A bord du Darjeeling Limited (2007) : le test complet du Blu-ray

The Darjeeling Limited

Réalisé par Wes Anderson
Avec Owen Wilson, Adrien Brody et Jason Schwartzman

Édité par 20th Century Studios

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Le 31/03/2014
Critique

Francis, Jack et Peter, trois frères qui ne se sont pas vus depuis la mort de leur père, décident de faire ensemble un grand voyage en train à travers l’Inde afin de renouer les liens fraternels. Mais très vite, la « quête spirituelle » de ces trois paumés va dérailler : ils vont se retrouver seuls, perdus au milieu du désert avec onze valises, une imprimante, une machine à plastifier et beaucoup de comptes à régler avec la vie…

« Qu’est-ce que vous êtes venus faire ici ? »
« Au départ on était venus faire un voyage spirituel…mais ça s’est mal goupillé « 

À bord du Darjeeling Limited est le cinquième long métrage du cinéaste américain Wes Anderson et sans nul doute son chef d’oeuvre. C’est bien simple, jamais le réalisateur de Rushmore, La Famille Tenenbaum, La Vie aquatique, Moonrise Kingdom et The Grand Budapest Hotel n’a jamais été aussi inspiré depuis. Nous retrouvons dans ce film la quintessence de son cinéma. Coécrit par Wes Anderson, Roman Coppola et Jason Schwartzman, À bord du Darjeeling Limited réunit trois comédiens magnifiques. Ayant fait ses débuts devant la caméra de Wes Anderson dans le formidable Rushmore (1998), Jason Schwartzman est le frère cadet de cette fratrie en conflit, également composée d’Adrien Brody, dont la poésie lunaire n’a jamais autant brillé à l’écran, tandis que l’indispensable Owen Wilson, scénariste et producteur de Bottle Rocket (le court et le long métrage), Rushmore et La Famille Tenenbaum, campe l’aîné bien décidé à renouer avec ses frangins qui ne se parlent plus depuis la mort de leur père. Et puisque leur mère (Anjelica Huston) s’est retirée dans un couvent paumé après avoir tout plaqué (y compris les trois rejetons), pourquoi ne pas lui rendre une petite visite ?

Le spectateur est happé dès les premières secondes d’À bord du Darjeeling Limited. Le grand Bill Murray, héros du précédent film de Wes Anderson, tente d’attraper son train jusqu’au dernier moment…mais sert finalement de passage de relais à Adrien Brody qui court plus vite que lui sur le quai et demeure le seul à pouvoir sauter sur le wagon de queue au dernier moment. Et c’est parti pour 1h20 de grand cinéma. Quête spirituelle donc, mais aussi film sur le deuil, le poids de l’héritage, le besoin d’amour et de tendresse, l’entrée dans le monde adulte et donc l’adieu à l’innocence, À bord du Darjeeling Limited est un bijou, un miracle, qui va droit au coeur par ce qu’il dit, montre ou suggère, tout en émerveillant les yeux (tourné dans le désert du Rajasthan) et les oreilles avec l’utilisation de chansons et musiques issues des films de Satyajit Ray (Le Salon de musique, Trois filles, Le Dieu éléphant, Charulata) et de James Ivory (Bombay Talkie, Le Gourou).

Wes Anderson tire profit de l’exiguïté de son décor principal - un compartiment de train - pour confronter ses personnages, pour qu’ils puissent s’ouvrir l’un à l’autre, et pour enfin réussir à faire le deuil d’un père, à lâcher prise avec le passé…et des bagages encombrants qu’ils ne cessent de trimballer d’un endroit à l’autre. Les névroses d’une famille dysfonctionnelle et des personnages mélancoliques voire dépressifs incapables de faire face aux situations présentes - à tel point que le frère aîné croît au miracle à venir en prenant un soin scolaire à tout planifier à l’avance - sont donc au coeur de ce rail-movie.

Superbement photographié avec des couleurs qui enflamment les rétines, génialement filmé dans des décors naturels, avec les désormais incontournables cadres symétriques et élégants du metteur en scène, ce chef d’oeuvre et pierre angulaire du cinéma de Wes Anderson n’a pas fini de faire des adeptes.

Présentation - 3,5 / 5

Le test a été réalisé sur check-disc. Le menu principal est animé, musical et un peu cheap.

Bonus - 4,0 / 5

En premier lieu, nous retrouvons le court-métrage Hôtel Chevalier (13’), première partie d’À bord du Darjeeling Limited. réalisé sur deux jours et demi et en équipe réduite par Wes Anderson en 2005, à Paris, avec Jason Schwartzman et Natalie Portman, dont la scène au ralenti aura marqué plus d’un spectateur. Avant de partir en voyage, Jack Whitman reçoit la visite de son ex-petite amie dans sa chambre d’hôtel parisienne. Ce prologue au long métrage se focalise donc sur le plus jeune de la fratrie, dont la valise estampillée JLW semble prête, mais le départ est momentanément reporté en raison d’une visite inattendue. Mélancolique, sensuel, divinement photographié et mis en scène, voici un amuse-gueule raffiné avant d’entamer À bord du Darjeeling Limited, dans lequel apparaît d’ailleurs furtivement Natalie Portman.

En plus du précédent court-métrage, l’édition DVD du film de Wes Anderson ne comprenait qu’un making of de 21’, repris ici. Il s’agit d’un montage d’instantanés du tournage et surtout du plateau. Nous y voyons la préparation du train, des décors, le réalisateur à l’oeuvre avec ses comédiens, la mise en place des figurants, etc.

Les suppléments suivants proviennent de l’édition Criterion éditée en 2010.

Dommage que l’éditeur n’a pas eu la présence d’esprit de sous-titrer en français le commentaire de Wes Anderson sur Hôtel Chevalier, et celui sur À bord du Darjeeling Limited avec le même intéressé, accompagné cette fois par ses deux coscénaristes Roman Coppola et Jason Schwartzman.

Entretien avec James Ivory (21’) : En juin 2010, Wes Anderson s’entretient avec le réalisateur américain James Ivory afin d’évoquer la bande originale d’À bord du Darjeeling Limited. En effet, presque toutes les musiques entendues dans le film proviennent des films issus de la maison de production Merchant Ivory Production et des films de Satyajit Ray. Wes Anderson boit les paroles de James Ivory quand il évoque sa rencontre avec le cinéaste indien, des films comme Bombay Talkie, Le Gourou, Le Salon de musique, The Householder, Shakespeare Wallah et Charulata, dont nous pouvons voir quelques extraits ou les génériques qui ont évidemment inspiré Wes Anderson. Après cette discussion, les deux hommes trinquent à l’eau pétillante.

Nous passons à une analyse (12’) d’À bord du Darjeeling Limited par le critique Matt Zoller Seitz. Sur un montage d’images tirées du film, ainsi que d’Hôtel Chevalier qui est savamment mis en parallèle avec le long métrage, la voix de notre interlocuteur détaille quelques scènes clés, n’hésite pas à qualifier ce film comme étant « le 2001 de Wes Anderson » et analyse chaque personnage avec pertinence.

S’ensuivent trois petits modules de 3’ en moyenne :

- L’audition de Sriharsh : vidéo de l’audition d’un jeune comédien à qui la directrice de casting demande « tu vois ton frère en train de se noyer, mais tu ne peux pas l’aider, comment réagis-tu ? ».

- Une scène coupée et deux prises alternatives : la première séquence montre les trois frangins s’incruster durant une partie de cricket et jouent avec les gamins. Les deux prises alternatives montrent le tournage des scènes mises en musique dans le film, celle de la descente de la dune de sable et celle du tarmac. C’est ici l’occasion de voir les comédiens baragouiner des répliques incompréhensibles puisque les scènes sont juste musicales.

- Dessin de Roman Coppola : réalisateur de la seconde équipe, producteur et scénariste d’À bord du Darjeeling Limited, Roman Coppola se voit auréolé d’un petit segment tout bête puisqu’il s’agit d’une petite compilation d’images et de photographies que l’intéressé a filmées ou prises pendant le tournage.

On retrouve un peu le même procédé que pour le précédent supplément puisque le comédien Waris Ahluwalia, armé de son appareil photo numérique, a capturé de nombreux moments entre les prises ou sur la route en compagnie de Wes Anderson, Roman Coppola et Jason Schwartzman. L’occasion d’y croiser les animaux rencontrés par l’équipe, d’assister à une partie de badminton, aux essayages costumes, à la réalisation des effets spéciaux (très) directs pour simuler le passage d’un train.

L’interactivité se clôt sur la bande-annonce.

Image - 5,0 / 5

Même si l’image d’Hôtel Chevalier apparaît plus douce et moins précise que le long métrage, nous n’hésitons pas à attribuer la note maximale à l’image car force est d’admettre qu’À bord du Darjeeling Limited profite à fond de la Haute-Définition. La colorimétrie ambrée, chatoyante, dorée, alliée aux teintes bleues, vertes et ocres ravissent les yeux du début à la fin. Le relief est souvent saisissant, le piqué aiguisé à souhait et les dorures du wagon-restaurant sont ébouriffantes de beauté. Le cadre large est détaillé dans ses moindres recoins, surtout que Wes Anderson ne laisse rien au hasard, les textures sont palpables, tout comme la patine argentique, heureusement conservée, sans lissage excessif. Ce Blu-ray au format 1080p - AVC est resplendissant.

Son - 4,5 / 5

Sans aucune surprise, seule la version originale bénéficie d’un gonflage en DTS-HD Master Audio 5.1, tandis que la piste française est proposée en DTS 5.1. Si elle n’a souvent rien à envier à son homologue, la langue de Molière est souvent trop canalisée sur le report des voix et manque d’équilibre. La piste anglaise apparaît nettement plus fluide avec une réelle homogénéité entre les dialogues, les effets annexes et l’excellente bande originale. C’est d’ailleurs sur les plages musicales que l’ensemble des enceintes est mis à contribution avec un caisson de basses ravit de se mêler à la partie. Hôtel Chevalier est également proposé avec les mêmes options acoustiques, mais étant donné le lieu unique de l’action (une chambre d’hôtel), seules les frontales semblent être usitées.

Crédits images : © Fox Searchlight Pictures

Configuration de test
  • Téléviseur 16/9 Sony LCD Bravia KDL-32W5710
  • Sony BDP-5350
  • Ampli Pioneer VSX-520
  • Kit enceintes/caisson Mosscade (configuration 5.1)
  • TEST EN RÉSOLUTION 1080p - Diagonale image 81 cm
Note du disque
Avis

Moyenne

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P. de Melun
Le 20 décembre 2021
Soit je n’ai pas compris grand-chose, soit il n’y a rien à comprendre. Mise à part par de belles images colorées de l’Inde, le film est tiède et ne fait ni chaud ni froid. Ce road-movie qui ne nous emmène nulle part se veut dramatique sans être triste, parfois drôle sans poussée de fièvre comique. On le regarde sans déplaisir mais sans plaisir non plus… L’intrigue, que certains perçoivent comme profonde, manque de souffle, de punch. Le scénario est linéaire et aussi bringuebalant que le train qui lui, apporte son lot de souvenirs. Le film, surement pas !
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Franck Brissard
Le 15 mars 2014
Pas de commentaire.

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