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Vinylmania, la vie à 33 tours par minute

Par Alex Gand | Publié le
Vinylmania, la vie à 33 tours par minute

Le vinyle connaît une deuxième jeunesse. Proclamé film officiel du Disquaire Day, Vinylmania, le documentaire-manifesto de la matière noire du beat sort en double DVD collector chez Dissidenz. Reportage complet sur le vrai sound de la musique…

Le second Disquaire Day, version frenchie du Record Store Day, aura lieu ce samedi 21 avril en France. 

Disquaire Day ? 

Oui, le jour dédié aux fanas du superbe vinyl et au vinyl lui-même, noir, en couleur, transparent ou encore Picture Disc.

De quoi parle-t-on ? Des EP (Early Playing - 2 titres en 45 tours) SP (Special Playing - 4 titres en 45 tours), LP (Long Playing - 33 tours), 78 tours, et même 16 tours et tant d’autres encore.

Ce Disquaire Day et Record Store Day a son oeuvre manifesto : un documentaire de Paolo Campana sur la passion suscitée par ces morceaux de plastique quasi inusables et bien plus résistants au ravages du temps que les CD : Vinylmania ! Proclamé film officiel du Disquaire Day, avec une projection en salle au Nouveau Latina à Paris, le documentaire arrivera aussi en double DVD le 5 juin chez Dissidenz, dans une édition collector et - bien entendu - à tirage limité, avec de nombreux goodies et une pochette dessinée par Winston Smith, l’iilustrateur de nombreux album covers pour Green Day ou The Dead Kennedys.

 

Vinylmania (Édition Collector Limitée) - DVD

 

Ce documentaire nous parle à tous particulièrement, et ce pour plusieurs raisons listées ci-après. En effet, le vinyl n’aurait jamas du passer l’épreuve des années 90. Les raisons en sont multiples mais tiennent surtout, lâchons les gros mots, au Business et à ses nervis.

Bref retour en arrière : dans les années 80 apparait la mise en production à grande échelle d’un nouveau format, le CD Audio. Les décideurs (industrie de l’électronique grand public et Majors de la musique) y voient :  

  1. : le progrès
  2. : le moyen de vendre un fond de catalogue pour la seconde fois aux mêmes acheteurs-moutons

Dès lors, la mise à mort est programmée de façon quasi clinique : mise en route de la production CD et dans le même temps, par effet mécanique, diminution puis quasi arrêt de la production de vinyls. Aux rééditions en CD des back catalogues se sont rajoutées les versions Collector, Gold et autres déclinaisons (Remastered etc.) de ces même fonds. 

Et que s’est-il passé ?

Plus de production ? Que nenni : les passionnés, les maisons d’éditions indépendantes, des nouveaux courants musicaux (Techno, et Rap principalement) ont ignoré royalement les ordres d’une industrie ou la magie de l’oeuvre avait laissé place aux colonnes de chiffres : décidez ce que vous voulez, nous ne sommes pas concernés par le monde que vous proposez : nous ne ne le combattons pas, simplement jamais nous ne lui appartiendrons.

Ajoutez à cela le marché de l’occasion et un second monde, hors du temps, une ligne de fraction temporelle, s’est créée.

 

Et aujourd’hui à quoi faisons-nous face ?

Le business du CD est en déclin constant là où celui du vinyl, après avoir sérieusement marqué le coup, retrouve de sacrées couleurs et des chiffres en constante hausse, stabilisé, serein. Les éditeurs indépendants (français par exemple, tels, Born Bad Records, Le Silence de la Rue et tant d’autres encore) se portent (très) bien.

Les Majors assassines ? Uh ! L’arme s’est bien retournée contre elle comme douée d’une vie propre.

Le marché du DVD et du Blu-ray est lui-même à la croisée des chemins, et pourrait prendre lui aussi la tangente voire de la résistance aux dictats de l’industrie (de la VOD et de la dématérialisation en toutes formes notamment).

Voir le documentaire Vinylmania c’est cela : une ignorance d’un dictat économique au profit de la magie générée par un produit manufacturé. Pinocchio, marionette de bois inerte, prenant vie propre et échappant au créateur. Celui ou celle qui tombe dans le monde du vinyl est marqué à vie au fer rouge. Oui, quoi qu’en dise certains, le son est bien meilleur que celui d’un CD ! (en fonction de l’équipement audio, ben sûr). Le support bien plus résistant au temps (voir cette séquence hallucinante de platine vinyl laser japonaise dans le documentaire), le support magique (la fameuse pochette cartonnée pour les LP, la chasse au produit tenant même de la quête du Graal ou du safari.

Ce documentaire, faisant la part belle aux fanatiques en recherche perpétuelle de la galette vinylique, oppose donc deux conceptions du monde, deux manières de vivre : le consumérisme béat et infantile à la passion dévorante (la séquence du bon ami italien du réalisateur qui chine ses disques par milliers en les entreposant dans un garage…).

Oui l’humain, l’individu pseudo isolé, peut s’opposer, non par resistance politique, mais simplement par passion, au dictat de l’industrie et obliger cette dernière à rendre les armes et à se plier à sa volonté.

Années 90 : l’industrie proclame "Le vinyl à courte échéance va mourir faute de production et le CD, par nos efforts, va le supplanter dans les prochaines années à venir".

Année 2012 : le CD est en train de mourir, le vinyl se porte très bien, merci, nous savons maintenant qu’il va vivre longtemps (alors que le CD…).

C’est de tout cela qu’il s’agit dans ce documentaire. Outre les informations essentielles (techniques de productions, équipements etc.), celles de l’unité de lieu (le monde : les vides-greniers, foires aux disques, boutiques au fin fond de New York ou autre), Vinylmania nous propose aussi des galeries de portraits d’individus non formatés par la matrice, rejetés naturelement par celle-ci (obsolètes) et pourtant diablement plus attachants et vivants que le consommateur lambda.

Vinylmania c’est une plongée au coeur d’une bataille perdue d’avance par l’industrie des chiffres, l’histoire d’une épopée cachée, tue et qui refait surface pour une lente mais sûre résurrection. La victoire du Bien sur le Mal ? Peut-être, mais plus sûrement de la passion contre la froideur des comptabilités.

Votre serviteur lui-même compte un nombre de vinyls imposants, de tous formats, passe pratiquement tout son temps les sens aux aguets, prêt à acheter, racheter et écouter tout le temps (à l’écriture de cette article, le 13th Floor Elevator élève les notes acides de son premier LP dans la pièce) du vinyl.

Et la passion est dévorante, telle une bactérie exponentielle elle contamine ma femme, mes amis, tous ceux qui m’approchent (Giuseppe Salza est tu là ? Avec tes vinyls retrouvés de Kraftwerk ?).

Il est donc question de vinyls, mais aussi de MK2, de Teppaz, platines Philips rouges brésiliennes, pièces débordantes de disques, bibliothèques d’archives immenses et incroyables, d’appartements remplis à ras bord, dégueulants le bout de plastique rond magique, de personnages hauts en couleurs. Et puis Paolo Campana nous fait aussi découvrir et connaître quelques maîtres : ainsi les frères Karminsky (superbe premier album : The Karminsky Experience), le leader du Tango électronique, les faiseurs de pochettes mythiques.

Tout est à prendre dans ce documentaire, il faut s’en repaître et ne pas bouder son plaisir.

Du 5.1 en VOST, du 16/9, 2 heures de suppléments avec 15 segments (ici appelés bonus tracks, normal) à la rencontre de disquaires, artistes et autres pasionarios du vinyl : l’écrin est royal. Edité en all zones, le double digipack sera vendu autour de 20 euros. Bande-annonce du documentaire ci-dessous :

 

 

Le vinyl ? Veni, Vidi Vici ! Il fallait bien que quelqu’un ajoute à la série Classic Albums en DVD un témoignage du moment présent du vinyl. C’est maintenant fait.

Merci Paolo !

 

Commentaires
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jean-marc
Le 19 avril 2012 à 19:04

à quand le LaserDisc day ? :d

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jean-marc
Le 19 avril 2012 à 19:11

Sinon moi aussi je suis revenu au vinyl.
Le vinyl c'est la meilleure lutte contre le piratage :)

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jean-marc
Le 23 avril 2012 à 11:03

Du coup j'ai acheté quelques LP :
Chinese Man - Racing with the sun
Gus Gus - Polydistortion
Kula Shaker - Peasants, Pigs & Astronauts
Ting Tings - Sounds From Nowheresville (pas encore écouté)
Et un 5 ème dont je me rappelle pas de quoi il s'agit :D (pas encore écouté)

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Giuseppe Salza
Le 23 avril 2012 à 11:11

J'ai acheté une platine vinyl... ;)

J'ai pris aussi quelques LPs, mais symboliquement l'album qui marque mon switch back, est l'édition limitée en vinyle blanc de Seventeen Seconds des Cure...

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jean-marc
Le 23 avril 2012 à 11:17

Ah tiens j'ai retrouvé mon 5ème.
Cocteau Twins - Stars and Topsoil (best-of)
Ça fait au moins 20 ans que je n'ai pas écouté du Cocteau Twins, je ne me rappelle même plus vraiment à quoi ça ressemble... :D
C'était l'album "heu c'est quoi déjà ?" :P

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Alex Gand
Le 23 avril 2012 à 11:37

Kula Shaker c'est du très lourd, en LP ça doit bien dépoter.

Si jamais vous mettez la main sur le second LP des Charlatans (UK, pas US) "Between 10th & 11th", il est du même tonneau que le Kula Shaker, très shoegazing.

Le seul exemplaire des fabuleux Stairs "Mexican R & B" de la même époque (et numéro 1 dans les charts UK) est aussi superbe.

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jean-marc
Le 23 avril 2012 à 11:59

Je connaissais que quelques morceaux de Kula Shaker, j'ai pris justement un album pour voir un peu plus que les 3 ou 4 morceaux que je connaissais, j'ai adoré. Effectivement ça dépote en LP.
Charlatans je connais que de nom je crois... enfin a priori.
Merci pour l'info.

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jean-marc
Le 23 avril 2012 à 12:04

Charlatans Weirdo c'est très psychédélique. Je découvre là :)
Chewing Gum Weekend aussi.
Ça sonne bien en tout cas.
(Album non dispo chez le partenaire de DVDFR).

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Alex Gand
Le 23 avril 2012 à 12:06

Mais si, vous connaissez forcément les Charlatans : http://www.youtube.com/watch?v=zhSA8FwdS2A d'ailleurs la plupart de ce style de groupes sont présents sur ce DVD (très bon) : http://www.dvdfr.com/dvd/f12213-later-with-jools-holland-cool-britannia.html

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