Réalisé par Louis Leterrier
Avec
Jesse Eisenberg, Mark Ruffalo et Woody Harrelson
Édité par M6 Vidéo
« Les Quatre Cavaliers », un groupe de brillants magiciens et illusionnistes, viennent de donner deux spectacles de magie époustouflants : le premier en braquant une banque sur un autre continent, le deuxième en transférant la fortune d’un banquier véreux sur les comptes en banque du public. Deux agents spéciaux du FBI et d’Interpol sont déterminés à les arrêter avant qu’ils ne mettent à exécution leur promesse de réaliser des braquages encore plus audacieux. Ils font appel à Thaddeus, spécialiste reconnu pour expliquer les tours de magie les plus sophistiqués. Alors que la pression s’intensifie, et que le monde entier attend le spectaculaire tour final des Cavaliers, la course contre la montre commence.
Suite aux succès consécutifs des deux premiers Transporteur, Danny the Dog, L’Incroyable Hulk et Le Choc des Titans, Louis Leterrier est devenu le cinéaste français le plus rentable de l’histoire du cinéma. Disposant désormais d’une jolie place au sein des studios hollywoodiens, notre réalisateur national s’est vu offrir le scénario d’Insaisissables, le plus grand et le plus fun des divertissements de l’été 2013, qui s’est d’ailleurs soldé par un succès fracassant dans nos salles avec plus de 3 millions de spectateurs.
Porté par un casting exceptionnel, Jesse Eisenberg, Woody Harrelson, Mark Ruffalo, Isla Fisher, Mélanie Laurent, Dave Franco, Michael Caine, Morgan Freeman et une petite apparition amusante de José Garcia, Insaisissables repose sur un scénario malin, rempli de rebondissements en tous genres, aussi constants qu’inattendus. Louis Leterrier emballe élégamment son attraction en 35 mm (très belle photographie) tant sur les scènes d’action que sur les grandes illusions, usant le plus possible de véritables trucages et tours de magie sur scène, sa caméra virevolte sans faire mal à la tête, le montage reste alerte sans pour autant rendre incompréhensible ce qui se déroule à l’écran. L’alchimie entre les comédiens - qui s’amusent - demeure l’un des principaux attraits de ce divertissement de haute volée qui se révèle être une originale et une entière réflexion sur le cinéma et la notion du divertissement.
C’est bien simple, remplacez le mot magie par cinéma dans Insaisissables et vous y verrez une analyse sur l’évolution du spectacle cinématographique. Georges Méliès était à la base un magicien qui a utilisé la caméra pour créer les premiers divertissements aux débuts du Cinématographe. Le cinéma est donc issu de la magie. Le miracle du divertissement se perpétue bien que les numéros présentés manquent souvent d’originalité puisqu’ils usent des mêmes ficelles. Un film est une échappatoire, qui peut nous éblouir et nous faire croire à un monde alternatif. Dans Insaisissables, le personnage de Morgan Freeman dévoile les trucs des magiciens afin de les discréditer, à l’instar des documentaires qui affichent les coulisses des films, qui cassent la magie en expliquant les trucs et les dessous du tournage. Mais l’Oeil veille à ce que la magie subsiste.
Le cinéma est une évasion. Insaisissables en est une, la magie opère. La boucle est bouclée. Si l’on se place de ce point de vue, le Cinquième Cavalier dont l’identité est dévoilée à la fin dans un twist particulièrement bien amené, incarne un « Dieu » de la mise en scène, du divertissement, de l’Entertainment. Film d’action, de casse, comédie, d’aventures - l’histoire se déroule entre Las Vegas, La Nouvelle-Orléans, New York et Paris - le tout teinté de fantastique, Insaisissables est un vrai joyau réalisé par un mec qui aime le cinoche pour ce qu’il est avant tout, pour les spectateurs désireux de passer un super moment de détente.
Le test a été réalisé sur check-disc. Le menu principal est joliment animé et musical.
Si l’on compte le commentaire audio, alors nous arrivons à plus de trois heures de suppléments ! Soit une heure de bonus par million de spectateurs qui se sont déplacés dans les salles pour apprécier Insaisissables. Signalons que nous trouvons une version longue du film, comprenant dix minutes supplémentaires. Ce montage demeure plaisant et présente tout d’abord une introduction différente comprenant notamment le fameux plan de Jesse Eisenberg que l’on voyait dans la bande-annonce, celui où son personnage transforme une carte devant la caméra. Nous découvrons également une présentation un peu plus longue des personnages, tout comme l’interrogatoire des Quatre Cavaliers par Mark Ruffalo. Cette version longue insiste plus sur le côté arrogant et franchement antipathique du personnage incarné par Morgan Freeman. Enfin, dans cette version Woody Harrelson revient plus à la charge pour draguer Isla Fisher. Une petite scène rajoutée durant le générique de fin, se déroulant dans le désert du Nevada, annonce clairement une suite…
L’interactivité débute réellement par un commentaire audio enjoué, décomplexé et informatif de Louis Leterrier (prononcez ici « Leteyuer » qui dit des « you know » à tout bout de champ) accompagné d’un des producteurs, Bobby Cohen. Si les deux ne se penchent jamais sur le fond du film - les mauvaises langues diraient qu’il n’y en pas - tout l’aspect technique est savamment passé en revue. De la photo en passant par le montage, la musique, les effets visuels, les cascades, rien n’est oublié. Le casting est également passé au peigne fin, le réalisateur ayant une ou plusieurs anecdotes à raconter sur chacun de ses comédiens. Ce commentaire audio (sous-titré en français), uniquement disponible sur la version cinéma, demeure vif, sans aucun temps mort et franchement sympa.
Nous retrouvons Louis Leterrier, en français cette fois, qui se prête au jeu de l’interview promotionnelle (19’) à l’occasion de la sortie du film dans nos salles. S’il paraît étonnamment moins à l’aise en français qu’en anglais, le metteur en scène n’en demeure pas moins alerte quand il parle de l’un de ses films. Louis Leterrier évoque son arrivée sur Insaisissables, sa découverte du scénario, mais s’attarde essentiellement sur la façon dont le casting s’est établi. Comme un gamin, notre interlocuteur parle de la confrontation entre Michael Caine et de Morgan Freeman, de la participation très appréciée de José Garcia, du tournage dans les décors naturels (à La Nouvelle-Orléans notamment), de la participation de véritables magiciens et illusionnistes pour créer les tours sur scène. Comme lors de son commentaire audio précédent, le cinéaste n’oublie pas le côté technique et se penche sur l’aspect visuel d’Insaisissables.
S’ensuit le traditionnel making of (16’) composé essentiellement de nombreuses images de tournage où l’on peut voir Louis Leterrier au boulot avec ses comédiens, même si le cinéaste n’apparaît pas lors des interviews promotionnelles. Néanmoins, les comédiens répondent présents (Mélanie Laurent qui rit de ses propres blagues), tout comme les producteurs, le consultant en magie et les scénaristes, qui au milieu du concours d’éloges présentent l’histoire et les personnages.
Le magicien David Kwong, consultant sur le film, propose un excellent historique (12’) sur le mentalisme, le close-up et les grandes illusions à travers les siècles. C’est ici l’occasion de rappeler qui sont Jean-Eugène Robert-Houdin, David Blaine et Harry Houdini.
L’un des grands points forts de cette section reste les scènes coupées (32’). En effet, à travers ce montage de séquences laissées sur le banc de montage, on se rend compte que Louis Leterrier avait filmé beaucoup de scènes avec les Quatre Cavaliers en coulisses. On les voyait douter, parler un peu plus de l’Oeil, ou se confronter au personnage de Morgan Freeman qui n’hésite pas à venir les voir avant une représentation pour les calomnier. Visiblement, le réalisateur a fait le choix (judicieux) de rester évasif sur ce que signifie l’Oeil et comment l’équipe organise leurs shows. Notons également une présentation plus longue du personnage de Mark Ruffalo, une séquence où l’équipe découvre le matos mis à leur disposition par l’Oeil (avec des effets spéciaux non finalisés), ainsi qu’une fin alternative nettement moins poétique.
L’interactivité se clôt sur la bande-annonce et le teaser, tous les deux en version française.
M6 Vidéo livre un très beau Blu-ray d’Insaisissables. D’entrée de jeu, les couleurs clinquantes et le grain de la texture argentique sont magnifiquement restitués. Les décors (naturels) fourmillent de détails (merci au cadre large), la profondeur de champ est toujours appréciable, les contrastes sont denses et les séquences nocturnes d’une densité inégalée. Les scènes diurnes sont également lumineuses, même si nous pouvions espérer un piqué plus ciselé. Heureusement, les gros plans sur les visages ne manquent pas de mordant. Le codec AVC consolide l’ensemble avec brio, le relief est constamment palpable, les lens flare s’impriment joliment sur les rétines. Signalons que la photo a été répartie entre deux chefs opérateurs. Larry Fong (Super 8, 300, Sucker Punch) s’est occupé principalement des scènes de magie, tandis que le directeur de la photographie Mitchel Amundsen (Transformers, Le Transporteur 2) était quant à lui tenu d’éclairer les séquences d’action. Une édition HD fort élégante.
Les pistes DTS-HD Master Audio se révèlent particulièrement immersives, en particulier la version française, plus ardente et riche du point de vue de la délivrance des dialogues. Dans les deux cas, les effets latéraux (applaudissements, acclamations) sont aussi percutants en anglais qu’en français, même si la piste anglaise bénéficie d’un encodage plus riche en DTS-HD Master Audio 7.1. La musique de Brian Tyler (John Rambo, Iron Man 3) est savamment et constamment spatialisée, appuyée par un caisson de basses rugissant. Les séquences de castagne, de spectacles et de poursuites sont évidemment bien loties, distillant efficacement les bastons, de « cartes » et de klaxons. Le confort acoustique est total et réjouit les tympans, à condition de monter le volume suffisamment en version originale.
Crédits images : © Summit Entertainment