REPORTAGE - La baguette magique de Seven 7
Au cours de ses 8 premiers mois de vie, S7 s’est imposé comme le meilleur label indépendant français pour le soin apporté à ses titres. Les gros hits de la rentrée devraient lui permettre d’augmenter encore ses parts du marché
Huit mois. C’est le temps qui a fallu à Seven 7 (le petit frère de Metropolitan
Filmexport) pour devenir le label haut de gamme du DVD en France. Ses « Editions
Prestige » (Cube, Blade, et bientôt Le 13ème guerrier, etc.)
font souvent jeu égal avec les titres collector de Columbia. Et la plupart de
ses titres « basic » peuvent faire pâlir les DVD de catalogue d’un Warner ou
Universal.
Le soin cinéphile (et aussi gadget) apporté à ses titres fait presque oublier
que Seven 7 ne dispose que d’une fraction des budgets DVD des studios
hollywoodiens. Et que les suppléments - hormis les bandes-annonces - se paient
en monnaie sonnante trébuchante. Un peu pour les making of. Beaucoup pour les
commentaires audio, les clips musicaux et les galeries d’images. Et
passionnément pour les scènes coupées, ou les courts-métrages inédits. Sans
oublier les « off-limits », les extras que les propriétaires refusent de lâcher
pour des questions de droits (ex. les pistes musicales isolées).
Au cours de ses 8 mois de vie, Seven 7 a imposé son style et la richesse de ses
éditions. Le label, qui ne communique pas ses chiffres, se contente de dire que
ses meilleurs ventes ont été - dans l’ordre - Blade,
Perdus dans l’espace, Rush Hour, American History X et
Cube, avec une mention spéciale pour Seven.
Le deuxième semestre 2000 devrait permettre à Seven 7/Metropolitan de grignoter
encore quelques fractions de part de marché. D’abord avec les grosses machines :
(Le 13ème guerrier en août, Austin Powers : L’espion qui m’a tirée et La Fin des temps
en octobre et novembre, ainsi que deux outsiders très attendus :
Crying Freeman et Perfect Blue. Et ensuite avec la sortie des
titres du catalogue : de Wedding Singer - Demain on se marie! à Pour une nuit, en
passant par Mortal Kombat et L’Antre de la folie.
Le processus de conception d’un DVD S7 commence toujours par l’attribution d’une
enveloppe budgétaire, qui varie en fonction de l’intérêt du titre, des
suppléments à racheter, et bien sûr de ses ventes potentielles. Cette phase
permet de décider si un DVD obtiendra un label « Prestige » (haut de gamme), ou
« Metropolitan DVD » (standard). Cette division peut se révéler parfois floue :
Pecker aurait sans doute mérité une appellation « Prestige », tandis que
Le Corrupteur aurait pu l’être… si le commentaire audio avait été
sous-titré !
Puisque Métropolitan détient les droits récents de New Line Cinema, Seven 7
peut ainsi bénéficier du support de la mini-major, bien reconnue par les fans
de zone 1 pour la qualité de ses DVD. « New Line vend en Europe les droits de
certains suppléments, et plus concrètement ceux qu’elle a le droit de placer
sous licence », explique Cathy Chapuis, chef de produit DVD de Seven 7. « Les
gens de New Line sont vraiment exceptionnels. Ils comprennent l’importance des
suppléments et de la valeur ajoutée dans le DVD, et ils se donnent à fond
pour nous aider, et nous fournir ce dont on a besoin ».
L’étape suivante passe par Sonopress, en Allemagne. Cette énorme DVD factory
(pour l’instant l’une des seules en Europe à pouvoir fabriquer des DVD Audio)
est chargée par New Line pour assurer la centralisation de ses disques au
niveau européen. A la différence des majors, New Line vend les droits de ses
films territoire par territoire (Metropolitan, Kinowelt, Cecchi Gori, etc.).
Pour les éditions nationales des DVD, Sonopress est en mesure de garantir une
centralisation des contenus, selon les souhaits des éditeurs.
En d’autres termes, chaque éditeur peut « composer » le contenu de son DVD selon
ses préférences : du « basic » au « premium », dans toutes les déclinaisons
possibles au niveau des extras et des configurations audio (Seven 7 se situe au
niveau plus élevé du « premium »). Ainsi, lorsqu’un disque New Line non français
apparaît bien pauvre (par exemple, l’édition belge de « Boogie Nights »), c’est
l’éditeur local qui en a décidé ainsi. « Un éditeur peut aussi refuser de passer
par Sonopress, ou il peut décider de renvoyer certains éléments au réencodage »,
poursuit Cathy Chapuis. « Par exemple, si on découvre que sur un DVD déjà sorti
dans un autre pays il y a un défaut du son ou de l’image au niveau de
l’encodage, nous allons refuser de garder ça pour la France ». C’est l’un des
rares avantages de la chronologie des médias…
Cependant, Seven 7 ne sort pas uniquement des titres New Line. Cube,
sans doute le disque préféré du label, a demandé un travail rédactionnel
important, et le rachat des droits du court-métrage de Vincenzo Natali.
Le 13ème guerrier, Crying Freeman et La Fin des temps ont
demandé un assemblage maison, et ce sera certainement le cas pour
Hurricane Carter et American Psycho.
Avec PFC, Seven 7 est pour l’instant le seul label qui sort deux DVD différents
pour la location et la vente. Les premiers sont souvent « nus » (film +
bandes-annonces), tandis que les autres bénéficient d’une avalanche de
suppléments. L’encodage du son et de l’image est identique pour les 2 disques.
« La physionomie et les besoins de ces deux marchés sont différents, comme cela
a toujours été », explique Cathy Chapuis. « La location se base sur une
consommation rapide du film, tandis que la vente est ciblés sur une possession
du produit, et sur des exigences qui doivent satisfaire le passionné de cinéma ».
Le 13ème guerrier location présente des menus différents de ceux du DVD à
la vente. En revanche, les deux éditions de Austin Powers : L’espion qui m’a tirée partageront
les mêmes menus (mais pas les extras). C’est un peu l’exception qui confirme la
règle.
Comme l’ensemble des éditeurs français, Seven 7/Metropolitan espère un
assouplissement de la chronologie des médias, pour ramener la fenêtre
salles/home-video à 6 mois. Cette réforme annoncée aura sans doute un fort
impact sur la chaîne de production du DVD : les éditeurs perdront « 3 mois » et
devront s’y prendre plus longtemps à l’avance.
Le calendrier 2001 reste à faire. Mis à part les titres de série A
(Destination finale, American Psycho, Magnolia),
Seven 7 prévoit de renforcer son catalogue. Dark City, Spawn ou
Boogie Nights devraient voir le jour dans le courant du premier semestre
2001. C’est la rançon à payer pour garantir un traitement « Edition Prestige » à
ces titres. Comme annoncé il y a peu, au moins les 3 premiers chapitres de la
saga Freddy Krueger sont prévus pour le début 2001, dans des versions
remasterisées. L’éventualité d’un coffret est hors sujet pour l’instant, les
droits étant toujours dispersés.
Seven 7 devrait aussi poursuivre la politique de ses éditions « budget » à 99
francs, pour une double diffusion en kiosque et dans des points de vente
spécialisés. La sortie imminente de Au revoir à jamais dans « Ciné-DVD »
en kiosque (le premier disque à un prix contenu, avec un niveau de qualité très
élevé) semble prouver que le DVD cherche maintenant la consécration dans
d’autres voies.