Réalisé par Jérôme Salle
Avec
Orlando Bloom, Forest Whitaker et Inge Beckmann
Édité par Pathé
Dans une Afrique du Sud encore hantée par l’apartheid, deux policiers, un noir, un blanc, pourchassent le meurtrier sauvage d’une jeune adolescente. Des Townships de Capetown aux luxueuses villas du bord de mer, cette enquête va bouleverser la vie des deux hommes et les contraindre à affronter leurs démons intérieurs.
Même s’ils n’ont pas autant cartonné qu’espéré, les deux opus de Largo Winch avec Tomer Sisley dans le rôle-titre, ont permis au réalisateur Jérôme Salle de se faire remarquer. On retrouve son savoir-faire et son efficacité dans Zulu, une belle production Pathé, adaptée du roman à succès de Caryl Férey, filmée en Afrique du Sud, portée par la composition inspirée d’Alexandre Desplat et surtout par un casting solide mené par Forest Whitaker (magnétique) et Orlando Bloom. Oui, même ce dernier ne cesse d’étonner dans le rôle d’un flic borderline, alcoolique et enchaînant les conquêtes d’un soir. Prendre un peu de bouteille lui va bien et l’acteur trouve ici l’un de ses meilleurs rôles.
Sur une intrigue policière rudement menée, Zulu se concentre sur la question du pardon, mais également la culpabilité, l’indulgence, l’absolution, la rédemption, des thèmes certes souvent usités dans le cinéma de genre, mais ici admirablement abordés grâce à un scénario pointu coécrit par Jérôme Salle et Julien Rappeneau, collaborateurs depuis les deux Largo Winch. La mise en scène alterne entre des moments véritablement hypnotiques, un rythme lent mais maîtrisé et des séquences très violentes au montage frénétique, à l’instar de l’affrontement sur la plage, mais dont l’action demeure toujours lisible.
Film soigné, Zulu évoque les fantômes de l’apartheid, qui rodent toujours, et emmène le spectateur dans les coins les plus reculés d’Afrique du Sud, ses ghettos gangrenés par la prostitution, la misère et le marché de la drogue. Sans pathos ni clichés, Jérôme Salle livre un excellent thriller, un polar âpre et sombre aux personnages fouillés et passionnants. A découvrir !
Le visuel de la jaquette, glissée dans un boîtier classique de couleur bleue, diffère de l’affiche du film, que l’on préférait. Le menu principal est joliment animé, musical et élégant.
En plus de la bande-annonce, Pathé livre un making of (26’) bien fichu, composé de nombreuses images de tournage et d’interviews des comédiens, du réalisateur, du chef opérateur, du chef décorateur et de l’écrivain Caryl Férey. Ce dernier demeure beaucoup plus intéressant puisqu’il développe ce qui l’a mené à écrire Zulu. Il évoque également sa découverte de l’Afrique, ses divers voyages qui l’ont inspiré. Les autres intervenants sont plus en mode promo avec une présentation des personnages et des thèmes.
Les partis pris esthétiques sont respectés avec un léger grain cinéma conservé qui confère à l’image une agréable texture, une gestion des contrastes (tranchants) fabuleuse, et des séquences sombres aussi soignées. Cependant, le piqué n’est peut-être pas aussi ciselé qu’espéré en raison d’un codec VC-1 (Pathé persévère) solide mais qui a parfois du mal à consolider les séquences plus agitées du film de Jérôme Salle.
Cela n’empêche pas que la superbe photo du chef opérateur Denis Rouden (Anthony Zimmer, les deux Largo Winch) d’être habilement retranscrite avec un beau lot de détails sur les séquences diurnes, aux quatre coins du cadre large. Ces dernières sont d’ailleurs lumineuses, la profondeur appréciable, la colorimétrie beaucoup plus vive, souvent chatoyante ou froide (quand la nuit tombe), et le relief y est palpable. N’oublions pas la densité des noirs et la clarté des blancs brûlés à l’instar de la séquence finale dans le désert ! Au final, en dehors de quelques petites saccades sur les mouvements rapides et divers plans trop surexposés, Pathé nous livre un remarquable master HD de Zulu.
Le film profite à fond de l’apport HD pour en mettre plein les oreilles grâce à une piste DTS-HD Master Audio 5.1 anglaise spectaculaire. Le score très présent d’Alexandre Desplat est délivré par l’ensemble des enceintes, les basses sont souvent sollicitées, tout comme les latérales qui créent un environnement acoustique percutant. Les dialogues sont dynamiques et solidement délivrés par la centrale, jamais noyées par les nombreux effets sonores - les balles qui fusent de partout lors des fusillades - et la musique.
Que ceux qui ne seraient pas habitués à la version originale se rassurent, le spectacle est également largement assuré avec la piste française DTS-HD Master Audio 5.1.
L’éditeur joint également une piste Audiovision ainsi que les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant. Le changement de langue est impossible à la volée et nécessite le recours au menu contextuel. Les sous-titres français sont imposés sur la piste anglaise.
Crédits images : © Eskwad Pathé, Melanie Cleary