Réalisé par Céline Sciamma
Avec
Zoé Héran, Malonn Lévana et Jeanne Disson
Édité par Pyramide Vidéo
Laure a 10 ans. Laure est un garçon manqué. Arrivée dans un nouveau quartier, elle fait croire à Lisa et sa bande qu’elle est un garçon et s’appelle Michael. Action ou vérité ? Action. L’été devient un grand terrain de jeu et Laure devient Michael, un garçon comme les autres… suffisamment différent pour attirer l’attention de Lisa qui en tombe amoureuse. Laure profite de sa nouvelle identité comme si la fin de l’été n’allait jamais révéler son troublant secret.
Après un essai particulièrement réussi avec Naissance des pieuvres en 2007, Céline Sciamma récidivait avec Tomboy, un véritable coup de maître, un chef-d’oeuvre unanimement salué par la critique et le public avec près de 300.000 entrées en avril 2011.
Sous ses allures de simplicité, ce film sensible et
troublant sur l’enfance, mais aussi sur la question d’identité
sexuelle et l’ambiguïté des sentiments, comme précédemment
entre deux adolescentes dans le premier film de la
réalisatrice, agit comme un véritable typhon d’émotions qui
marque les esprits de manière indélébile dès le premier
visionnage. Dans
Avec une légèreté confondante, sous le soleil estival capturé par la chef opératrice Crystel Fournier, directrice de la photographie de Naissance des pieuvres, et son appareil photo-caméra full HD Canon EOS 7D, Tomboy est un merveilleux objet de cinéma, une étape dans le 7e art hexagonal, un film vivant, moderne, troublant, sensoriel, radical.
Réalisé dans l’urgence (20 jours de tournage) avec une économie de moyens financiers et techniques, mais aussi et surtout avec une extrême délicatesse, une pudeur et une grâce inouïes, Tomboy n’a pas pour vocation de dresser un profil psychologique puisque les trois films de Céline Sciamma sont des oeuvres d’action, la réflexion découle des agissements spontanés des personnages qui agissent avant tout. Dans Tomboy, Laure fait croire qu’elle est un garçon, tout bascule, et elle doit assumer les conséquences. Le suspense se crée sur ce mensonge - si cela en est un - tout en jouant sur la complicité avec le spectateur impliqué malgré lui dans ce jeu de (vrais) faux-semblants.
Le casting est ainsi à l’avenant, tant du côté des enfants - la petite Malonn Lévana revue dans Polisse, sans oublier Jeanne Disson vue dans Holy Motors - que chez les adultes avec Sophie Cattani et Mathieu Demy, merveilleux dans le rôle des parents tendres et complices.
En 80 minutes, à hauteur d’enfant, Tomboy concentre toute la moelle du cinéma et fait passer le spectateur par toute une palette de sentiments, inattendus, intenses, bouleversants, fulgurants.
Le Blu-ray de Tomboy repose dans un boîtier classique de couleur bleue. La jaquette reprend le visuel de l’affiche du film. Le menu principal est quant à lui animé et musical.
Entretien avec Céline Sciamma (18’) : Illustré par des images des prises de vues (dans lesquelles nous voyons la réalisatrice diriger Zoé Héran et Malonn Lévana) et des essais des jeunes comédiennes, cet entretien passionnant éclaire sur l’écriture de Tomboy et le tournage. Comme le résume la réalisatrice, le film représente 3 semaines d’écriture, 3 semaines de casting et 20 jours de tournage avec une équipe de quatorze personnes. Céline Sciamma avoue avoir eu soif de liberté après son premier long métrage Naissance des pieuvres, tout en essayant de nouvelles choses à la mise en scène, en travaillant avant toute chose sur une énergie radicale. Notre interlocutrice se penche ensuite sur la mise en scène proprement dite avec l’analyse de ses plans-séquences tout en intervenant sur la légèreté du tournage, la direction des enfants sur le plateau, et la dynamique du récit à suspense. La cinéaste en vient au casting proprement dit avec la découverte de la jeune Zoé Héran (Laure / Michaël) le premier jour des essais. Enfin, Céline Sciamma analyse brièvement quelques partis-pris esthétiques notamment le traitement des couleurs. On aurait vraiment aimé un commentaire audio sur l’intégralité du film.
L’interactivité se clôt sur un lot de bandes-annonces.
Pyramide Vidéo profite de la sortie de Bande de filles en HD pour proposer Tomboy en Blu-ray. Sorti en DVD en septembre 2011, que vaut le chef-d’oeuvre de Céline Sciamma sur galette bleue ? Pas grand-chose malheureusement. Tout d’abord, le Blu-ray est au format 1080i (AVC). Ensuite, l’apport HD n’est guère probant, même si cette édition est techniquement réussie et que le master s’avère très beau. La copie respecte les volontés artistiques de la réalisatrice et de sa chef opératrice Crystel Fournier, directrice de la photographie de Naissance des pieuvres. Céline Sciamma privilégie les couleurs saturées (beaucoup de rouge et de bleu), les contrastes très tranchés, les teintes chatoyantes, une luminosité marquée et solaire, excellemment restituées.
Tomboy a été tourné grâce au Canon EOS 7D, un appareil photo à enregistrement vidéo en Full HD (1080p) d’où une image riche en détails permettant d’admirer les nombreux gros plans (jusqu’aux taches de rousseur de Zoé Héran) sous toutes leurs coutures. La précision est donc de mise et la définition laisse souvent pantois avec un piqué aiguisé et une clarté flagrante sur les séquences extérieures diurnes au relief probant. S’il fallait être pointilleux nous noterons quelques artefacts de compression sur les quelques plans rapprochés filmés de manière rapide mais ce serait vraiment chipoter. Mais nous avons quand même l’impression de visionner un DVD et non pas un Blu-ray.Point de Haute définition ! La jaquette n’est d’ailleurs pas mensongère et indique bien que nous avons affaire à une piste Dolby Digital 5.1 qui distille quelques ambiances naturelles sur les séquences en extérieur, mais qui demeure facultative car essentiellement axée sur les enceintes avant. Certes quelques scènes offrent aux latérales l’occasion de briller, à l’instar de la danse endiablée des deux jeunes filles où les basses se réveillent également, mais principalement l’action reste frontale et les dialogues percutants sur la centrale. Privilégiez la piste stéréo, plus en adéquation avec le caractère intimiste du film, qui révèle à la fois une richesse inattendue tout comme une limpidité exemplaire ainsi qu’une homogénéité parfaite entre dialogues, effets et la musique.
Pyramide vidéo joint également les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant.
Crédits images : © Pyramide Vidéo