insolence, deux qualités qui forcent le respect. Suspendu au fils des aventures de l’homme-araignée, impossible pour le spectateur de décrocher.

Spider-man 2

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