Dolby ATMOS, DTS:X, Auro-3D : poussez les murs et montez le son !
Il est loin le temps des premiers home-cinema et du son Dolby Surround qui nécessitait 4 enceintes… il en faut 10 de plus désormais ! Faisons le point sur la guerre du son…
Amplificateur 11.2 ou 7.2.4
IL ÉTAIT UN SON
L'histoire de la vidéo a été, par deux fois, le champ de bataille de formats techniques. À l'époque des bandes magnétiques, le conflit entre Bétamax, V2000 et VHS a vu la victoire techniquement peu glorieuse de la VHS. Plus tard, à l'ouverture de l'ère haute définition, la guerre HD DVD contre Blu-ray fut âpre mais cette fois encore, un seul format s'en est vraiment sorti : notre chère galette bleue, le Blu-ray.
Ce que le grand public sait moins, c'est qu'en parallèle, une guerre du son a lieu depuis l'arrivée du DVD, principalement entre Dolby et DTS pour savoir qui occupera le plus de galettes avec sa technologie sonore maison.
LE MULTICANAL
Le premier en place, à l'époque de la VHS fut Dolby avec son Dolby Surround qui permettait, en branchant son magnétoscope sur un ampli compatible, de profiter d'un son réparti sur 4 canaux (gauche, droite, arrière gauche, arrière droite). Le système VHS n'étant capable que d'une diffusion stéréo, les canaux arrières sont mélangés (matricés) dans les canaux gauche et droite, puis répartis (dématricés) sur les bonnes enceintes par l'amplificateur.
La variante Pro Logic ajoutera à ce matriçage un canal central à placer entre les deux enceintes principales (et plutôt detiné à la restitution des dialogues) et des signaux réservés à un caisson de graves (ou basses). Ce sont les premières expériences de son 5.1 (le .1 désigne les basses toujours comptées à part), mais avec une qualité de restitution au ras des pâquerettes.
Puis, le LaserDisc est arrivé, et avec lui, l'AC3 (toujours Dolby) et ses 6 canaux complets et indépendants ("discrete" en anglais) et non plus matricés. Avec l'arrivée du DVD, l'AC3 prendra le nom de Dolby Digital qui verra naître une seule amélioration en cours de route : le Dolby Digital EX, permettant de matricer un 6ème canal venant se placer à l'arrière de l'auditeur, entre les canaux arrières gauche et droit et en face de l'enceinte frontale centrale.
LA GUERRE DU SON
Le premier logo DTS
C'est à cette même époque du DVD que la société DTS, jusque là cantonnée dans les salles de cinéma, fit son arrivé avec son encodage éponyme (également en 5.1) doté d'une capacité de restitution plus élaborée avec un taux de compression moins destructeur et donnant au spectacle une qualité dynamique plus importante. Dans ses premières heures, le DTS a aussi connu des variantes 6.1 (DTS-ES) et autres débits variables, rendant l'achat de certains films digne de la quête du Graal.
LE SON HD
Bien que faisant beaucoup de progrès en bataillant à coups d'évolutions et demandant à chaque fois aux spectateurs technophiles de changer d'amplificateur, ces encodages sonores sont dit "destructifs" ou "à perte", c'est à dire que l'on perd certaines informations sonores par rapport au mixage original voulu par le réalisateur et diffusé en salles.
Avec la capacité de stockage du Blu-ray 5 fois supérieure à celle du DVD, Dolby et DTS ont pu lancer chacun leurs nouvelles armes "lossless" (sans perte) : le Dolby TrueHD et le DTS-HD Master Audio, capables de restituer 7.1 canaux tout en restant fidèles au mixage original. Par rapport au 6.1, le 7ème canal permet de scinder le canal arrière central en deux canaux distincts, dans le but d'améliorer encore la directivité des effets. Pour palier au manque de place sur certains disques (plusieurs langues, bonus, etc…), Dolby et DTS ont également livré au même moment deux versions "dégradées" de ces nouvelles technologies avec le Dolby Digital Plus et le DTS-HD High Resolution Audio qui proposent également du 7.1, mais dans des profondeurs et débits réduits.
UN SON QUI COLLE AU PLAFOND
Depuis 4 ans, une nouvelle course sonore s'est enclenchée, avec pour objectif cette fois de conquérir… le plafond ! En effet, maintenant que le son est capable de littéralement entourer le spectateur sur un plan horizontal, la seule évolution possible pour rendre l'immersion sonore encore plus probante est de jouer sur le plan vertical. L'intérêt est double :
- permettre d'entendre une action qui se passe au-dessus de la tête (passsage d'avion, missile ou simplement dans une autre pièce) ;
- permettre de gagner une "troisième dimension sonore" autorisant les ingénieurs du son à "placer" les sons dans n'importe quel endroit de la salle.
On se retrouve alors dans une veritable demi-sphère acoustique (comme dans la réalité) et avec 3 nouveaux formats sonores capables de vous envoyer au septième ciel du son immersif :
1. DOLBY ATMOS
Pour reproduire cette "réalité sonore", Dolby a tiré une nouvelle le premier avec son Dolby ATMOS qui s'appuie donc sur des enceintes placées au-dessus du spectateur pour générer son effet vertical. En conjonction avec des algorithmes spécifiques, le Dolby ATMOS est capable de "simuler" la présence des sons où de les "projeter" où bon lui semble.
Sur les 128 canaux du Dolby ATMOS possibles en salles, le nombre est limité sur les Blu-ray à du 7.1.4 (ou 11.1), le .4 étant réservé à 4 enceintes spécifiques placées au plafond. Si l'installation 7.1 a déjà été une source de conflit au sein du ménage, sachez qu'il existe aussi des enceintes spéciales, à placer comme les autres sur le plan horizontal et qui enverront le son vers le plafond, jouant ainsi sur la réflexion des ondes. Les signaux ATMOS sont encodés sur des pistes Dolby Digital TrueHD, Dolby Digital Plus ou encore PCM.
2. DTS:X
La réponse de DTS à l'ATMOS s'appelle DTS:X. Il est capable, lui aussi, de projeter le son à n'importe quel endroit de l'auditorium.
Avec le DTS:X, le nombre de sources sonores est virtuellement infini en salles mais également en home-cinema. Par contre, le nombre d'enceintes n'étant pas inifini, surtout chez le particulier, les amplificateurs DTS:X fonctionnent sur une base 7.1.4 comme l'ATMOS ou même 7.2.4 (avec un second caisson de basses), mais avec la possibilité de s'adapter à n'importe quelle configuration existante (2.0 au 7.1 en passant par le 5.1 ou même une barre sonore) en diffusant le son dans toute la pièce grâce aux fameux algorithmes. Les signaux DTS:X sont transportés par une piste DTS-HD Master Audio.
3. AURO-3D
Comme si ce n'était pas déjà assez, un troisième acteur vient de débarquer sur Blu-ray, l'Auro-3D. Conçu par la société belge Galaxy Studios, ce système, qui demande encore une fois d'avoir un amplificateur compatible, place l'environnement sonore sur 3 niveaux : une première couche classique en 7.1, une seconde couche de 5 canaux au-dessus de la première et enfin une troisième couche avec un seul canal aussi appelé "voix de Dieu". Ce 7.1.4.1 ou 13.1 peut se configurer en d'autres combinaisons (9.1, 10.1, 11.1) grâce à ses algorithmes maison qui assureront tout de même une diffusion optimale du mixage original sur un nombre réduit d'enceintes. Les signaux Auro-3D sont embarqués sur une piste PCM.
L'ARBITRE : L'ULTRA HD BLU-RAY
Bien que ces 3 formats audio soient déjà présents sur quelques Blu-ray actuels (voir ci-dessous), c'est bel et bien du côté de l'Ultra HD Blu-ray que les yeux se tournent pour leur pleine exploitation. Certains studios se sont d'ores et déjà exprimés en faveur de l'un ou l'autre. Et avec son année de retard sur Dolby, le DTS:X ne semble pas attirer les foules, tandis que l'ATMOS aurait déjà en poche Warner, Sony Pictures, Fox, Universal et MGM. L'Auro-3D quant à lui, ne fait pas partie du cahier des charges de l'Ultra HD Blu-ray et restera donc une option. L'avenir et un amplificateur universel nous diront qui avait raison…