Disque vs digital : l'achat soluble
Inspirés par une récente tribune de notre confrère américain The Digital Bits, nous revenons sur un débat qui n’a pas fini de diviser…
Le débat n'est pas nouveau et il a brouillé les pistes du marché audio bien avant de s'en prendre à la vidéo, mais à mesure que le "digital" nous envahit, que les plateformes de contenus fleurissent et que certains utilisateur pâtissent déjà des propriétés volatiles du marché digital, il est plus que temps de soulever à nouveau la question de l'achat physique vs l'achat numérique.
Bien que la mise à disposition illégale de contenus brouille la donne (nous ne reviendrons pas sur ce sujet), il est vrai que les nouvelles générations ont presque totalement perdu le contact avec les supports physique, que ce soit pour la musique, la vidéo et les jeux vidéo. De fait, le débat est presque plus générationel que philosophique.
La disponibilité et consommation immédiate où que l'on se trouve contre la nécessité de s'installer devant un matériel spécifique fait rage chez les plus jeunes. Mais ce côté pratique et immédiat oublie une notion importante qui prend en effet plus de corps avec l'âge, celle de la propriété.
C'est à moi !… ou pas…
Car avec le digital, dans la grande majorité des cas, le film que vous avez acheté ne vous appartient pas vraiment. Tout est question de droit d'accès. Ce que vous payez en réalité, c'est l'autorisation d'accéder au film… tant que le fournisseur vous en laisse la possibilité. Car quelque soit la somme dépensée et à moins que le fournisseur en question vous autorise à télécharger et conserver une copie de ce film (ce qui posera des problèmes de stockage), il peut à tout moment décider (ou être contraint par l'ayant droit - le studio) de retirer le film de son catalogue. Le dit fournisseur peut également être amené à mettre la clé sous la porte. Et dans l'un ou l'autre cas, aucun recours, il ne vous restera que les yeux pour pleurer.
Des exemples récents font état de versions françaises soudainement disparues ou de films effacés comme ce fut le cas pour ce Canadien qui a "perdu" 3 films sur iTunes. Le fin mot de l'histoire est qu'il a déménagé et changé de pays. L'ayant droit n'appliquant pas la même politique de distribution entre les deux pays, les films n'étaient plus "légaux" sur le nouveau territoire, d'où l'indisponibilité de films pourtant achetés et à peine remboursés. Cet exemple est assez extrême, mais il est symptomatique du phénomène de l'achat qui ne donne pas la pleine propriété du bien. Sans exagérer, on peut même imaginer qu'un réalisateur qui modifie son film après coup (vous avez dit George Lucas ?), impose aux distributeurs de ne donner accès qu'à la nouvelle version, que ça vous plaise ou non !
Y a-t-il un cinéphile dans la box ?
Si on considère le sujet sous l'angle de l'offre disponible, le digital a encore également un énorme chemin à parcourir. Les débits Internet actuels ne permettent qu'à une partie de la population d'avoir accès à la HD (quid de la 4K ?) et encore la qualité d'image n'a rien à voir face à celle d'un Blu-ray, la VO n'est pas toujours au rendez-vous, les bonus encore moins. Ça c'est pour la qualité, mais si on s'attaque à la quantité, mis à part les blockbusters et les incontournables, le catalogue est rachitique et peu cinéphile. Combien de titres ne verrons jamais le jour sur ces plateformes légales ? Cherchez un seul titre des catalogues Eléphant, Carlotta, ESC et consorts sur la Box de votre fournisseur Internet… bonne chance !
Le meilleur des deux mondes
Les éditeurs de supports physiques ont bien tenté un temps de concilier les deux marchés en proposant l'accès à une copie digitale du film acheté sur disque. Mais il faut bien reconnaître que les efforts n'ont pas été continus et qu'aujourd'hui, les propositions sont aussi compliquées que peu satisfaisantes avec des qualités d'image variables, des VO et sous-titres aussi rares qu'irréguliers et surtout des plateformes multiples sur lesquelles s'éparpillent les collections (UltraViolet, Flixster, Play Films, Nolim Films…).
Les deux univers peuvent aussi tout à fait cohabiter. On peut se contenter de la VOD pour des films dont on sait qu'ils seront quasiment toujours disponibles et se constituer une collection de patrimoine sur supports physiques (4K Ultra HD, Blu-ray, DVD).
Certains, las de la manipulation des galettes et des temps de chargement (sans compter les divers avertissements) préfèrent se servir de copies des films (issues de leurs galettes dûment achetées) via un serveur multimédia.
Mais finissons en rappelant qu'il est important de prendre conscience que dans le cas du digital, votre achat reste tout à fait relatif et potentiellement soluble dans les fameuses conditions d'utilisation…
L'article de The Digital Bits (anglais) : cliquez ici.
Le fil Twitter de l'acheteur canadien : cliquez ici.