Le Plaisir (1952) : le test complet du Blu-ray

Réalisé par Max Ophüls
Avec Claude Dauphin, Gaby Morlay et Madeleine Renaud

Édité par Gaumont

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Le 09/04/2014
Critique

Une voix s’élève d’outre-tombe, c’est celle de Guy de Maupassant. Il nous conte trois histoires qui tournent autour du même thème : le plaisir, qui successivement s’affronte à l’amour, à la pureté et à la mort…

Trois ans après son retour des Etats-Unis et deux ans après La Ronde, Max Ophüls adapte trois nouvelles de Maupassant dans Le Plaisir. Dans Le Masque (plaisir et jeunesse envolée), un vieillard parcourt les allées d’un bal affublé d’un masque de jeune homme et danse jusqu’à ce qu’il s’écroule. Dans La Maison Tellier (plaisir et pureté), les pensionnaires d’une maison close partent à la campagne pour assister à une communion et ont une révélation. Dans Le Modèle (plaisir et le sacrifice), une femme se défenestre après s’être disputée avec l’homme qu’elle aime. Comme dans la plupart des autres films et chefs d’oeuvre de Max Ophüls, Le Plaisir est magnifiquement mis en scène, photographié, cadré, interprété, dialogué. On reste pantois devant la méticulosité technique éblouissante et étourdissante de chaque plan-séquence et travelling, la chorégraphie des personnages dans le cadre, la beauté des décors, chaque déplacement de la caméra qui virevolte littéralement en passant d’un personnage à l’autre pour refléter la spirale de sentiments dans laquelle ils sont aspirés. La séquence d’ouverture est d’ailleurs représentative du cinéma de Max Ophüls.

La Maison Tellier est une des plus grandes réussites de toute l’éblouissante carrière du cinéaste. La découverte du bordel vu de l’extérieur est une idée extraordinaire. Au moyen d’un travelling sensuel et follement élégant (de plus de 60 mètres), la caméra décolle littéralement et effleure les persiennes et tente, comme un voyeur, de percevoir ce qui se déroule derrière. Le lendemain, le voyage à la campagne et la pause dans le champ de marguerites en compagnie de Jean Gabin et de Danielle Darrieux nous ravissent les yeux et le coeur. Parmi ce casting quatre étoiles (Claude Dauphin, Gaby Morlay, Madeleine Renaud, Pierre Brasseur, Daniel Gélin, Simone Simon), Jean Servais apparaît également dans la troisième partie, mais prête surtout sa voix inimitable à Guy de Maupassant lui-même et commente chacune des trois nouvelles transposées.

À travers ce triptyque, Max Ophüls met en parallèle le plaisir facile et le bonheur véritable, difficile, celui « qui n’est pas gai » et qui demande patience. Le plaisir est une réaction chimique non dénuée de mélancolie et souvent sombre. Si Le Plaisir n’atteint pas les cimes dramatiques de Lettre d’une inconnue ou de Madame de…, cette oeuvre majestueuse, entre rires et larmes, n’en finit pas de réjouir les cinéphiles d’aujourd’hui, après avoir inspiré certains des plus grands réalisateurs comme Stanley Kubrick dont Le Plaisir était un des films préférés.

Présentation - 3,5 / 5

Une fois n’est pas coutume, le menu principal demeure fixe et muet. Le test a été réalisé sur check-disc.

Bonus - 4,0 / 5

Comme le segment éponyme présent sur le DVD et le Blu-ray de Lola Montès et de Madame de… (disponibles chez le même éditeur), Marcel Ophüls, fils de Max Ophüls, présente Le Plaisir (14’). Notre interlocuteur replace ce film dans la filmographie de son père, évoque l’adaptation des nouvelles de Maupassant, le tout illustré par quelques photos issues du tournage et de divers extraits d’interviews de collaborateurs du cinéaste (dont Danielle Darrieux et Daniel Gélin), enregistrés après la mort de Max Ophüls.

Réalisateur (La Baraka), mais surtout assistant de Max Ophüls sur Le Plaisir, Jean Valère réalise un véritable journal de tournage (33’). De la genèse du Plaisir, en passant par la recherche des décors naturels (une véritable quête) pour le segment de la Maison Tellier (avec son champ de fleurs), mais également le rapport du cinéaste avec les comédiens, la mise en place de certaines séquences clés et la mise en scène proprement dite, rien n’est omis et nous écoutons ces souvenirs avec un bonheur non dissimulé.

À l’instar du module présent dans l’interactivité de Madame de…, nous trouvons un segment consacré à la restauration du Plaisir (6’). Ronald Boullet (Laboratoires Eclair) et André Labbouz (Gaumont), nous résument brièvement les différentes étapes (l’éradication des moisissures notamment) ayant mené au nouveau master que nous avons devant les yeux.

L’interactivité se clôt sur la bande-annonce.

Image - 4,0 / 5

Comme l’indiquent les responsables de la restauration du Plaisir dans un des modules de l’interactivité, les éléments de base étaient marqués par de nombreuses moisissures pour chaque début et fin de bobine, apparemment catastrophiques et dans un état de décomposition avancée. Un marron existait, autrement dit un élément intermédiaire, mais non conforme car trop vieux et surtout trop instable au niveau des contrastes. L’équipe des Laboratoires Eclair s’en est néanmoins servi pour nettoyer et reconstruire l’image, puis l’étalonnage a été rééquilibré. Une gageure, surtout quand on sait que la mise en scène de Max Ophüls comporte de longs plans-séquences. Résultat : la copie affiche une propreté sidérante, aucune rayure ne vient strier l’écran, les collures ont été polies, tout en respectant le grain de l’oeuvre originale.

Fort d’un master au format respecté 1.33 et d’une compression AVC, ce Blu-ray en met souvent plein les yeux dès le générique d’ouverture même si la définition n’est peut-être pas aussi resplendissante que pour les autres éditions HD disponibles chez Gaumont. Mais l’attente est finalement récompensée : la restauration est étincelante, les contrastes denses, les gris riches (surtout durant le premier volet, le plus ciselé du lot), les blancs lumineux (certains diront brûlés) et le grain original heureusement préservé. Les séquences sombres sont tout aussi soignées que les scènes diurnes et extérieures, le piqué est doux mais probant. La partie de La Maison Tellier est néanmoins marquée par un léger bruit vidéo, quelques pompages et une sensible instabilité et décrochages sur les fondus enchaînés. Notons également quelques flous sporadiques et quelques séquences moins détaillées. Cela n’empêche pas de s’extasier devant l’élégance de ce master HD !

Son - 3,5 / 5

Egalement restaurée, la piste DTS-HD Master Audio Mono instaure un bon confort acoustique avec des dialogues précis, bien que l’ensemble manque d’ardeur. Un léger souffle reste notable tout du long. Cependant, aucun craquement ni saturation ne perturbent l’écoute, la musique est excellemment restituée, sans effet de saturation. L’éditeur joint également les sous-titres anglais et français destinés au public sourd et malentendant.

Crédits images : © Gaumont

Configuration de test
  • Téléviseur 16/9 Sony LCD Bravia KDL-32W5710
  • Sony BDP-5350
  • Ampli Pioneer VSX-520
  • Kit enceintes/caisson Mosscade (configuration 5.1)
  • TEST EN RÉSOLUTION 1080p - Diagonale image 81 cm
Note du disque
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Franck Brissard
Le 9 avril 2014
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