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Blu-ray : les premiers tests

Par Giuseppe Salza | Publié le
Blu-ray : les premiers tests

DVDFR.com analyse une dizaine de titres BD sur la Playstation 3. Est-ce que la haute définition écrase le DVD ? Nous avons mené l’enquête…



Nous avons essayé une dizaine de Blu-ray édités en France et aux Etats-Unis. Notez que dans la suite de l’article, nous parlerons souvent de BD qui est le diminutif officiel du Blu-ray Disc.

Les titres :
BD Français chez GCTHV :
- Camping Car
- Crazy Kung-Fu
- Hostel
- S.W.A.T. unité d’élite
- UltraViolet
ainsi que
- Les 4 Fantastiques de FPE.

BD Américains :
- L’âge de glace 2 et X-Men : L’affrontement final de Fox
- Superman Returns de Warner
- Mission : Impossible 3 de Paramount, qui devrait être la première édition 2 BD de l’histoire.

(note : nous avons dû « disqualifier » Camping Car et Les 4 Fantastiques, car ils sont zonés pour l’Europe et sont illisibles sur une PS3 japonaise. Tous les autres BD sont des Zone A+B+C et donc universels).

UltraViolet - Blu-ray
 
Les 4 Fantastiques - Blu-ray
 
L'Age de glace 2 - Blu-ray

Vous aurez peut-être vu les premiers Blu-ray dans les bacs. L’étui est environ 2,5 cm plus petit en hauteur qu’un boîtier DVD, et il est légèrement plus fin. La boîte est translucide - et bien entendu de couleur bleu. La partie supérieure est réservée au logo distinctif du nouveau format.

Malgré la guerre qui les oppose, les camps Blu-ray et HD-DVD se sont tout de même mis d’accord pour adopter un même format de boîtier. Les HD-DVD sont facilement reconnaissables car ils adoptent un code couleur rouge bordeaux.

Les boîtiers nord-américains et européens sont très similaires. Les derniers semblent légèrement plus sophistiqués : par exemple, le logo Blu-ray est en relief chez nous.

Boîtier Blu-ray Disc   Boîtier HD-DVD

Le Blu-ray arrive en deux formats : le BD-25 (simple couche de 25 Go) et le BD-50 (double couche de 25 Go chacune). TDK a déjà fait la démonstration d’une version quadricouche (le BD-100) et déclare savoir d’ores et déjà fabriquer des BD-200 ! Mais ce sera pour plus tard…

Le format introduit une nouvelle notion de zones. Les Studios réunis autour du Blu-ray ont voulu innover avec une nouvelle division du monde en 3 zones affublées chacune d’une lettre et non plus d’un chiffre. La Zone A regroupe Etats-Unis, Japon, le reste de l’Amérique et l’Asie du Sud-Est. La Zone B comprend l’Europe, l’Afrique et l’Océanie. La Chine et le reste de la planète occupent la Zone C.

A l’instar du DVD, les BD peuvent aussi être Zone ALL (ou A+B+C) : pour le moment, deux tiers des disques nord-américains et une partie des éditions européennes le sont. Ce flou semble venir des différentes politiques des Studios : certains universalisent, d’autres verrouillent. Notons qu’à l’heure actuelle, aucun système de dézonage existe. Pour jouer dans les régions Europe et Amérique du Nord/Japon, il faut deux lecteurs.

Comme les choses ne sont pas amusantes si elles sont trop simples, les jeux vidéos de la PS3 sont - pour la première fois - multizone. Pour les DVD en revanche, un lecteur reprend la même configuration et les mêmes règles de sa région d’origine. Par exemple, une PS3 japonaise pourra lire les DVD Zone 2 et Zone ALL en NTSC, mais pas les autres. Trop compliqué ? Ajoutons alors que des solutions de dézonage sur la lecture DVD commencer à apparaître. C’est déjà ça.

Dans le Blu-ray, le programme principal est encodé en haute définition. Les trois déclinaisons possibles sont le 1080p, le 1080i et le 720p. Dans la pratique, 99% des films ou programmes sont en 1080p. Le 1080i pourrait être utilisé pour des vidéos. Quant au 720p, il semble essentiellement consacré au jeux vidéos.

La plupart des bonus contenus dans les premiers BD sont les goodies des DVD actuels, tournés en définition standard. Dans le lingo des pixels, ces contenus peuvent être en 480 ou 576 (les résolutions natives respectives du NTSC et du PAL), en mode entrelacé (« i ») ou progressif (« p »).

Les éditeurs s’efforcent d’être plus ou moins pédagogiques sur les jaquettes, pour présenter les formats inclus dans leurs disques. DVDFR s’efforcera d’afficher le maximum d’éléments dans ses fiches, et de différencier les bonus HD et SD, dans la limite des informations qui nous seront communiquées.

Nouvelles zones

Assez de théorie, insérons un disque dans la PS3…

Nous avions entendu des histoires sur des temps de chargement dostojevskiens. Finalement, il n’en est rien : la PS3 est presque aussi rapide qu’un lecteur de DVD.

Le menu d’un Blu-ray est très similaire à celui d’un DVD, exception faite que les options se trouvent en bas de l’écran, pour une raison que nous découvrirons plus loin.

Nous avons commencé avec L’âge de glace 2… et nous avons vite pris une belle claque digne des gadins de Scrat, l’écureuil le plus malchanceux de l’univers… La haute définition n’a plus grand chose à voir avec la SD (définition standard).

Le disque bleu introduit une nouveauté inédite en DVD : l’accès aux fonctions essentielles du menu sans quitter la lecture du programme. Avec une touche, un « mini-menu » s’incruste dans la partie basse de l’image. Pratique ! C’est l’une des nouveautés du BD-MV, l’interactivité de base du Blu-ray. Mais cela n’est rien face au BD-J, un langage issu du Java qui offrira des fonctions interactives avancées. Les premiers disques à base de BD-J commencent à peine à sortir outre-Atlantique.

Et ce n’est pas tout, car courant 2007 arrivera le BD Live, qui combinera les données du disque à du contenu téléchargeable - par exemple des séquences inédites, ou des mises à jour des filmographies. En revanche, le BD-Live requiert la présence d’une unité de stockage sur le lecteur, ainsi qu’une connection à Internet. Aucun des lecteurs de salon de 1ère génération n’est compatible alors que la PS3 pourrait supporter cette fonction à travers une mise à jour logicielle…

Bye bye Scrat. On passe à un 2ème BD Fox, X-Men : L’affrontement final, qui est reputé pour sa qualité technique. Et en effet, le piqué de l’image est incroyable. Les détails que l’oeil humain s’efforçait de deviner, sont maintenant visibles. Mais ce qui frappe avant tout dans la haute définition, c’est la richesse des arrière-plans et la véracité des couleurs. On retrouve enfin des parcelles de l’expérience en salles. Nul doute que les éditeurs essaieront de booster le piqué et les contours pour mettre en avant l’argument principal de la HD - pour le meilleur et pour le pire ?

Par ailleurs, quel est le poids de la HD ? Essayons Mission : Impossible 3. Chaque piste DD 5.1 plafonne à un débit fixe de 640 Kbit/s. L’image voltige autour de 30 MBit/s sur des plans détaillés, pour atteindre des pics de 36.

Comment le savons-nous ? La PS3 a une botte secrète. En appuyant sur la touche « Select », on peut accéder au « bitrate » vidéo et audio en temps réél, ainsi qu’au type d’encodage du disque et à quelques autres données. Intéressant ! Précisons au passage que le Blu-ray possède un taux de transfer maximal de 54 Mbit/s, dont 40 Mbit/s pour la vidéo uniquement. Dans la pratique, cela signifie grosso modo qu’un BD transmet six fois plus de données qu’un DVD !

Le Blu-ray accepte trois types de codecs pour la vidéo : « l’ancien » MPEG-2 (dans un profil HD), le MPEG-4 H.264 (aussi connu sous la dénomination AVC) et VC-1 (un dérivé de Windows Media proposé par Microsoft).

L’utilisation d’un codec ou d’un autre relève des choix politiques des studios. Sony prône à fond pour le MPEG-2 (pour des raisons de licenses favorables, d’après les « on dit »…). Warner est un gros supporter du VC-1. Tandis que Buena Vista et surtoût Fox sont très actifs sur le front du H.264/AVC.

Sur le Web, on a pu lire des histoires inquiétantes sur la qualité des premiers encodages en MPEG-2. Mais après la sortie de la PS3 ou du lecteur de salon BDP-S1 de Sony, il a fallu se rendre à l’évidence : la qualité du lecteur et l’état de la source y sont pour beaucoup !

Les BD européens de Crazy Kung-Fu ou S.W.A.T. unité d’élite offrent à notre avis une très bonne image en MPEG-2 : beaucoup de détail, très peu de bruit vidéo, et une justesse indéniable de la couleur - admirez le look des banlieues de Los Angeles dans S.W.A.T…

Mais la HD fait aussi ressortir le grain de la photo d’origine (par exemple dans Hostel) et peut être sans pitié dans les scènes sous-exposées. Nous parions que ceci sera le sujet « chaud » dans les mois à venir. Certains ont d’ores et déjà pris le pari inverse de gommer toute imperfection de l’image et de « over-esthétiser » la saturation des couleurs, comme UltraViolet, qui devient une sorte de bande promo pour « vendre » la netteté des écrans Full HD. Attention aux excès…

Comme nous l’avions dit dans notre article précédent, le Blu-ray introduit de nouvelles déclinaisons du Dolby Digital et du DTS, toujours plus lossless ou riches de détails. Mais la plupart des équipements actuels ne sont pas encore prêts pour ce déferlement sonore…

Fox est devenu le premier supporter du son haute définition. Ses BD incluent une piste DTS-HD Master Audio, qui est actuellement le format sonore le plus nirvanesque de la planète. Cet encodage peut atteindre un débit maximal de 24,5 Mbit/s sur le Blu-ray (en comparaison, sur le HD-DVD, il ne peut dépasser les 18 Mbit/s) !

Sony/Columbia n’est pas encore très actif sur le DTS, mais a pris la bonne habitude d’inclure au moins une piste en PCM multicanal non compressé. Hélas, ce format n’est pas exploitable dans toute sa splendeur sur une PS3. Il faudrait pour cela une sortie audio analogique multicanal, dont la console est dépourvue…

Mais en attendant la généralisation de la norme HDMI 1.3 chez les grands noms du Home-Cinema, le BD offre déjà un net pas en avant par rapport au DVD, et ça se sent. Les pistes Dolby Digital et DTS 5.1 via le câble optique, exploitent des débits supérieurs, et la PS3 garantit un excellent traitement sonore.

Hostel - Blu-ray
 
S.W.A.T. unité d'élite - Blu-ray

Le hic actuel du Blu-ray : les bonus. Mission : Impossible 3, qui consacre un 2ème BD rien qu’aux suppléments, est un peu l’exception que confirme la règle. Si on aligne une série de nouveautés BD d’un côté, et les dernières sorties en DVD de l’autre, le cadet fait pâle figure. On dirait presque que nous sommes revenus en arrière de 7 ou 8 ans.

Les raisons sont multiples :

- Le consommateur va avoir du mal à « digérer » un bonus en définition standard après avoir chouchouté ses rétines à grand renfort d’images époustouflantes pendant 90 minutes ou plus… Surtout qu’en plus de passer dans une définition plus basse, on se retrouvera soit avec des images au format timbre poste à cause de la différence de taille des 2 sources ou alors avec des images agrandies artificiellement par le studio pour un résultat coûteux et pas très probant…

- Deuxième problème de taille, les droits d’exploitation des différents éléments. En effet, à moins d’être 100% propriétaire des images qui constituent un supplément de programme, le studio est contraint de « louer » ou d’acheter des droits d’exploitation qui n’étaient valables jusqu’à présent que pour le DVD. Donc en clair, pour remettre dans un BD (ou dans un HD-DVD) un bonus qui ne lui appartient pas, le studio doit repasser à la caisse. Les coûts de mise en place de ces nouveaux formats étant déjà conséquents, on comprends facilement qu’ils rechignent pour le moment…

- Enfin, même avec toute cette belle capacité qui semble titanesque, ces nouveaux supports souffent de leurs nouvelles technologies : les images et les pistes sonores ainsi encodées prennent de toutes façons beaucoup plus de place qu’avec les technologies du DVD. Un film de 2 heures en 1080p et quelques pistes en format non compressé et votre galette de 25, 30 ou 50 Go se retrouve bien vite surbookée…

Face à ces obstacles, il n’est pas étonnant que les éditeurs aient décidé qu’il était plus sage de mettre le frein sur les bonus. Il n’y a pas de règle : X-Men 3 ou Crazy Kung-Fu reprennent les goodies des éditions DVD (des bonus maison avec une qualité honnête car ce sont des films récents). D’autres comme Les 4 Fantastiques, en prennent seulement certains. Et pour finir, il y a de titres comme Hostel, où il n’y a strictement rien à se mettre sous la dent !

Heureusement, les Majors commencent à concevoir les suppléments en HD. Disney et Fox ont promis des « exclusivités HD » pour les grosses sorties en Blu-ray. Sony ajoute parfois de bandes-annonces en HD. Et il va falloir que les producteurs vidéo achètent les caméscopes HD pour tourner des making of plus vrais que nature.

Signalons au passage que les éditeurs songent à de nouvelles façon d’intégrer les bonus au programme principal, voire à permettre au consommateur de créer des playlists de visionnage des goodies du disque. Fox, pour sa part, veut faire trembler les canapés du salon en intégrant la technologie D-Box dans certains de ses titres (Alien vs Predator), qui consiste justement à envoyer des signaux à des ressorts et amortisseurs placés stratégiquement sous votre fauteuil, comme dans le bon vieux « sensorround » des salles obscures…

Camping Car - Blu-ray
 
Crazy Kung-Fu - Blu-ray

Pour conclure ce premier regard sur le Blu-ray, on peut dire que le format haute définition est promis à un avenir doré. Avec de bons encodages, la HD offre un saut de qualité significatif et nous rapproche davantage des sensations des salles obscures. De plus, le BD est encore jeune, et la qualité va s’améliorer au fur et à mesure que les codecs et les technologies évoluent.

Sur les disques passés en revue, nous avons été impressionnés par la qualité de X-Men 3 et L’âge de glace 2, suivis aussitôt par Crazy Kung-Fu et S.W.A.T. unité d’élite. Nous avons une préférence personnelle pour le codec H.264/AVC, qui semble être la recette gagnante pour les titres à venir.

Evidemment, le clan Blu-ray a aussi une guerre à gagner contre l’autre support concurrent, le HD-DVD. Le BD peut compter sur une écrasante majorité de Studios et fabriquants qui le soutiennent, et sur une série d’annonces à effet prévus pour le CES de janvier 2007. Mais il devra aussi compter sur le niveau d’adoption de la PS3 et sur une baisse significative du prix des lecteurs de salon, pour être plus séduisant.

Faut-il investir dans le Blu-ray maintenant ? Avec le ticket d’entrée des lecteurs de salon à 1200 € (le Samsung), la réponse nous paraît évidente : patientez ! La sortie européenne de la PS3 au printemps sera une occasion bien plus propice à l’achat : la console coûtera la moitié d’un lecteur de salon de 1ère génération, et le choix de titres BD édités en France sera plus significatif que les rares références aujourd’hui dans les bacs. On murmure déjà que Casino Royale et Pirates des Caraïbes 2 seront 2 des blockbusters à paraître en BD au printemps 2007…


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- le 18 décembre 2006
- le 21 décembre 2006

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