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Hollywood Reloaded

Par Giuseppe Salza | Publié le
Hollywood Reloaded

Apple et Disney déchaînent la révolution. Los pasionarios de la pomme et de la souris lancent les prémices du téléchargement légal des vidéos avec les séries TV vedettes aux US. Ce qui fonctionne pour la musique marche aussi pour le cinéma ?



De nombreux commentateurs avaient deviné que, derrière les rideaux twinpeaksiens du carton d’invitation de l’événement média Apple top secret d’hier, se cachait effectivement un iPod Vidéo.

Le nouvel iPod video black

Mais très peu de gens avaient su prédire le « one more thing… » du junket, le coup de théâtre des 10 dernières minutes : l’accord entre Disney et Apple pour la distribution en téléchargement payant des épisodes de quelques séries TV. Et pas n’importe lesquelles : Desperate Housewives et Lost, les 2 shows les plus suivis par les téléspectateurs américains !

Le mirage des films et séries TV disponibles à portée de clic, était dans l’air depuis des années (nous parlons d’une dimension hollywoodienne, et pas du X, qui a clairement déjà intégré ce modèle). Mais faute du qui et du quand, il restait exactement ça : un beau rêve, une vision en quête d’une politique audiovisuelle. Il fallait une fois de plus que ce soit Apple qui mette le feu aux poudres en lançant ce qui s’annonce comme une véritable révolution.


Que viva Apple !

Quelle est la teneur de l’annonce, au délà de l’introduction des nouveaux iPod et iMac ? Rien de moins que les prémices de la dematérialisation des bibliothèques d’Hollywood !

Mariage hollywoodien

En plus des séries télé de Disney (qui sont disponibles uniquement en Amérique du Nord pour le moment), Apple a annoncé la disponibilité payante de quelques courts-métrages Pixar et environ 2000 clips vidéos. Quel que soit le format, le prix est le même : 2,49 € l’unité (1,99 $ aux US). Chaque programme est encodé en MPEG-4 et H.264, soit les mêmes technologies que sur la PSP Sony, mais à une résolution un peu inférieure. Les vidéos utilisent FairPlay, le DRM maison de Apple : les droits sont les mêmes que ceux des chansons, hormis la gravure sur DVD, qui est interdite.

Le format vidéo (320x240) est adapté à la résolution native des iPod Vidéo. Malgré la qualité du H.264, un zoom artificiel sur l’image pour les visionner sur l’écran TV ou sur le moniteur, ne va pas leur faire du bien.

Cette limitation est sans doute la barrière de ce premier test de vidéos en téléchargement. L’entente Apple/Disney/labels musicaux est une version 1.0 pour sonder le marché, en attendant de futurs iPods a écran large, une meilleure pénétration du très haut débit et - pourquoi pas - des alliances.

C’est l’objectif affiché par Steve Jobs. L’accord avec Disney est une façon de dire aux autres Studios : « Regardez-nous, on travaille avec la compagnie la plus paranoïaque de la planète en termes de droits numériques. Ce qu’on a fait avec la musique, on essaie de le bâtir ensemble avec la vidéo ».

C’est d’autant plus audacieux, qu’Apple a trouvé la formule qui a fait défaut toutes ces années à Microsoft : le contenu d’abord, la technologie après. C’est là toute la différence entre les deux rivaux. Apple bâtit des chaînes de contenu de A à Z - on appelle ça des « user experiences ». Microsoft batît des écosystèmes, bien sûr ceux des actionnaires et des conseils d’administration, pas des utilisateurs finaux.

La boutique vidéo d’Apple se trouve sur le même terrain que la PSP de Sony. Mais, à bien les regarder, les deux plates-formes sont très complémentaires :
- pas de disque dur sur la PSP (à moins de bousiller le « form factor » de la console), contre les DD de 30 et 60 Go des iPod,
- un support bien physique (l’UMD) contre un modèle virtuel,
- net avantage à la PSP pour l’écran : 480x272 contre 320x240,
- net avantage à l’iPod pour la musique : iTunes Music Store contre… bon, ne tirons pas sur les ambulances,
- mêmes codecs vidéo mais des DRM différents.

© Sony Computer Entertainment Inc.

Notre avis : ces deux-là sont fait pour s’entendre !


Des perspectives futures : jouons à Star Trek !

Maintenant que la première fois a été consommée, soyons science-fictionnesques et essayons d’imaginer ce qui pourrait arriver - si ça marche :

- les chaînes et bouquets TV vont râler - du moins jusqu’au jour où ils auront des émissions vedettes que tout le monde voudra voir ;

- les annonceurs vont râler si cette nouvelle économie dépasse une certaine masse critique. Attendez-vous à des spots publicitaires hyper localisés et ciblés avant votre émission préférée ;

- les consommateurs vont râler tant qu’il n’y aura pas une adaptation des droits d’achat à l’échelle planétaire - ou du moins Communutaire, puisque l’UE garantit la libre circulation des biens ;

- des pack « combo », avec le même programme en haute définition, et des « presets » au format PSP ou iTunes ;

- des fenêtres de diffusion totalement explosées. Robert Iger, le nouveau PDG de Disney, l’un des concepteurs de l’accord d’hier soir, a déjà choqué certains il y a quelques semaines, en proposant un nouveau modèle de sorties simultanées salles et DVD sur certains films et programmes ;

- selon les premiers résultats chiffrés de l’expérience, Microsoft pourrait soit décider de faire du rentre-dedans à Apple, soit de se garantir plutôt une porte d’entrée pour son Xbox 360, qui est en passe de devenir le seul Media Center de masse de la maison.



Est-ce que cela signifie pour autant un déclin du DVD ou des supports physiques tels que nous les connaissons ? Pas avant de nombreux années, voire décennies, c’est sûr.

Les marchés traditionnels ont des habitudes et des formats de consommation qui restent très prédominants. Malgré le boom du binôme iPod/iTunes, le marché de la musique en ligne ne représente que 3%. Les 97% restants sont réalisés par la vente de CD et DVD.

Ensuite il reste bien sûr la limite physique des temps de téléchargement. Exemple : en ADSL2+, il nous a fallu un peu plus de 4 minutes pour récupérer les 174 Mo de la bande-annonce en haute définition 1080i de Harry Potter 4, qui dure deux minutes et vingt secondes. En clair : 2 minutes de téléchargement = 1 minute de HD.

Faisons un peu de math : à quelle vitesse devrons-nous voyager sur le Net pour récupérer une demi-heure de HD par minute - le minimum syndical pour ne pas mourir d’ennui à regarder la barre de téléchargement et foncer vers la FNAC la plus proche ?…

Reportage
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