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Deauville 2004 : "Heights" et "We Don't Live Here Anymore"

Par François Chollier | Publié le
Deauville 2004 : "Heights" et "We Don't Live Here Anymore"

Glenn Close chez Chris Terrio et Naomi Watts chez John Curran… Triangles amoureux…



HEIGHTS de Chris Terrio avec Glenn Close

Isabel est une jeune photographe new-yorkaise de 25 ans. Au cours d’une journée d’été, elle remet en question son projet de mariage avec Jonathan. Sa mère Diana, une actrice légendaire, découvre au même moment l’infidélité de son époux, et fait la rencontre d’Alec, un jeune acteur qui habite le même immeuble qu’Isabel et Jonathan. Peter, un jeune journaliste anglais, découvre en effectuant des recherches pour un article de Vanity Fair un secret qui peut mettre en danger le mariage des futurs époux.

En l’espace de 24 heures, ces 5 vies s’entrelacent et se démêlent…

Sur le mode de la mosaïque (mosaïque que Glenn Close préférera qualifier « d’ensemble »), Chris Terrio tisse une intrigue sentimentale surnaturelle aux entournures. Son modèle : la tragédie grecque. Son univers : le théâtre. L’ouverture exclut toute ambiguïté sur la nature de ce qui va suivre. Glenn Close en professeur de comédie insuffle la passion aux acteurs venus assister à son cours. Par conséquent, la suite mélangera sans surprise théâtralité de l’instant et moments de vérité.

Pourtant, une fois l’ouverture (remarquablement bien jouée) passée, le film retombe comme un soufflet. Non que les comédiens manquassent de passion dans leur jeu. Bien au contraire, « l’ensemble » fonctionne à merveille. Mais la théâtralité marquée de « Heights » lui donne la couleur d’un exercice de style… pire, le symbolisme lourd distillé par le film ainsi que le trop grand nombre de coïncidences (aisément assimilables à des facilités scénaristiques) le rend irréel. Tous les personnages ont des secrets. Ces secrets s’emboîtent parfaitement. Et cet emboîtement est facilité par la présence consciente ou inconsciente de liens affectifs.

Vous savez bien c’est l’histoire d’une personne A fille de B qui aime C et rencontre D. Mais ce qu’elle ne sait pas c’est que C aime D et que B connaît D. Bref… une histoire à plusieurs qui a besoin, pour intéresser, d’un scénario accrocheur et finement mené. Ici, il n’y a malheureusement ni l’un ni l’autre, juste la douloureuse impression de se faire mener en bateau par un mélodrame sentimental cousu de fil blanc.

Dommage ! Il y avait pourtant de quoi nouer un vaudeville new-yorkais raffiné. Pour cela, il eût fallu que l’Amérique de « Heights » renonçât à se regarder le bout du nombril. Une belle occasion manquée ! Une fâcheuse habitude qui donne lieu à une belle occasion manquée !

We Don't Live Here Anymore

WE DON’T LIVE HERE ANYMORE de John Curran avec Naomi Watts

Hank et Jack sont tous deux professeurs d’Université. Leurs femmes respectives, Edith et Terry, sont de très bonnes amies, et les deux couples passent ainsi beaucoup de temps ensemble.

En apparence, leur mariage fonctionne bien. En apparence seulement. Tout va être remis en question lorsque Jack et Edith décideront de pousser plus avant leur liaison.


Si le mot « grotesque » a un sens en matière de cinéma, il aura sans doute été inventé pour ce type de film. Sur une idée qui n’en est pas une, un scénario qui n’en est pas un tente de nous faire prendre des vessies pour des lanternes avec une arrogance et une prétention à faire pâlir Jean-Luc Godard en personne.

Imaginez 4 protagonistes, pessimistes au possible coincés dans leur relation amour / amitié, s’échanger leurs partenaires dans la plus grande indifférence, indifférence que le scénariste (?) tente de nous présenter comme un signe de maturité. Pour plus de confort, l’action se répartit principalement entre deux appartements. Au programme, gifles, hurlements, parties de jambes en l’air et bavardages intempestifs. En cause, paraît-il, la vie de 2 couples qui traversent simultanément une crise existentielle. « Paraît-il » parce qu’on ne voit pas très bien de quel couple John Curran veut parler ni même si son film traite de quoi que ce soit tant l’ensemble baigne dans l’inconsistance et l’absurdité.

Les situations dépeintes tiennent plus de l’incontinence sexuelle que d’une vraie réflexion philosophique sur le bien-fondé d’un ménage. On se demande bien quel couple accepterait la tromperie sans réagir ? Ici, on s’arrange avec le phénomène, on fait copain-copain avec le cocufieur, on va même jusqu’à l’encourager dans sa démarche ! C’est un point de vue. Ca n’est pas le plus intéressant du moins en termes de potentiel et d’intrigue. Les personnages, las de vivre, finissent par tout accepter sans jamais développer la plus petite réaction. On se fait donc passablement suer…et le calvaire dure 1h41.

1h41 de blabla psychologisant avec leçons de morale et de savoir-vivre par des gens qui en sont dénués. 1h41 de non-situations farfelues surjouées par une bande d’acteurs en vogue (Watts et Ruffalo en tête) également producteurs de cet informe machin. Bref… 1h41 pendant lesquelles le spectateur s’ennuie ferme tout en ayant l’impression de se faire arnaquer. Oui à l’indépendance et à la libre-pensée. Non au n’importe quoi ! Bon courage à ceux qui décideront de le regarder !

Cinéma
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