4K : premiers essais pour la Ultra Haute Définition
La diffusion ce soir d’un spectacle live en 4K de l’Opéra de Vienne lance la course de la UHD et du successeur du Blu-ray, avec le nouveau format HEVC…
La course pour la Ultra Haute Définition prend son envol. Ce soir, pour la première fois au monde, un spectacle sera diffusé en live à 4K par Internet : l'opéra Nabucco de Verdi avec Plácido Domingo, à l'Opéra Nationale de Vienne. Le signal sera capté avec la caméra Sony PMW-F55 CineAlta 4K en HEVC, et ensuite rediffusé sur le web via le protocole MPEG-DASH. L'infrastructure technique est assurée par Elemental. Samsung s'est associée à l'événement, avec des écrans 4K à différents endroits dans le monde qui assureront la retransmission.
Derrière ces acronymes, se cache la prochaine courbe d'évolution de l'image et le futur de la vidéo. Dans les années à venir, la FullHD laissera progressivement la place à la UHD, plus connue sous l'appellation 4K, avec une définition environ 4 fois supérieure (3840 x 2160 pixels). Les premiers écrans UHD sont en vente depuis l'année dernière, à des prix très élévés, mais qui commencent à chuter.
Le moteur de la UHD sera presque certainement le HEVC (High Efficiency Video Coding), une nouvelle norme d'encodage vidéo anciennement appelée H.265, et qui prendra la révèle de l'actuel AVC/H264. Ce dernier supporte aussi la 4K, mais le HEVC offre des algorithmes de compression next-gen, est très indiqué pour des flux multiples, garantit un gain de volume d'environ 30% et peut supporter tous les formats vidéo jusqu'à la 8K. Autant dire que ce mot deviendra familier dans les 15 années à venir.
Le HEVC a un seul handicap de taille à ce jour : la puissance de calcul. Pour decompresser un flux 4K HEVC en temps réél, il faut une puissance brute et un système de refroidissement digne des datacenters. Les industriels font des pas de géant, mais nous sommes encore à 2 ou 3 ans du début de la production de masse des chips.
Ceci n'est pas un problème en soi, car les programmes en 4K native ne courent pas les rues. Avant toute chose, le HEVC doit devenir un standard mondial et être adopté par l'ensemble des acteurs. En France, le CSA vient de donner son accord pour mettre en place une plate-forme de test UHD, en utilisant les normes HEVC et DVB-T2 (la prochaine plate-forme de diffusion de la TNT). Selon le HD Forum, les premières diffusions, permettant de stocker 3 chaînes UHD dans un multiplex, pourraient avoir lieu en 2016. Pour la généralisation du format, il faudra patienter jusqu'à 2020 et attendre en tout cas la fin du switch off de l'ancien format MPEG2 (prévu pour 2016), pour libérer de la capacité.
Le HEVC se retrouvera presque certainement au coeur du Blu-ray 4K, dont les nouvelles tombent encore au compte-gouttes. Sony et Samsung espèrent arriver à une certification du format début 2015. Sony, qui veut visiblement accélérer les débats, affirme que le Blu-ray 4K pourrait être un disque tri-couches à 100 Go et pourrait voir le jour fin 2015 — du moins dans les laboratoires et les showrooms des salons.
Netflix et Amazon sont aussi dans les wagons du train de la 4K (surtout aux USA), pour de services OTT ou de vidéo à la demande. Mais la balle se trouve aussi et surtout du côté des fournisseurs d'accès. Dans les tests actuels (menés avec un quadri-flux plus les protocoles de corrections d'erreurs, reconstitués chez le receveur), pour avoir une image 4K "de qualité", le ticket d'entrée est de 50 Mbit/s. Autrement dit, l'ADSL ne pourra jamais supporter un tel débit. Il faudra la fibre - FTTH ou FTTLA - ou d'autres moyens d'accès à très haut débit, dont les taux d'adoption des nouveaux abonnés tournent encore au ralenti.
Mais entre les rêves des showrooms et la vérité de commercialisation de masse, il y a une abysse. La UHD/HEVC implique aussi un changement complet de l'équipement vidéo à la maison. Aucun écran FullHD ou platine/console Blu-ray n'est compatible 4K, et les dépenses sont toujours lourdes en temps de crise. Le Blu-ray et les bouquets en HD/HD+ ont encore de belles années devant eux.