Rolling Thunder (1977) : le test complet du Blu-ray

Édition Collector Blu-ray + DVD + Livre

Réalisé par John Flynn
Avec William Devane, Tommy Lee Jones et Linda Haynes

Édité par Wild Side Video

Voir la fiche technique

Avatar Par
Le 17/07/2015
Critique

Rolling Thunder, Légitime violence

Charles Rane, vétéran de la guerre du Vietnam, revient aux États-Unis couvert de médailles. Célébré par toute la ville, il devient pourtant la cible de voleurs, qui s’en prennent à sa femme et son fils, puis à lui. Grièvement blessé mais survivant, il entre alors en guerre contre eux.

Le réalisateur John Flynn a ses aficionados. Pour les cinéphiles, c’est surtout l’excellent metteur en scène d’Échec à l’organisation (The Outfit), adapté de Richard Stark aka Donald Westlake, ou bien Pacte avec un tueur en 1987 et même un des meilleurs films de Sylvester Stallone, Haute sécurité en 1989. Cependant, une de ses oeuvres se distingue dans sa filmographie : Rolling Thunder, Légitime violence dans nos contrées. Réalisé en 1977, ce film violent écrit par Paul Shrader, qui venait de signer Yakuza, Taxi Driver et Obsession, puis réécrit par Heywood Gould sur la demande des studios afin de rendre le script moins nihiliste (!), demeure un des témoignages les plus virulents sur la condition des soldats revenus du Vietnam.

À l’origine du titre Rolling Thunder, il y a une campagne de bombardements aériens intensifs de la guerre du Viet Nam - considérée comme un véritable échec stratégique - contre le Nord du pays, survenue entre mars 1965 et novembre 1968. Le film de John Flynn prend place à San Antonio, Texas, en 1973. Deux vétérans de la guerre du Vietnam, incarnés par William Devane et Tommy Lee Jones, sont de retour au pays et accueillis comme des héros, tandis que le Major se voit offrir une mallette contenant autant de pièces d’un dollars que de jours durant lesquels il a été emprisonné. Sept années, soit 2555 dollars en pièces d’argent, plus un dollar supplémentaire en guise de porte-bonheur.

Sept ans se sont écoulés. Cachés derrière leurs lunettes de soleil, ces deux hommes retrouvent leurs familles. William Devane est le Major Charles Rane, un homme qui a été emprisonné plusieurs années, torturé jour et nuit. Sur le tarmac il retrouve sa femme et son fils, qui n’était alors qu’un bébé au moment de sa mobilisation. En guise de cadeau de bienvenue, son fils lui offre un fusil. De son côté, le Caporal Johnny Vohden (Tommy Lee Jones) semble hésiter, mais retourne auprès des siens en disant au revoir à son ami. Comment revenir à la vie quand on ne ressent plus rien et qu’on est pour ainsi dire mort sur le front ?

Nous ne dévoilerons évidemment pas ce qui s’ensuit car nous détestons spoiler les films sur DVDfr.com, mais Légitime violence est une réaction en chaîne où la violence appelle la violence. Les personnages, pris dans une histoire de vengeance, n’ont plus rien à perdre puisqu’ils errent comme des morts-vivants et vivent comme s’ils étaient toujours incarcérés. Pour le Major Charles Rane, le retour au bercail est d’autant plus difficile car sa femme lui annonce avoir rencontré un autre homme durant sa captivité et qu’elle souhaite divorcer. Jusqu’au jour où un drame violent prend la vie de son fils et celle de son épouse. Suite à cette agression, Charles Rane devient infirme (attention à la scène culte du broyeur…), revêt son moignon d’un crochet affûté et décide de retourner au combat, en livrant une vendetta personnelle contre ceux qui ont décimé sa famille devant ses yeux.

Quelques années avant Rambo First Blood, Légitime violence de John Flynn aborde le trauma de ces machines de guerre revenues d’entre les morts, qui ont survécu mais qui n’ont plus aucune raison de vivre (« j’aimais cette chanson quand j’étais vivant » dit Charles) en dehors du champ de bataille. Sur le chemin, il est accompagné de Linda, une jeune femme (Linda Haynes, superbe) rencontrée lors des cérémonies organisées en son honneur. Sur la route pour le Mexique, Linda commence à comprendre les véritables raisons de ce voyage qui semble s’annoncer sans retour.

C’est une grande baffe, un direct à l’estomac. Tourné en 28 jours pour un budget minimal d’un million de dollars, Rolling Thunder, Légitime violence interpelle dès son introduction avec ces deux silhouettes en uniforme qui semblent devenues étrangères et fantomatiques sur la terre qui les a vue naître. William Devane et Tommy Lee Jones trouvent ici un des rôles les plus marquants de leurs carrières respectives, tandis que Linda Haynes, qui n’a tourné qu’une dizaine de films entre la fin des années 1960 et 1980, trouve quant à elle le rôle de sa vie. Loin d’être un personnage secondaire, Linda incarne le peu de lumière que parvient à entrevoir Charles. Mais cette lumière parviendra-t-elle à le faire revenir dans le monde des vivants ?

Devenu un film culte au fil des années, Quentin Tarantino a d’ailleurs nommé sa compagnie distributrice de films Rolling Thunder Pictures, le film de John Flynn est un film sur des hommes qui ont été entraînés pour répondre à la violence par la violence, et qui ne parviennent à s’incarner qu’à travers elle. À l’origine, le scénario de Paul Shrader était un véritable brûlot et manifeste nihiliste puisque son personnage principal était - selon lui - « un pauvre connard texan raciste qui s’en prenait à la communauté mexicaine de son bled ». Quelque peu « déroutés » par le sort réservé aux mexicains dans la première mouture, les responsables des studios demandent donc à Heywood Gould de « remanier » le script pour finalement être tourné trois ans plus tard. C’est une des raisons pour lesquelles Paul Shrader, qui devait alors passer derrière la caméra pour la première fois, laisse finalement la main à John Flynn.

Ce dernier s’empare brillamment de cette histoire et livre une oeuvre magnifique, où les séquences agressives et les scènes lumineuses avec Linda Haynes s’imbriquent merveilleusement jusqu’au final explosif et extrêmement sauvage, qui n’est pas sans rappeler le final de Guet-apens de Sam Peckinpah. Il y a chefs d’oeuvre et séries B, Rolling Thunder, Légitime violence est un chef d’oeuvre de la série B qui n’a pas fini de marquer la mémoire des cinéphiles.

Rolling Thunder, Légitime violence

Présentation - 5,0 / 5

Rolling Thunder, Légitime violence est présenté dans un exceptionnel et magnifique combo Blu-ray-DVD, reposant dans un Digipack. Il est glissé dans un coffret cartonné du plus bel effet au visuel chiadé, avec un livre passionnant de 128 pages intitulé Tempête sous un crâne : un film prématuré ?, écrit par Philippe Garnier, ancien journaliste à Libération et collaborateur à Cinéma, Cinémas, qui revient sur la production et le tournage du film, illustré de photos, d’affiches et de documents d’archives rares. Le menu principal du DVD et du Blu-ray est animé sur la chanson San Antone par Denny Brooks, qui ouvre le film.

Bonus - 4,5 / 5

Le DVD et le Blu-ray proposent la version intégrale du film (100’), tandis que la version «  courte  » (94’) est uniquement disponible sur l’édition HD.

Sur les deux galettes, le reste des bonus est identique.

Nous trouvons un entretien empreint de nostalgie avec la comédienne Linda Haynes (10’), qui n’aura tourné qu’une petite dizaine de films au cours de sa courte carrière, de la fin des années 1960 au début des années 1980. Rolling Thunder, mais aussi The Nickel Ride de Robert Mulligan, La Toile d’araignée et Brubaker, tous deux réalisés par Stuart Rosenberg. Linda Haynes évoque son parcours atypique, ses débuts dans le monde du cinéma, les conditions de tournage de Rolling Thunder, sa collaboration avec John Flynn et explique avoir refusé l’offre de Quentin Tarantino d’apparaître dans un épisode de la série Urgences qu’il réalisait. Devenue agent immobilier, elle avoue avoir envie de retrouver le chemin des plateaux de cinéma.

Ne manquez pas l’entretien avec le mythique producteur Lawrence Gordon (29’) à qui l’on doit Les Guerriers de la nuit, 48 heures et Comment claquer un million de dollars par jour de Walter Hill, Jusqu’au bout du rêve de Phil Alden Robinson, Predator et Piège de cristal de John McTiernan, et plus récemment Watchmen : Les Gardiens de Zack Snyder ainsi que les deux Hellboy de Guillermo del Toro. Recevant dans son bureau, décoré par les affiches de ses «  bébés  » et de photos de plateau, toujours énergique, drôle et prolixe à presque 80 ans, Lawrence Gordon est visiblement heureux de revenir sur la genèse de Légitime violence, sa rencontre avec Paul Shrader et la collaboration avec John Flynn, la réécriture du scénario par Heywood Gould, la production, le casting, le tournage, la projection-test (catastrophique), la sortie et la postérité du film.

L’interactivité se clôt sur la bande-annonce, un spot TV, des liens internet et les credits de cette édition.

Rolling Thunder, Légitime violence

Image - 4,5 / 5

Nous n’hésitons pas à mettre un beau 4,5/5 à l’image de Rolling Thunder étant donné la rareté du film de John Flynn, d’autant plus que nous n’en avions pour ainsi dire plus entendu parler depuis sa sortie en VHS dans les années 1980. C’est peu dire que cette édition HD ressuscite cette oeuvre culte et va contribuer à faire de nouveaux aficionados ! Wild Side livre un master HD (1080p, AVC) qui frôle la perfection. Les partis pris esthétiques du mythique directeur de la photographie Jordan Cronenweth (Blade Runner, Peggy Sue s’est mariée) trouvent en Blu-ray un nouvel écrin et se voient entièrement respectés. Point ou peu de réducteur de bruit à l’horizon, le grain est présent tout en étant discret, la photo parfois ouatée est savamment restituée, la colorimétrie retrouve un éclat inédit et le piqué est souvent probant. Le format original 1.85 est conservé, la profondeur de champ fort appréciable et seuls quelques plans flous, un générique fourmillant quelque peu, des noirs peu profonds, quelques décrochages sur les fondus enchaînés, des mouvements de caméra entraînant quelques pertes de la définition et des visages légèrement cireux empêchent d’attribuer la note maximale. Néanmoins, l’encodage AVC demeure solide, la propreté exceptionnelle et le niveau de détails impressionnant. Un lifting de premier ordre et un transfert d’une folle élégance.

Rolling Thunder, Légitime violence

Son - 4,0 / 5

En 1977, la version française de Légitime violence avait été distribuée dans un montage resserré. Les séquences qui n’avaient jamais été doublées passent automatiquement en version originale sous-titrée en français. Les versions anglaise et française bénéficient d’un mixage DTS-HD Master Audio Mono d’origine. Pour la première option acoustique, l’espace phonique se révèle probant, la musique jouit d’une belle ouverture, le confort est indéniable, et les dialogues sont plutôt clairs et nets. De son côté, la version française apparaît plus feutrée avec des voix qui prennent souvent le pas sur les ambiances et les effets annexes. Que vous ayez opté pour la langue de Shakespeare ou celle de Molière, aucun souffle ne vient parasiter votre projection et l’ensemble reste propre. Les sous-titres français ne sont pas imposés et le changement de langue non verrouillé.

Rolling Thunder, Légitime violence

Crédits images : © Wild Side

Configuration de test
  • Téléviseur 16/9 Sony LCD Bravia KDL-32W5710
  • Sony BDP-5350
  • Ampli Pioneer VSX-520
  • Kit enceintes/caisson Mosscade (configuration 5.1)
  • TEST EN RÉSOLUTION 1080p - Diagonale image 81 cm
Note du disque
Avis

Moyenne

5,0
5
1
4
0
3
0
2
0
1
0

Je donne mon avis !

Avatar
Franck Brissard
Le 18 juillet 2015
Il y a chefs d'oeuvre et séries B. Rolling Thunder est un chef d'oeuvre de la série B. William Devane, Linda Haynes et Tommy Lee Jones sont parfaits dans ce film de vengeance, génialement mis en scène par John Flynn (Pacte avec un tueur, Haute sécurité), un réalisateur à réhabiliter.

Lire les avis »

Multimédia

Proposer une bande-annonce

Du même auteur
(publicité)

(publicité)