Japon secret : 3 films inédits de Shôhei Imamura

Elephant Films a lancé, il y a trois ans jour pour jour, Cinéma MasterClass : La collection des Maîtres, une sélection prestige qui compte aujourd’hui plus de 60 titres, dont beaucoup ont été testés sur DVDFR. Le catalogue, composé de films de patrimoine venus d’horizons très divers (parmi lesquels plusieurs films britanniques dont des Hitchcock vintage), propose de nombreuses œuvres encore inédites en France sur DVD ou Blu-ray.

C’est, notamment, le cas de trois films de Shôhei Imamura, un des porte-drapeaux de la Nouvelle vague japonaise aux côtés de de Nagisa Oshima, Masahiro Shinoda et Yoshishige Yoshida. Et probablement un des plus connus du grand public pour avoir été, à deux reprises, distingué par une Palme d’Or, en 1983, pour La Ballade de Narayama (épuisé, qu’il serait urgent de rééditer) et, en 1997, pour L’Anguille.

Mais les trois films sortis le 3 novembre, appartenant à sa première période, risquent d’être, pour beaucoup, une découverte, notamment du soin particulier du réalisateur à composer ses cadres, à penser et organiser ses mouvements de caméra :

  

Cochons et cuirassés (1961) : C’est à Yokusuka, un port dans lequel fut installée une base navale pendant toute la durée de l’occupation américaine de 1945 à 1952, que le réalisateur situe l’action : les amours de deux jeunes dans un grand désordre social. L’argent dépensé par les Américains aide au redémarrage de l’économie locale, mais attise aussi la convoitise des yakuzas. Débordant de vie, ce film mélange tous les genres, l’action, le policier, la romance, le drame et la comédie (aussi en DVD).

La Femme insecte (1963) est une sorte de parabole sur la force du destin, celui d’une femme née dans une famille miséreuse à la campagne. Toutes griffes dehors, elle fera tous ses efforts pour gravir les barreaux de l’échelle sociale et mettre sa fille à l’abri des épreuves qu’elle a dû subir. Prostitution et inceste balisent ce parcours dramatique (aussi en DVD).

Le Pornographe (1966) est, probablement, le plus curieux des trois films. Il raconte l’étrange histoire d’Ogata. Plutôt obnubilé par le sexe, il choisit une occupation joignant l’utile à l’agréable : tourner en 8 mm des petits films pornographiques répondant aux fantasmes de chacun de ses clients, dont les exigences le mettent vite dans des situations plus que scabreuses. Pour compliquer encore un peu plus sa vie, les profits qu’il tire de son commerce attirent les yakuzas du coin et les relations avec sa femme se tendent depuis qu’elle a découvert qu’il lui préférait sa fille. Comment étancher sa soif de sexe en toute quiétude ? Pourquoi pas en inventant un substitut à la femme… (aussi en DVD).

Voilà pour le cinéphile curieux la promesse de bons moments à passer avec ces films dépaysants, proposés en deux éditions, combo Blu-ray/DVD ou simple DVD, correctement restaurées et accompagnées de bonus pertinents : un documentaire de 60 minutes sur Shôhei Imamura, commun aux trois films, et une présentation de chacun par deux spécialistes du cinéma nippon.

Accès aux critiques DVDFr de ces 3 films :
- Test de Cochons et cuirassés (1961)
- Test de La Femme insecte (1963)
- Test du Pornographe (1966)

Au moment de préparer la publication des articles, nous apprenons le décès de Akiyuki Nosaka, un romancier japonais connu pour sa nouvelle autobiographique "La tombe des lucioles", adapté sur grand écran par Isao Takahata en 1988 (Le Tombeau des Lucioles), un conte terrible, mais éblouissant, du cinéma d'animation japonais. Mais avant cela, Akiyuki Nosaka avait défrayé la chronique avec son premier roman "Les pornographes" en 1963. Son adaptation Le Pornographe est l'un des 3 films d'Imamura dans cette sélection.