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Zsa Zsa Gabor : in memoriam

Par Francis Moury | Publié le | Mis à jour
Zsa Zsa Gabor : in memoriam

Décédée à l’âge de 99 ans, la célébrité glamour d’origine hongroise se distinguait aussi pour sa filmographie étonnante. Biographie…

Zsa Zsa Gabor

Morte à 99 ans (presque 100 ans, à un mois et demi près, en fait) dimanche 18 décembre 2016, Zsa Zsa Gabor fut une célébrité sexy et sa biographie ahurissante vaut le détour mais il ne faut pas oublier l'essentiel, à savoir qu'elle fut d'abord une bonne actrice à la filmographie parfois étonnante (environ 80 films et téléfilms de 1951 à 1996).

Miss Hongrie en 1936, arrivée à Hollywood en 1941 avec une lettre de recommandation à l'attention de l'acteur Basil Rathbone et son épouse qui l'introduisit dans son cercle d'amis et de relations, Zsa Zsa Gabor fut mariée 9 fois dont une avec l'acteur George Sanders (de 1949 à 1954 : elle lui conservait, dit-on, une préférence rétrospective) et une avec le fondateur de la chaîne d'hôtels Hilton (1942-1947) : notre contemporaine Paris Hilton lui est, de ce fait, apparentée.

Sa carrière semble lancée lorsqu'elle joue en vedette féminine dans l'ambitieuse reconstitution de la vie du peintre Toulouse-Lautrec, Moulin Rouge (GB 1952) de John Huston. Mais elle tournera pourtant très peu de classiques de l'histoire du cinéma. Elle oscille ensuite entre USA et Europ dans des titres mineurs : elle tourne en France aux côtés de Fernandel dans L’Ennemi public n° 1 (FR/IT 1953) d'Henri Verneuil ; elle joue une Française dans Histoire de trois amours (USA 1953) de Vincente Minnelli & Gotfried Reinhardt. il faut attendre six ans après le Huston pour la retrouver dans un film important et reconnu, à savoir le film noir policier expérimental La Soif du mal (Touch of Evil, USA 1958) d'Orson Welles. Elle est brièvement mais très bien filmée, en plan-séquence impressionnant et le rôle, celui d'une accorte propriétaire d'une boîte de strip-tease à la frontière américano-mexicaine, lui va comme un gant de velours noir.

Cette même année, faste pour les cinéphiles, lui apporte une autre mémorable consécration mais dans le cinéma-bis de série B : elle joue en vedette une Vénusienne amoureuse d'un Terrien dans le savoureux film de science-fiction Queen of Outer Space (USA 1958 scope-couleurs) d'Edward Bernds.

Queen of Outer Space

Sa célébrité et sa popularité augmentant, elle participe à des émissions TV d'acteurs tels que Bob Hope  ou Dick Powell, sous les yeux attentifs de dizaines de millions de spectateurs mais, alors qu'elle est pourtant au sommet de sa beauté, le cinéma de série A la néglige.

Du coup c'est à nouveau le cinéma-bis qui lui permet de redonner sa mesure érotique et dramatique, comme vedette du film fantastique de série B, section épouvante et thriller psychologique, Picture Mommy Dead (USA 1965) de Bert I. Gordon dans lequel une célèbre photo de production montre sa belle tête coupée en train de parler. Plus grand chose à signaler sauf qu'elle joue son propre rôle dans le film fantastique d'épouvante Freddy 3 - Les griffes du cauchemar (A Nightmare On Elm Street 3: Dream Warriors, USA 1987) de Chuck Russell, co-écrit par Wes Craven. Certains se souviennent qu'elle jouait aussi son propre rôle dans Y a-t-il un flic pour sauver le président ? (USA 1991) de David Zucker.

Elle est coutumière du fait depuis longtemps. C'était déjà le cas dans la comédie Pépé (USA-Mexique 1960, titre oublié au « casting » totalement démentiel constitué de dizaines de stars d'Hollywood dans leurs propres rôles) de George Sidney. Statistiquement, Zsa Zsa Gabor est peut-être même l'actrice d'Hollywood à avoir le plus joué son propre rôle dans l'histoire du cinéma américain : au total, dans presque une vingtaine de films et téléfilms entre 1955 et 1995. Sans oublier ceux où elle n'apparaît pas mais où elle est mentionnée dans les dialogues. Elle est devenue son propre personnage, une star à la puissance 2, stricto sensu. Et même, si on voulait être méchant, stricto sangsue puisqu'on lui attribue, parmi bien des mots d'esprits, ces deux perles : « Je suis une excellente maîtresse de maison : chaque fois que je quitte un homme, je conserve sa maison » et « Pour une femme intelligente, les hommes ne constituent pas un problème mais… la solution ».

Bref… considérant tout cela, on se dit que les cinéastes d'Hollywood ont été, comme souvent, trop pressés et négligents, ratant l'occasion en or qu'ils avaient pourtant sous les yeux : Zsa Zsa Gabor, à sa grande époque 1955-1965, aurait très bien pu jouer une femme-vampire avec autant de classe et d'érotisme sulfureux qu'une Gloria Holden (1936), une Carmen Montejo (1957) ou une Valérie Gaunt (1958). On peut aussi rêver et l'imaginer en Comtesse Bathory, sa compatriote hongroise mais c'est Ingrid Pitt qui a ce privilège en 1970 dans le beau Hammer film signé Peter Sasdy. Que Zsa Zsa Gabor se console : être une star, c'est aussi faire regretter à ses fans les films dans lesquels on n'a pas joué.

Zsa Zsa Gabor

 

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Reportage .
Commentaires
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Ded
Le 20 décembre 2016 à 19:07

Une autre étoile, représentative de la "splendeur hollywoodienne" du temps des grands studios, s'est éteinte... Je l'avais suivie ça et là au hasard des films qu'elle illuminait de sa tempétueuse personnalité et de sa beauté... So long !

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francis moury
Le 2 février 2017 à 16:43

Corrigendum : Zsa-Zsa Gabor est bien vedette de PICTURE MOMMY DEAD (USA 1965) de Bert I. Gordon mais aucune photo d'exploitation ne montre sa tête coupée en train de parler. Je confondais ce titre avec TORMENTED (USA 1962) de Bert I. Gordon où une telle photo fait bien partie du jeu complet de photos d'exploitation mais la tête en question n'est pas la sienne bien que sa morphologie soit assez semblable, raison de ma confusion, outre le fait qu'il s'agissait du même producteur-réalisateur, du même genre et de la même période.

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